Critique

La mauvaise herbe d’Agustin Martinez : au cœur de la chaleur andalouse

09 juin 2020
Par Anastasia
La mauvaise herbe d'Agustin Martinez : au cœur de la chaleur andalouse

La Mauvaise Herbe d’Agustin Martinez raconte le désenchantement d’une famille, ses peurs et ses drames. Il raconte aussi ce à quoi fait face un père lorsqu’on lui révèle que sa fille a tenté de l’assassiner et a tué sa mère. Un roman noir, prenant et poignant jusqu’à la moelle.

La-Mauvaise-herbeUn thriller claustrophobique

La mauvaise herbe d’Agustin Martinez, c’est l’histoire d’une famille meurtrie, en rupture avec les liens qui les unissaient jadis. Si Jacobo perd son travail et se voit dans l’obligation de déménager de Madrid pour un petit village près d’Almeria, il pense toutefois que cela n’est que temporaire. Première erreur qui entraînera, dans sa suite, de funestes conséquences…

Miriam, sa fille, se détache de lui de jour en jour et Irène, sa femme, fait de ses silences, leur nouveau mode de communication.

Aussi écrasante que la chaleure d’Andalousie, l’atmosphère qui règne dans la vieille ferme délabrée est suffocante… Jusqu’à atteindre son paroxysme lors d’une attaque à domicile qui tuera Irène et enverra Jacobo à l’hôpital.

À sa sortie du coma, les souvenirs affluent sous des émotions mêlées. Et au travers de cet état vaseux, ces mots : sa fille aurait commandité le meurtre.

Une famille en perte de repères

L’adolescence est une période fragile et dans chacunes des lignes consacrées à Miriam, nous ressentons sa douleur et son incompréhension : sa famille perd son confort de vie mais décide de faire comme si rien n’avait changé, comme si tout cela n’était qu’une passade. Alors Miriam se retrouve seule avec ses sombres pensées, tandis qu’au dehors des murs de sa chambre, sa famille se disloque.

Dans la fleur de l’âge, au lieu d’éclore, elle se referme sous l’ignorance de sa mère et l’alcoolisme de son père. À qui parler ? À qui se confier ? C’est ainsi que, progressivement, Miriam nourrit un dessein bien sombre…

Mais n’est-ce pas des paroles en l’air comme celles que l’on peut dire, parfois, sur le ton de l’énervement et du désespoir ? Quelle limite y-a-t-il entre les mots et l’action ?

À travers ce thriller se cache aussi une réflexion sur l’amour et son usure. Sur la difficulté de l’autre à s’en aller et accepter la fin. À partir de quand tout bascule ?

Irène s’accrochera jusqu’au bout à l’idée que son mari redevienne celui qu’il était avant Almeria :

« Ce n’est pas l’argent le problème, c’est toi. » 

Mais le penser et le vouloir n’auront pas été suffisants, et cela creusera pelletée par pelleté, sa propre tombe.

Des nœuds toxiques

Les relations toxiques sont au cœur du thriller. Entre non-dits, désillusions, perte de sens et folie, la famille de Jacobo et tout leur entourage se révèleront sous leur vrai jour, loin du maquillage et des sourires usuels.

Agustin Martinez gagne avec ce roman noir, le pari de réussir. Impossible d’arrêter de lire sans vouloir à tout prix savoir la suite. Impossible de ne pas ressasser les hypothèses multiples et sombres de ce funeste jeudi soir.

Si vous voulez être pris sans concession dans un roman noir à souhait : optez pour celui-ci.

Parution le 11 mars 2020 – 400 pages

La mauvaise herbe, Agustin Martinez (Actes Sud) sur Fnac.com

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Anastasia
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