Pour la première fois ensemble sur scène, Muriel Robin et Pierre Arditi brouillent les frontières entre fiction et réalité dans Lapin, une comédie signée Samuel Benchetrit. Diffusée mardi soir sur France 2, cette captation interroge autant qu’elle divise, entre audace théâtrale et critiques sur un texte jugé trop léger.
Quand le quatrième mur s’effondre, que reste-t-il ? C’est la question que pose Lapin, une pièce signée Samuel Benchetrit, qui réunit pour la première fois Muriel Robin et Pierre Arditi sur scène.
Mardi 10 décembre, à 21h, France 2 diffusera cette captation théâtrale, reflet d’un spectacle qui a fait parler autant pour son audace que pour ses zones d’ombre. Entre un jeu de miroirs délicat sur le métier d’acteur et les échos des malaises de Pierre Arditi sur scène, l’œuvre divise. Alors, qu’attendre de cette diffusion télévisée ?
Une comédie entre fiction et réalité
Dans Lapin, Muriel Robin et Pierre Arditi jouent leur propre rôle : deux amis comédiens partageant un dîner rituel, chaque lundi, leur jour de relâche. Mais la routine bascule lorsque Muriel découvre que la fenêtre de l’appartement n’ouvre pas sur Paris, mais sur… un public. Le quatrième mur vole en éclats, et commence alors une mise en abyme qui s’amuse des frontières entre vie privée et théâtre, réalité et fiction.
La pièce repose sur cette situation burlesque, entre dialogues à double fond et clins d’œil au monde des planches. Benchetrit s’amuse des personnalités de ses comédiens, évoquant avec malice le métier, la vocation, ou encore les états d’âme d’acteurs sous les feux de la rampe. Cependant, ce théâtre dans le théâtre, appuyé par un décor minimaliste et un rythme contemplatif, n’a pas convaincu toutes les critiques.
Une réception contrastée
Si le duo Robin-Arditi dégage une complicité indéniable, les avis sur la pièce restent partagés. Télérama lui reproche de s’enliser dans des artifices éculés : « La pièce est faible, raccrochée au vieux filon pirandellien. » Malgré cela, la critique reconnaît l’émotion suscitée par le retour d’Arditi, fragilisé par ses récents ennuis de santé.
Le Monde va plus loin, déplorant un texte sans finesse et une mise en scène trop pauvre pour sublimer le talent des deux comédiens. « Ce duo inédit méritait mieux », souligne le quotidien, regrettant que la pièce ne dépasse pas les anecdotes personnelles ou les références prévisibles.
Le Figaro, quant à lui, salue la performance des acteurs et l’intensité de la captation, qui saisit « le plaisir des retrouvailles entre les comédiens et leur public ». Une indulgence qui semble s’attacher davantage à l’hommage rendu à la scène qu’à la qualité intrinsèque de l’œuvre.
Une œuvre au-delà des planches
Lapin a été marqué par les malaises de Pierre Arditi, survenus lors des représentations au Théâtre Édouard VII. Ces incidents, bien que dramatiques, confèrent un poids particulier à certaines répliques, comme lorsque l’acteur déclare son incapacité à vivre sans théâtre.
Diffusée demain sur France 2, cette captation signée Emmanuel Carriau saisit un moment suspendu, entre fiction et réalité. Si Lapin divise par son écriture et sa mise en scène, il reste un vibrant hommage au théâtre, sublimé par deux comédiens au sommet de leur complicité.
