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« All’s Fair » : pourquoi la série avec Kim Kardashian fait un (méga) flop

05 novembre 2025
Par Arthur
"All’s Fair" : pourquoi la série avec Kim Kardashian fait un (méga) flop
©Disney

Sur le papier, l’association de Ryan Murphy, Kim Kardashian, Naomi Watts et Glenn Close devait être l’événement série de l’année. C’est raté. Avec un score de 0% sur Rotten Tomatoes, « All’s Fair » est déjà culte, mais pour toutes les mauvaises raisons. La critique parle même de « pire série jamais réalisée ». Mais comment expliquer un tel naufrage ?

Quand Ryan Murphy, le roi Midas de la télévision moderne (l’homme derrière Glee, Pose, l’anthologie American Horror Story ou encore Dahmer), s’associe à Kim Kardashian, on s’attendait logiquement à notre nouvelle obsession.

All’s Fair, une série judiciaire sur une firme d’avocates ultra-glamour spécialisées dans les divorces à Los Angeles, avait tout pour éblouir. Un casting cinq étoiles (Glenn Close, Naomi Watts, Niecy Nash, Sarah Paulson) et une promesse de camp (cet art du « mauvais goût » à la fois kitsch et sophistiqué) élevé au rang d’art.

Sauf qu’un détail est venu gripper la machine : la réalité.

La série, diffusée sur Hulu (et Disney+ chez nous), s’est instantanément distinguée en obtenant le score redoutable de 0% sur l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes. Un désastre si total qu’il en deviendrait presque fascinant. Mais alors, que s’est-il passé ? Pourquoi ce casting de prestige s’est-il retrouvé au cœur de ce que The Times n’hésite pas à qualifier de « pire série télé jamais réalisée » (rien que ça) ?

Le « problème » Kim Kardashian, ou l’éléphant dans la pièce

Soyons honnêtes, le point qui concentre toutes les attentions est l’éléphant dans la pièce : Kim Kardashian. Si elle avait surpris son monde avec un second rôle solide dans American Horror Story: Delicate, son premier grand rôle en tant qu’avocate (l’ironie) dans All’s Fair ne convainc personne.

« Kim K » est le centre narratif, et malheureusement, elle est aussi le vide au centre de l’ouragan. The Hollywood Reporter la juge « raide et sans affect, sans une seule note d’authenticité », tandis que le Guardian note qu’elle est « aussi inexpressive qu’on pouvait s’y attendre ». Placée à côté des iconiques Genne Close et Naomi Watts, ses « faiblesses sont d’autant plus évidentes ».

Un script « pire que ChatGPT »

i seulement le problème n’était que le casting. La critique est unanime : le scénario est une catastrophe. La série semble confondre le luxe porn (montrer des belles maisons, des belles voitures, des belles tenues) avec une intrigue. USA Today affirme que les scripts sont « pires que ce que ChatGPT crachait il y a deux ans ».

Oubliez la finesse d’un Suits ou la drôlerie décalée d’un Ally McBeal. Ici, les dialogues sont si pauvres que Consequence.net les compare aux « mauvais premiers brouillons d’un soap opera bon marché ». Le Guardian opte pour une analyse plus poétique, qualifiant la série de « à la fois fascinant, incompréhensible et existentiellement terrible ».

India Today illustre parfaitement le problème en résumant l’ambiance : c’est « moins Suits et plus Skincare Confidential« , notamment lors d’une scène surréaliste où les avocates se mettent à brancher des soins cosmétiques. Le placement produit a donc mangé le scénario.

Une vision du féminisme ultra-datée

Cette faiblesse d’écriture contamine aussi les thèmes. Ryan Murphy a souvent excellé dans la création de personnages féminins puissants et examiner le sexisme systémique. Dans Feud : Bette and Joan (2017), il explorait la rivalité entre Bette Davis et Joan Crawford, deux actrices légendaires confrontées au sexisme et à l’âgisme d’Hollywood. American Horror Story, surtout sa saison Coven, célébrait le pouvoir féminin et la sororité dans un univers dominé par les hommes. Avec son magnifique Pose (2018–2021), il mettait en lumière la force et la dignité de femmes trans noires et latinas, figures d’émancipation et de résilience.

 Mais All’s Fair semble avoir raté le mémo de 2025.

La série tente de vendre une forme d’émancipation féminine, mais se vautre dans la caricature. Variety dénonce une « prise de position maladroite et condescendante sur le féminisme ‘rah-rah girlboss' ». Ici, le pouvoir se résumerait au nombre de centimètres des escarpins et à la méchanceté de ses héroïnes.

Le Guardian surenchérit, affirmant que cette « conception de l’émancipation féminine aurait fait honte aux Spice Girls il y a 30 ans ». Plutôt qu’une fable féministe, The Times y voit un « monument de mauvais goût et révoltant à la cupidité, la vanité et l’avarice ».

Un gaspillage de talent monumental

Le plus triste dans ce naufrage reste peut-être de voir un casting aussi prestigieux s’échouer sur un script aussi indigent. Glenn Close et Naomi Watts, deux des plus grandes actrices de leur génération, semblent complètement perdues. Le Guardian conclut que personne ne semble savoir ce qu’il fait, et que « les performances semblent répondre à environ neuf idées différentes de ce qu’est la série ». C’est la cacophonie.

The Telegraph est sans pitié, estimant que la série « donne l’impression que des talents nommés aux Oscars comme Watts et Close s’estimeraient heureuses de décrocher un rôle récurrent dans le soap Emmerdale« . C’est dire le niveau.

Un plaisir coupable ?

La question finale se pose : cette catastrophe industrielle est-elle au moins divertissante ? Est-ce un « plaisir coupable », un hate-watch de qualité ? La réponse des critiques est, encore une fois, négative. The Times prévient : « C’est si mauvais que ce n’en est même pas agréable ».

En somme, si vous cherchez un drame juridique de qualité ou une saga de femmes puissantes, passez votre chemin. Et souhaitons à Ryan Murphy de prendre quelques vacances. Car à force de jouer aux stakhanovistes, le producteur semble avoir perdu son piquant. Après un troisième volet de l’anthologie Monster particulièrement décevant, 2025 ne restera définitivement pas dans les annales du « murphyverse ». 

Article rédigé par
Arthur
Arthur
rédacteur série TV sur Fnac.com