Ils utilisent davantage Internet pour diverses applications, mais ils restent toujours méfiants.
L’augmentation des usages numériques chez les Français aurait tendance à faire croire qu’ils font confiance à Internet, mais ce n’est pas le cas. L’association de l’économie du numérique (ACSEL) a publié, ce 15 février, son baromètre annuel « La confiance des Français dans le numérique » *. Cette 9ème édition montre que leurs usages sur le Web restent élevés : ils sont très présents sur les réseaux sociaux (87%) et utilisent des services d’e-administration (93%), d’e-commerce (91%) ou encore d’autres faisant appel à l’intelligence artificielle (70%).
De l’autre côté, les internautes sont loin d’avoir confiance dans leurs usages en ligne. Seulement 43% d’entre eux affirment faire confiance à Internet, « un paradoxe qui s’explique assez facilement par la digitalisation de l’ensemble des secteurs depuis une dizaine d’années, accélérée ces derniers mois par la pandémie », selon l’ACSEL. En outre, le niveau de confiance varie en fonction des services numériques utilisés. Alors que 35% des Français accordent leur confiance aux réseaux sociaux, ce chiffre passe à 70% pour l’e-administration.
Les craintes des Français face aux escroqueries en ligne
Si les Français restent méfiants vis-à-vis d’Internet, ce n’est pas pour rien. Ils craignent non seulement l’utilisation qui peut être faite de leurs données personnelles, mais aussi les risques d’escroqueries. 64% d’entre eux considèrent que les escroqueries en ligne sont de plus en plus fréquentes. Pire encore, près de 4 internautes sur 10 ont été victimes de telles arnaques, principalement d’hameçonnage. Cette forme d’escroquerie permet à un acteur malveillant de récupérer les données personnelles d’un internaute en se faisant passer pour une personne ou un organisme que la victime connaît. Les tentatives d’usurpation d’identité ont aussi doublé en l’espace de deux ans, passant de 10% en 2019 à 20% en 2021.
Plus de la moitié des Français estiment tout de même qu’ils sont bien informés et protégés contre les arnaques. Néanmoins, cela dépend de la forme d’escroquerie en question : 52% se sentent plus sereins face aux tentatives d’hameçonnage et 4 sur 10 pour la vente de contrefaçons sur Internet. Les internautes considèrent, en outre, que d’autres moyens existent pour lutter de manière efficace contre les tentatives d’escroqueries en ligne. L’authentification forte, une procédure consistant à vérifier l’identité avec au moins deux facteurs d’identification, est l’un d’entre eux. Il est jugé comme le moyen le plus efficace face aux arnaques sur Internet (68%). Les Français voient également l’information aux consommateurs (campagnes de prévention, recherche sur les sites…) ou encore le développement de l’authentification par reconnaissance faciale ou empreinte digitale comme de bonnes solutions.
De nouveaux usages numériques avec des disparités
Dans un contexte où les cryptomonnaies et le metaverse séduisent dans le monde, ce n’est pas le cas en France. Seulement 29% des personnes interrogées envisagent d’investir dans une monnaie virtuelle ou d’en acheter et 27% songent à réaliser des paiements avec. Une projection d’utilisation qui varie selon l’âge : en effet, 55% des 25-34 ans entrevoient de se servir des monnaies numériques pour effectuer des paiements. De plus, les Français ne sont que 36% à faire confiance aux cryptomonnaies comme moyen de paiement. Concernant le metaverse, ce sont, encore une fois, les jeunes qui sont davantage attirés par cette idée de monde virtuel que le reste de la population, avec 64% des 15-24 ans contre 22% des 50-64 ans. Dans l’ensemble, les Français envisagent de faire des achats (46%), suivre des cours (45%) ou encore participer à des réunions publiques (43%) dans cet univers virtuel.
L’e-santé est une autre pratique relativement nouvelle, mais la population française dispose de plus d’expérience dans ce domaine par rapport aux cryptomonnaies et au metaverse. 9 internautes sur 10 ont en effet déclaré avoir eu au moins « une pratique d’e-santé ». Parmi les usages, on retrouve la prise de rendez-vous médical en ligne (75%), la consultation des comptes d’assurance maladie (72%), ainsi que la consultation de sites Internet dédiés à la santé et au bien-être (60%). L’e-santé est par ailleurs considérée par la plupart des répondants comme un moyen de lutter contre les déserts médicaux. Par rapport à la protection de leurs données, le niveau de confiance des Français diffère selon les acteurs : alors que 83% font confiance aux professionnels de santé et à l’Assurance maladie, seulement 38% se fient aux GAFAM.
Enfin, face aux différents usages numériques, les internautes seraient majoritairement rassurés par la mise en place d’un cyberscore de confiance numérique chargé de noter le niveau de confiance des sites consultés. À noter que l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi fin novembre dans le but de créer un cyberscore pour évaluer la sécurité des données numériques. L’identité numérique certifiée est aussi jugée utile par les Français (69%) pour améliorer la sécurité des transactions et des échanges en ligne. Elle est considérée comme particulièrement nécessaire pour les sites administratifs, bancaires et de téléconsultation médicale. En revanche, 31% des Français la voient comme un dispositif dangereux pour les libertés publiques, estimant qu’il faut pouvoir rester anonyme sur Internet.
*Baromètre réalisé du 3 au 21 décembre 2021 sur 1 200 personnes.