Critique

Tuer le fils de Benoît Severac : Sale père, pauvre fils !

07 avril 2020
Par Lucas
Tuer le fils de Benoît Severac : Sale père, pauvre fils !

De retour au rayon polar avec Tuer le fils, Benoît Séverac propose une histoire de filiation criminelle où se pose avec force la question de la masculinité. Un polar pas comme les autres qui parvient à trouver la lumière dans les ténèbres.

Tuer-le-filsUn auteur inter-générationnel

Quel que soit l’âge des lecteurs auxquels il s’adresse, Benoît Séverac évolue depuis toujours à la lisière du polar et du roman noir pour se confronter avec sincérité et générosité à des sujets qui parlent à tout le monde. À titre d’exemple, son précédent roman jeunesse, Une caravane en hiver, exposait une troublante histoire d’amitié entre un petit français et un jeune réfugié syrien sur fond de drame de la solidarité. Pour Tuer le fils, son nouvel opus de littérature adulte, il revient sur le thème de la filiation qu’il avait par ailleurs déjà abordée pour les adolescents dans Le jour où mon père a disparu.

Tuer pour être un homme

Sur la base d’une relation filiale toxique placée sous le signe de la violence et de la soumission aux valeurs virilistes, Tuer le fils débute par un acte terrible, radical et irréversible. Celui d’un fils qui donne gratuitement la mort pour prouver à son père qu’il est bien un homme. Alors qu’il retrouve la liberté après quinze ans de réclusion, c’est au tour de son odieux paternel d’être assassiné. Comme une évidence dans une histoire qui ne le sera pas du tout, Matthieu devient le coupable idéal…

Du chaos à la lumière

Polar en trompe-l’œil aussi addictif que profond, Tuer le fils tente par la fiction d’apporter quelques éléments de réflexion sur ce que signifie être un homme aujourd’hui. Qu’il soit protagoniste ou secondaire, chacun des nombreux personnages ciselés avec justesse et finesse porte en lui une part de réponse qui s’imbrique dans l’intrigue policière comme au propos. En nous faisant entrer dans l’intimité de chaque histoire, Benoît Séverac parvient ainsi à densifier son récit sans jamais en perdre le fil.

Pour revenir sur le parcours familial chaotique de son héros, notamment sa relation tordue avec ce père atroce, il préfère nous dévoiler ses carnets intimes écrits en prison sous l’impulsion d’un étrange mentor plutôt que de céder au classicisme narratif de flashbacks convenus.

À la fois roman noir, thriller psychologique et polar social, Tuer le fils est parcouru de bout en bout par une poignante mélancolie d’où s’échappent de vives lueurs d’espoirs et d’humanité.

Parution le 6 février 2020

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Lucas
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