Critique

The Summer Hikaru Died, le nouvel ovni manga se pose sur la planète Netflix

05 juillet 2025
Par Vincent Bresson
“The Summer Hikaru Died”, le 5 juillet 2025 sur Netflix.
“The Summer Hikaru Died”, le 5 juillet 2025 sur Netflix. ©Netflix

Ce 5 juillet, la plateforme diffuse un anime aussi envoûtant qu’étrange. Derrière cette histoire de deuil se cachent une créature surnaturelle et un récit trouble d’attachement. Des thématiques très loin des shônen classiques.

Une fois encore, Netflix a frappé fort. L’une des nouvelles pépites du manga, The Summer Hikaru Died, est disponible en exclusivité sur la plateforme américaine depuis le 5 juillet. Après Dandadan ou encore Sakamoto Days, le géant du streaming continue de montrer un appétit insatiable pour l’animation en mettant la main sur une partie des sagas les plus populaires de la bande dessinée japonaise.

Populaire, The Summer Hikaru Died l’est à juste titre, même si la série n’est pas encore un best-seller. Mais elle pourrait le devenir. Cette œuvre écrite et dessinée par Mokumokuren n’en est qu’à son cinquième tome, mais son ambiance dérangeante séduit depuis sa sortie en 2021. Au point d’avoir remporté deux ans plus tard la première place du classement du manga pour garçons du célèbre prix Kono Manga Ga Sugoi et d’être désormais propulsé sur le devant de la scène.

Un ami remplacé

Loin des shōnens classiques, Mokumokuren nous offre une histoire originale et envoutante. Le pitch ? Yoshiki et Hikaru sont inséparables depuis l’enfance et vivent dans un village reclus. Hikaru disparaît en forêt, avant de réapparaitre l’air de rien. Yoshiki le trouve changé et réalise que quelque chose cloche : Hikaru est mort et a été remplacé.

Un être mystique a pris possession de son corps et agit comme si de rien n’était. Yoshiki n’est pas dupe, mais décide de ne pas briser cette précieuse amitié. Il poursuit son quotidien avec ce nouvel Hikaru. Ce secret sera le leur, d’autant que cette créature le lui rend bien.

©Netflix

Cette « chose » sait être drôle, compréhensive et sympathique. Yoshiki, garçon plutôt introverti, semble avoir besoin de cette relation. Les amis font alors évoluer leur amitié vers quelque chose de différent. Une forme d’amour qui donne à cette histoire des traits de boys’ love ? Peut-être.

Mais aussi vers une relation toxique. D’autant qu’à côté de ce phénomène pour le moins étrange, le village fait lui aussi face à de plus en plus d’événements mystérieux. Hikaru est-il derrière tout cela ou est-ce un simple « hasard » ?

Une adaptation à la hauteur du manga ?

Cette histoire de jeunesse intègre très vite des éléments répugnants qui donnent à voir l’horreur tapie dans l’ombre. Dérangeant sans jamais être complètement glauque, le manga tient en haleine avec ses mystères et fait évoluer l’œuvre au fil du récit. The Summer Hikaru Died se situe quelque part entre le drame adolescent et le body horror, tout en nous interrogeant sur le sens du deuil et de l’amitié.

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Ni véritable romance, ni pur manga d’horreur, c’est une œuvre introspective et lente. Pour créer une ambiance mi-douce, mi-pesante, Mokumokuren n’est pas avare en non-dits et en silences. Cette mise en scène travaillée est pour beaucoup dans le succès de cette BD japonaise graphiquement très soignée.

Et de ce côté-là, l’adaptation de Netflix réussit clairement son coup. Les traits sont tout aussi soignés et l’atmosphère oppressante respecte le matériel d’origine. La profondeur émotionnelle et les sous-entendus queer de Mokumokuren sont reproduits à l’écran avec brio. On ne tombe jamais vraiment dans la série sombre, ni jamais vraiment dans la comédie, malgré quelques scènes du quotidien se prêtant à une certaine légèreté. L’adaptation évite l’écueil de (trop) nombreux anime : rallonger excessivement une œuvre avec des scènes inutiles.

©Netflix

La tâche n’était pas aisée. Le manga d’origine étant souvent contemplatif, la tentation était grande d’en profiter pour réaliser le plus d’épisodes possible. La plateforme montre par ce nouvel investissement qu’elle passe un nouveau cap. Elle cherche désormais à étoffer son catalogue d’anime « d’auteurs » autour de récits moins formatés et sur le papier moins grand public. Et elle montre qu’elle sait les adapter. Une bonne nouvelle pour les amateurs de mangas qui pourraient avoir d’autres surprises à l’avenir.

Reste à savoir si Netflix poursuivra sur la lancée du premier épisode mis en ligne le 5 juillet. La plateforme mise comme pour ses autres anime sur un séquençage hebdomadaire, le douzième et dernier épisode de cette première saison sortant le 20 septembre. De quoi étirer les mystères The Summer Hikaru Died sur la durée et nous faire cogiter (et patienter) entre deux épisodes.

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