Critique

Superman : DC renoue avec l’espoir

08 juillet 2025
Par Robin Negre
“Superman” de James Gunn, le 9 juillet 2025 au cinéma.
“Superman” de James Gunn, le 9 juillet 2025 au cinéma. ©DC Studios/Warner Bros.

Le nouveau film consacré à l’homme d’acier lance avec brio le tout nouvel univers partagé créé par James Gunn.

Les adaptations de DC Comics sont-elles (enfin) à la hauteur de leurs ambitions ? Alors que le précédent univers lancé par Zack Snyder n’a pas rencontré le succès escompté (au point de tomber dans l’oubli), cette nouvelle version de Superman réalisée par James Gunn est un vibrant voyage coloré et lumineux, qui revient à l’essence même du personnage : offrir de l’espoir. Le Superman de 2025 a ainsi une double mission : prouver que l’homme d’acier est intéressant, mais aussi poser les bases d’un nouvel univers qui se poursuivra à travers des films, des séries ou encore des jeux vidéo.

La bande-annonce de Superman.

À l’image de Marvel Studios, DC tente de créer son propre univers partagé sur grand écran – de Man of Steel à The Flash – sans parvenir à convaincre, la faute à un monde construit trop vite et à des films inégaux. Cependant, le DCU version James Gunn promet de ne pas commettre les mêmes erreurs, chaque film étant en mesure d’être apprécié sans avoir le plan d’ensemble en tête. Superman reste ainsi un objet à part : il pose les bases et introduit le personnage le plus puissant et le plus important de ce tout nouveau DC Universe.

Ne pas faire une origin-story

Sur Terre, les méta-humains et les monstres sont présents depuis plusieurs siècles. Depuis trois ans, un nouvel être s’est néanmoins révélé au monde entier et commence à changer considérablement la donne. Superman, un extraterrestre venu de la planète Krypton, est le plus puissant des méta-humains et doit faire face aux menaces physiques, psychologiques et politiques d’un monde en plein bouleversement.

David Corenswet dans Superman.©DC Studios/Warner Bros.

En évitant l’origin-story classique vue et revue, James Gunn entre directement dans le vif du sujet. Il montre une Terre peuplée de monstres, de dieux et d’êtres exceptionnels, et interroge la présence de Superman face à cette humanité.

Une ode à l’espoir et au soleil 

Après la version plus pessimiste de Zack Snyder, le Superman de James Gunn revient à l’essence même du super-héros, qui représente le soleil et l’espoir absolu face à la corruption et à l’imperfection de l’humanité. David Corenswet incarne ainsi un Clark Kent/Kal-El/Superman tout en charisme, guidé par sa seule bienveillance.

Rachel Brosnahan et David Corenswet dans Superman.©DC Studios/Warner Bros.

Si le héros est tout-puissant, il n’en est pas pour autant invincible, et James Gunn montre les échecs, les blessures et les erreurs de son homme d’acier. Le film n’est pas une origin-story, mais demeure un récit initiatique. Les actions de Superman entraînent des réactions chez les autres, qu’ils soient humains ou non. L’antagoniste du film, Lex Luthor, est brillamment incarné par un Nicholas Hoult déchaîné, qui a pour seul but de détruire le héros, symbole d’une perfection que l’humanité ne pourra jamais atteindre.

Troisième personnage essentiel de ce long-métrage : la journaliste Lois Lane, incarnée par Rachel Brosnahan. Si l’on peut regretter une présence moins marquée de la reporter du Daily Planet dans le film, l’actrice s’impose dans ce rôle de femme forte et possède sans aucun doute les meilleurs échanges de l’œuvre.

Nicholas Hoult dans Superman.©DC Studios/Warner Bros.

James Gunn l’a souvent rappelé, l’alchimie entre son Clark Kent et sa Lois Lane devait fonctionner instantanément. Et le pari est réussi. Le réalisateur a trouvé un bon duo d’acteurs qui parvient à nous faire croire à cette relation dès sa première apparition à l’écran.

Un film riche et dense 

Après la trilogie des Gardiens de la galaxie et The Suicide Squad, James Gunn reste dans le monde des super-héros, mais n’a pas sous la main une équipe de marginaux qui doivent apprendre à coexister. Pour Superman, il adopte ainsi une réalisation dense et pulp, qui rend hommage à certains comics classiques de Superman, dont le All-Star Superman de Grant Morrison, souvent cité par le cinéaste comme l’une de ses principales influences en matière d’ambiance et de ton. La direction artistique du film, très colorée et surprenante, s’inspire quant à elle de l’univers des séries B qui a nourri James Gunn lors de ses débuts.

David Corenswet dans Superman.©DC Studios/Warner Bros.

Sans jamais franchir la ligne qui le sépare du ridicule ou du kitch, le réalisateur maintient son style du début à la fin et insuffle à ce Superman une ambiance rarement vue dans les autres adaptations de comics. Lors des nombreuses scènes d’action, qui sont très généreuses, James Gunn laisse à sa caméra une certaine liberté et imprévisibilité.

La fin du cynisme ?

La bonté n’est pas une tare. Après des années de longs-métrages ou de séries cherchant à déconstruire le mythe des super-héros en misant sur le second degré et la violence, James Gunn revient aux sources du mythe super-héroïque. Dépourvu de cynisme, son Superman en reste tout aussi complexe et intéressant à suivre.

David Corenswet dans Superman.©DC Studios/Warner Bros.

James Gunn n’hésite pas à aborder les sujets politiques propres à Superman et remplit ses deux objectifs : il prouve que le tout premier des super-héros modernes est l’un des protagonistes DC des plus passionnants et il pose les bases d’un univers qui ne demande qu’à s’étendre.

En opposant frontalement son Superman à l’humanité, James Gunn offre un film touchant et sensible, capable d’émouvoir plus que de raison. Une toute-puissance sans corruption et sans malveillance ? Le monde – et le public – ne peut pas le croire. Mais, passé la stupeur, l’espoir renaît en grand : tout va bien, Superman est là.

Superman, de James Gunn, avec David Corenswet, Rachel Brosnahan et Nicholas Hoult, 2h10, le 9 juillet 2025 au cinéma.

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