En 2019, la franco-britannique Emma Mackey s’imposait sur nos écrans en incarnant la brillante et marginale Maeve dans la série à succès Netflix « Sex Education ». Depuis, la jeune actrice a fait du chemin. Des biopics aux superproductions, retour sur le parcours d’une jeune star qui renverse les figures féminines du septième art.
Emma Mackey, c’est l’actrice au profil éclectique qui s’apprête peu à peu à conquérir le monde du cinéma. La talentueuse jeune femme appartient à cette nouvelle génération réinventant les rôles féminins, interprétant des personnages singuliers, complexes et résolument éloignés des stéréotypes qui leur sont souvent assignés. Portrait.
Les prémices de sa célébrité
Née d’un d’un père français et d’une mère britannique, Emma Mackey grandit en France, jusqu’à obtenir son baccalauréat en 2013 au lycée de Sablé-sur-Sarthe. Celle qui se destinait à des études littéraires, rejoint l’université de Leeds au Royaume-Uni pour y étudier les lettres classiques. À 19 ans, elle décide de tenter sa chance dans le domaine artistique, et plus précisément dramatique. Une trajectoire rendue possible par sa rencontre avec Laurence Mitchell, professeur de théâtre, qui encouragera la vocation de son élève. Et changera sa vie.
« Emma avait 20 ans quand elle est venue prendre ses premiers cours« , confie Laurence Mitchell à Madame Figaro. « J’ai immédiatement décelé en elle un immense potentiel : elle se fondait dans les personnages à une vitesse impressionnante. Un jour, je l’ai vue interpréter une femme d’au moins trente ans plus âgée qu’elle, Béatrice, dans la pièce Vu du pont, d’Arthur Miller. Elle m’a impressionné : c’était une vieille âme dans un corps de jeune. Je l’ai présentée à une agence, et six mois plus tard, elle était dans Sex Education. »
En 2019, elle apparaît pour la première fois sur nos écrans, en incarnant la jeune Maeve dans le show Netflix Sex Education de Laurie Nunn. Dans cette série désinhibante pour jeunes adultes, on découvrait le très progressiste lycée de Moordale et son officieux « cabinet de sexologie » animé par les jeunes Otis (Asa Butterfield) et Maeve. Avec sa pointe d’humour britannique et ses intrigues ultra-contemporaines, la série met en avant de façon inclusive et décomplexée, les diverses problématiques liées à la sexualité rencontrées par ces adolescents.
Le personnage incarné par Emma Mackey s’y révèle ambivalent et captivant, oscillant entre fragilité et force féroce. Au fil des saisons, l’actrice fait évoluer Maeve, révélant peu à peu la profondeur insoupçonnée de l’Anglaise rebelle, étoffant son côté marginal et indépendant, révélant sa vulnérabilité. Une façon singulière, pour l’actrice franco-britannique, de déployer l’étendue de son jeu.
Ce rôle de féministe faussement désinvolte à l’apparence punk et à la vie écorchée lui vaudra une reconnaissance critique et publique unanime qui marquera le début de sa carrière.
Du petit au grand écran : une ascension sans fausses notes
Après quatre saisons intenses de Sex Education, Emma Mackey s’est naturellement tournée vers le cinéma. En l’espace de quatre ans, la comédienne n’a cessé de nous surprendre dans un registre varié de personnages féminins singuliers.
Dès ses premiers films, Mackey a prouvé que sa double nationalité était un véritable atout, lui permettant de jongler habilement entre productions françaises et anglophones. La jeune actrice fait ainsi ses débuts sur grand écran en 2020, avec le biopic Eiffel de Martin Bourboulon dans lequel elle partage l’affiche avec le comédien français Romain Duris. Elle y campe le personnage d’Adrienne Bourgès – compagne du célèbre ingénieur – qu’elle réinscrit dans l’Histoire, en laissant entrevoir son talent dans un rôle dramatique.
En 2022, elle rejoint la superproduction hollywoodienne Mort sur le Nil de Kenneth Branagh – adaptation du roman éponyme d’Agatha Christie – cette fois-ci sous les traits de Jacqueline de Bellefort.
La même année, elle incarne l’autrice insoumise des Hauts de Hurlevent dans le biopic Emily. Son jeu saisissant, sublimé par la caméra de la cinéaste australienne Frances O’Connor, lui permet de faire revivre la figure de la célèbre Emily Brönte.
En 2023, elle apparaît aux côtés de Ncuti Gatwa et Connor Swindells, ses camarades de Sex Education, dans le très attendu Barbie de Greta Gerwig. Celle qu’on a souvent physiquement comparée à Margot Robbie prête ici ses traits à une Barbie Prix Nobel de Physique qui vise à inspirer les plus jeunes.
Avec sa filmographie éclectique, Emma Mackey met en lumière la complexité des personnages féminins, offrant une nouvelle représentation des femmes à l’écran. L’actrice de 29 ans refuse les rôles de muses ou encore de faire-valoir. Elle défie les stéréotypes habituels et incarne les femmes dans leur entièreté, avec leurs forces et leurs faiblesses, dans leurs luttes intimes et leur volonté d’exister.
Une veine féministe ?
Bien que la jeune femme ne se revendique pas égérie féministe, ses choix de carrière, eux, en dessinent pourtant les contours. En collaborant avec les cinéastes Greta Gerwig, Frances O’Connor, Rebecca Lenkiewick ou encore Julia Ducournau, Emma Mackey s’engage auprès d’une génération de réalisatrices qui déconstruisent les stéréotypes de genre et refaçonnent le féminin au cinéma.
Ses différents rôles, complexes et nuancés, sont porteurs d’une forme de résistance, teintés d’un militantisme discret. Dans Emily, elle dénonce l’étouffement social dont est victime l’autrice du 19e siècle. Pour Barbie, elle participe avec humour à la déconstruction des injonctions faites aux femmes. Enfin, avec Hot Milk de la réalisatrice Rebecca Lenkiewicz (en salle ce 28 mai 2025), elle explore une double émancipation, à la fois familiale, en se libérant de l’entrave toxique de sa mère, et identitaire, en affirmant le côté queer de son personnage.
Ainsi, la force d’Emma Mackey réside certainement en sa capacité à incarner des figures féminines inspirantes qui, comme elle le confie à Madame Figaro, « ne s’excusent pas d’exister », peu importe leur époque.
Ses projets ambitieux
En 2025, Emma Mackey s’annonce déjà incontournable avec deux long-métrages très attendus. Alpha, de Julia Ducournau (Titane, Grave) présenté lors de la 78e édition du Festival de Cannes, ainsi que Hot Milk en compétition officielle à la 75e Berlinale. Dans ce drame intimiste adapté du roman éponyme de Deborah Levy, Mackey incarne Sofia, un personnage féminin fort, pris en étau entre sa mère malade, sa quête de liberté et sa romance naissante avec Ingrid (Vicky Krieps).
Et ce n’est pas tout ! Courant 2026, on la retrouvera dans Les Chroniques de Narnia, sa seconde collaboration avec la cinéaste Greta Gerwig, où elle incarnera la mythique Sorcière blanche. Selon certaines sources, l’actrice franco-britannique serait également pressentie pour le prochain projet de J.J Abrams. Elle pourrait ainsi donner la réplique à Jenna Ortega et Glenn Powell dans un blockbuster SF qui parachèverait sa filmographie.
Du drame historique aux superproductions, l’actrice n’a pas fini de s’imposer, parfois de façon inattendue, dans le paysage du cinéma contemporain.
