Décryptage

Terminator 2D: No Fate marquera-t-il la fin d’une longue lignée d’adaptations maudites ?

31 octobre 2025
Par Valérie Précigout (Romendil)
“Terminator 2D: No Fate”, le 26 novembre 2025 sur PC et consoles.
“Terminator 2D: No Fate”, le 26 novembre 2025 sur PC et consoles. ©Bitmap Bureau/Reef Entertainment

Est-il trop tard pour offrir à un monument du cinéma sorti en 1991 l’adaptation en jeu vidéo qu’il mérite ? Ce n’est pas ce que pensent tous ceux qui attendent avec impatience le lancement de Terminator 2D: No Fate le 26 novembre prochain.

Non content d’adapter avec fidélité les scènes cultes du film Terminator 2 : le jugement dernier, le titre néo-rétro Terminator 2D: No Fate s’annonce réellement ambitieux. Ce jeu développé par Bitmap Bureau ne misera pas seulement sur la nostalgie, mais imaginera aussi des pans entiers du futur apocalyptique situé en 2029 sous la domination des machines. On y contrôlera un John Connor adulte dans des séquences d’action retraçant le combat mené par la résistance humaine.

La sortie de Terminator 2D: No Fate a été décalée au 26 novembre.

Terminator 2D: No Fate, la fin d’une malédiction ?

Réalisé en pixel art, Terminator 2D: No Fate couvrira l’ensemble du spectre narratif qui sert de base au long-métrage. On y incarnera aussi une Sarah Connor en détention, au moment précis de son évasion. Mais également l’ancien modèle du Terminator envoyé par John Connor dans le passé pour le protéger face à l’inarrêtable T-1000. Comme les autres personnages jouables, on reconnaît sans difficulté la silhouette d’Arnold Schwarzenegger derrière le sprite pixelisé du T-800.

Making of du jeu Terminator 2D: No Fate par Bitmap Bureau.

Le jeu enchaînera les séquences de « run & gun » en défilement horizontal, à pied ou à moto, dans le pur style des titres stars des années 1990 (à la manière d’un Contra/Probotector). L’hommage s’annonce fascinant, ne serait-ce que pour le respect des animations qui reproduisent avec un grand souci du détail celles du film.

©Bitmap Bureau/Reef Entertainment

Terminator 2D: No Fate apparaît un peu comme le Messie auquel on aurait rêvé de pouvoir jouer à l’époque de la sortie du blockbuster de James Cameron. Mais qui se souvient vraiment de l’histoire des adaptations de la franchise Terminator en jeu vidéo ?

©Bitmap Bureau/Reef Entertainment

Quand le jeu vidéo s’empare de la franchise Terminator

Tout comme la saga Alien, l’évolution des adaptations vidéoludiques de la licence Terminator mérite vraiment que l’on s’y attarde. Non pas pour y dénicher des pépites ayant marqué l’histoire du jeu vidéo, mais plutôt pour remettre en lumière plusieurs softs méconnus, voire totalement oubliés.

Voici comment les jeux Terminator ont évolué entre 1991 et 2022.

Les premières adaptations de la franchise méritent une bonne dose d’imagination pour parvenir à se projeter au-delà des limitations techniques de l’époque. Dès 1991, l’équipe de Bethesda Softworks osait produire un jeu d’aventure en vue subjective basé sur le premier long-métrage.

The Terminator : une adaptation DOS pour le moins courageuse.

Intitulé The Terminator, ce soft fonctionnait sous DOS et permettait aussi bien d’incarner le protecteur de Sarah Connor que son assassin, le Terminator. Probablement un peu trop ambitieux pour l’époque, mais résolument immersif.

La version Mega Drive de Terminator 2: Judgment Day incluait aussi des poursuites en vue de dessus.

Le cas de Terminator 2: Judgment Day nous intéresse un peu plus ici, car il s’appuie sur le même matériau de base que le nouveau soft de Bitmap Bureau, à savoir le deuxième film. Entre 1991 et 1993, ce titre sera adapté sur de très nombreux supports, dont les consoles Sega et Nintendo. Mais toutes ne sont pas développées par les mêmes studios, ce qui donne des résultats complètement différents d’une machine à l’autre.

La borne du jeu de tir Terminator 2 lancé fin 1991 en salle d’arcade.©Midway

Entre-temps, la licence s’offre une première incursion en arcade avec un jeu de tir au pistolet optique installé sur une borne équipée de deux mitrailleuses factices. Ses graphismes numérisés donnent un rendu photoréaliste et le fait de pouvoir y jouer en coopération est à saluer, même si les différents portages (rebaptisés T2: The Arcade Game) se révéleront nettement moins immersifs qu’en arcade.

Du First Person Shooter aux échecs

Arrêtons-nous quelques instants sur le cas de The Terminator 2029. Il tourne sous DOS en 1992, mais s’intéresse déjà au futur en ruine dans lequel les machines ont plongé le monde, selon le contexte décrit dans le deuxième film. Sa particularité est qu’il reprend la vue subjective des jeux de tir typiques de l’arcade dans une logique d’effet 3D simulé, mais qu’il met en avant un gameplay beaucoup plus posé, car davantage tourné vers l’exploration et la stratégie.

C’est à nouveau Bethesda Softworks qui est aux commandes des adaptations PC sorties jusqu’en 1996, parmi lesquelles on trouve plusieurs Doom-like qui marqueront assez peu les esprits : The Terminator: Rampage, puis The Terminator: Future Shock et sa suite intitulée SkyNET.

Place aux échecs, avec l’étonnant Terminator 2: Judgment Day – Chess Wars.©IntraCorp/Capstone Software

Nettement plus inattendue, la simulation d’échecs Terminator 2: Judgment Day – Chess Wars est sans doute l’adaptation la plus saugrenue de la licence. Elle oppose, avec le plus grand sérieux, l’humanité aux machines à l’aide de pièces digitalisées. Plusieurs jeux d’action verront aussi Robocop faire face au Terminator dans des cross-overs totalement ancrés dans le style de l’époque.

La malédiction des jeux à licence

À partir des années 2000, la franchise fera preuve de nettement moins d’audace en s’inscrivant dans une spirale d’adaptations très convenues. Terminator : un autre futur (Dawn of Fate en VO) imagine ce qu’aurait pu être l’histoire de Kyle Reese avant qu’il ne retourne dans le passé du premier long-métrage. Un pitch qui permet d’introduire de nombreux modèles de machines inédits, mais qui ne sauve pas pour autant le titre du naufrage tant le résultat est décevant.

Alors que Terminator 3 : le soulèvement des machines essuie un accueil plus que mitigé au cinéma en 2003, Atari a déjà commandé plusieurs adaptations vidéoludiques qui se révéleront désastreuses. Terminator 3: Rise of the Machines, War of the Machines et The Redemption comptent parmi les jeux les moins bien notés de la franchise durant l’ère 128 bits (PS2, GameCube, Xbox).

Au cinéma comme sur PC et consoles, Terminator 3 amorce le long déclin de la franchise.©Columbia TriStar Films

Désormais maudit au cinéma, Terminator ne fait plus rêver les joueurs. Et le lancement simultané en 2009 du film et du jeu Terminator Renaissance (Terminator Salvation en VO) sur PC, PS3 et Xbox 360 ne fait que confirmer le déclin inexorable de la licence. Les jeux n’existent déjà plus que dans une logique marketing affligeante.

En 2019, le FPS (First Person Shooter) Terminator: Resistance relève un tout petit peu le niveau sur PC, PS4 et Xbox One en déployant un scénario inédit qui offre un peu plus de variété aux missions.

Mais, alors que le jeu de stratégie Terminator: Dark Fate – Defiance sort dans l’indifférence générale en 2024, il faudra encore patienter au moins jusqu’à 2026 pour découvrir le jeu de survie en monde ouvert Terminator Survivors dont la sortie n’a cessé d’être repoussée depuis deux ans.

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