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Science-fiction : quand les mots ne suffisent plus

15 janvier 2018
Par Thomas
Science-fiction : quand les mots ne suffisent plus

Traductor, Traditor. La langue, les mots et de fait, la traduction de textes a toujours été une frontière, donnant matière à réflexion tant pour les auteurs que pour les lecteurs. Paradoxe complexe : une traduction comme réécriture pertinente ou une tentative fidèle et aseptisée de coller au texte d’origine ?

Traductor, Traditor*. La langue, les mots et de fait, la traduction de textes a toujours été une frontière, donnant matière à réflexion tant pour les auteurs que pour les lecteurs.  Paradoxe complexe : une traduction comme réécriture pertinente ou une tentative fidèle et aseptisée de coller au texte d’origine ? L’écriture repose essentiellement sur un travail de la langue, des mots, mais pour exprimer certains sentiments, les mots ne suffisent plus, il est nécessaire de trouver un nouveau langage.

Les exemples les plus populaires sont peut être le Klingon, créé par Marc Okrand pour la série Star Trek, l’elfique (J.R.R. Tolkien a imaginé une véritable grammaire pour son Seigneur des anneaux), ou encore le schtroumpf de Peyo. Ces créations ne répondent pas aux mêmes impératifs – le désir de crédibilité pour Tolkien vs le potentiel comique pour Peyo – mais tout deux sont des exemples d’un besoin atypique lié à la bonne marche de la fiction.

Il arrive que cette pratique soit au cœur de l’écriture, du sujet même du livre. Des textes où le langage – et ses possibilités – ne suffit plus, et pousse l’auteur à créer d’autres langages pour s’exprimer. La novlangue utilisée par les personnages du livre 1984 de George Orwell reste l’exemple le plus connu. Le langage est un élément clé de cet univers dont les contours changent tandis que les administrations suppriment et bouleversent des pans entiers du vocabulaire ; l’histoire et la littérature sont sans cesse réécrites ; les bulletins d’informations se contredisent toutes les semaines sans que personne ne relève…

S’approprier la langue est le premier pas vers une émancipation vis-à-vis de la pensée dominante.

 * Traduire, c’est trahir


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Anthony Burgess, lui aussi, invente un nouveau langage : nadsat pour exprimer l’argot violent et désocialisé des voyous du roman (en miroir subtil, avec la musique classique qui passionne le personnage principal).
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Dans la continuité des appareils littéraires de 1984, dans « Numéro 5, les étoiles », une machine sert à écrire les poèmes et il n’y a rien de plus ridicule ou d'absurde que de vouloir en écrire un soi-même.
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Greg Egan a souvent réfléchi sur le langage dans ses nouvelles, à l’image de « Mortelles Ritournelles » où les slogans publicitaires agissent comme des pensées obsessionnelles et durables qui finissent par modifier le comportement des gens.
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D.F. Wallace place le langage au cœur de ses récits, en témoigne Infinite Jest, son roman culte (publié en français aux éditions de L'Olivier). Dans Le Roi pâle, c’est un langage administratif, froid qui cadence les relations humaines.
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Une approche différente : Alan Moore adapte son langage à ses personnages. La première nouvelle du recueil s’ouvre avec un texte évoquant la pensée d’un homme préhistorique, handicapé.
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R. Hoban va plus loin créant un langage post-apocalyptique composé principalement d’un vocabulaire hérité du secteur tertiaire et des fonctionnaires. Un monde violent, primal où la langue - comme les personnages - doit s’adapter pour survivre.
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Article rédigé par
Thomas
Thomas
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