Depuis sa sortie en salles le 1er octobre, le docu-fiction Sacré cœur connait un succès étonnant en raison des polémiques l’entourant.
À chaque polémique son succès associé. Depuis sa sortie, le film Sacré cœur, réalisé par Sabrina Gunnell et Steven J. Gunnell, enchaîne les débats et les polémiques, boostant sa fréquentation en salle. Tout commence par une interdiction d’affichage dans les transports en communs au nom du principe de neutralité des services publiques.
Sacré cœur, ouvertement confessionnel, traite, en effet, de la place de Jésus dans la religion chrétienne et son apparition supposée aux fidèles depuis 350 ans. Le film met également en avant l’histoire de Sainte Marguerite-Marie, qui aurait eu plusieurs visions de Jésus au XVIIe siècle.
Après sa sortie nationale le 1er octobre, Sacré cœur devait avoir droit à plusieurs projections au cinéma municipal du château de la Buzine à Marseille, géré par la ville. Le maire, Benoît Payan, a néanmoins annulé la diffusion du film une heure avant le début de la séance, évoquant le principe de laïcité. Les réalisateurs n’ont pas caché leur mécontentement, critiquant la décision de la mairie de Marseille et parlant d’une censure honteuse. Face à cette interdiction, le film a connu une large médiatisation, favorisant son récent succès en salles.
Objet de curiosité pour certains, soutien volontaire pour d’autres, Sacré cœur a enregistré une hausse de ses entrées de jour en jour. Après 47 374 spectateurs la première semaine, le long-métrage a réuni 73 198 personnes lors de sa troisième semaine, portant le cumul total à plus de 200 000 spectateurs. Un succès indéniable pour un film sorti sans promotion.
La justice se prononce
Suite à l’interdiction de projeter le film au château de la Buzine, les réalisateurs du film — soutenus par plusieurs politiciens opposés à Benoît Payan — ont saisi le tribunal administratif, qui leur a donné raison.
Dans sa décision, le juge des référés estime ainsi que « la seule diffusion d’une œuvre cinématographique susceptible de présenter un caractère religieux dans un cinéma municipal exploité en régie ne porte pas, par elle-même, atteinte au principe de laïcité dès lors que cette diffusion n’exprime pas la reconnaissance par la commune d’un culte, ne marque pas une préférence religieuse à l’égard de ce culte par cette commune et n’a pas pour effet d’accorder une subvention directe ou indirecte à une telle œuvre ». Le juge précise également que « le maire de Marseille a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression, à la liberté de création et à la liberté de diffusion artistiques ».
Suite à la décision de justice, Sacré cœur est donc de nouveau programmé au château de la Buzine pour plusieurs jours. Si la polémique est en train de faire du long-métrage un succès relatif en salle, il ne s’agit pas du premier film jugé confessionnel qui a droit à son débat lors de sa sortie.
En 2011, Je m’appelle Bernadette ou encore le film Dieu n’est pas mort (2014) avaient aussi été déprogrammés de certaines salles municipales pour le principe, une nouvelle fois, de la laïcité. La passion du Christ de Mel Gibson, en 2004, avait aussi déclenché quelques polémiques, mais l’argument avancé concernait surtout la violence entourant le sujet de la foi et de Jésus.