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Nous les menteurs (We Were Liars), ou l’histoire réelle d’une Amérique fracturée

20 juin 2025
Par Agathe Renac
“Nous les menteurs (We Were Liars)”, le 18 juin 2025 sur Prime Video.
“Nous les menteurs (We Were Liars)”, le 18 juin 2025 sur Prime Video. ©Prime Video

Dix ans après son lancement, le roman d’E. Lockhart est devenu un phénomène sur TikTok et a été adapté en série. Un regain d’intérêt conséquent, qui place une nouvelle fois son histoire addictive sous le feu des projecteurs.

Sur TikTok, les lecteurs et lectrices se filment en train de découvrir la fin du livre. Réputé pour son plot twist final, Nous les menteurs a été adapté en série, plus de dix ans après la sortie du roman éponyme. Imaginé par E. Lockhart en 2014, ce récit young adult a été porté à l’écran par Julie Plec et Carina Adly MacKenzie, connues pour avoir imaginé et piloté Vampire Diaries et The Originals. Loin des histoires de créatures sanguinaires, Nous les menteurs s’intéresse à la famille Sinclair, une riche dynastie dont les membres se retrouvent chaque été à Beechwood, l’île privée du riche et puissant grand-père, Harris Sinclair.

Autour de lui gravitent ses trois filles et ses sept petits enfants. Parmi eux, Cadence, Johnny et Mirren forment avec Gat – neveu d’une tante par alliance – un quatuor inséparable : les Menteurs. Cependant, ces vacances idylliques basculent un été. Après un accident brutal, Cadence perd la mémoire. À son retour sur l’île, elle sent que quelque chose sonne faux.

Elle en est persuadée : les adultes et les Menteurs lui cachent un terrible secret. Si l’œuvre brille par sa capacité à dépeindre le sentiment d’anxiété et la complexité des dynamiques familiales, elle nous interroge néanmoins sur ses origines. La série est-elle inspirée d’une histoire vraie ? Notre réponse, sans spoiler.

Quand la fiction rencontre la réalité

Prime Video l’affirme et l’assume : Nous les menteurs est une pure fiction, adaptée du roman d’E. Lockhart. Si les showrunners prennent quelques libertés scénaristiques, l’essence du projet original demeure. Le final – et ce qui est réellement arrivé à Cadence – est une pure invention, mais l’autrice a néanmoins confié dans une interview accordée à The Guardian que certains éléments du récit sont tirés de sa propre vie.

Nous les menteurs©Prime Video

« Les sentiments que j’exprime dans mes histoires sont toujours issus de mon expérience personnelle, mais transposés dans des situations fictives, explique-t-elle. Dans Nous étions des menteurs, Cadence souffre de migraines, d’amnésie et navigue dans un monde de privilèges inouïs. Je n’ai jamais connu tout cela, mais j’ai toujours été désespérée, brisée, ambitieuse et en colère. »

Des émotions qui ont nourri ses personnages, mais aussi leurs parcours. Par exemple, elle s’est inspirée de son expérience de boursière dans une école privée pour écrire Gat Patil, qui partage son sentiment de déconnexion face aux modes de vie des personnes privilégiées.

Nous les menteurs©Prime Video

Par ailleurs, la famille Sinclair n’existe pas, mais elle est la personnification de nombreuses dynasties richissimes que la romancière observait lorsqu’elle était enfant. Elle apercevait ces nombreuses îles privées peuplées de demeures somptueuses lors de ses trajets en ferry. Une image qui l’a marquée, et qui a façonné le décor de Beechwood.

Plus que la richesse, E. Lockhart nous livre une critique acerbe des milieux privilégiés. Gat devient le porte-parole des injustices raciales et sociales, et permet aux Menteurs d’ouvrir les yeux sur la vacuité de leur monde et les comportements problématiques des adultes de leur famille.

Des inspirations littéraires assumées

Au-delà des expériences personnelles de la romancière, Nous les menteurs est une œuvre profondément littéraire. E. Lockhart l’affirme elle-même à la journaliste du Guardian : elle s’est inspirée de plusieurs livres pour imaginer son histoire. « J’ai commencé avec la référence du Roi Lear, car la rivalité fraternelle pour l’argent et l’amour est un sujet universel que je voulais explorer. Cependant, je me suis rendu compte assez tard que mon roman faisait écho aux Hauts de Hurlevent. J’ai lu le roman d’Emily Brontë de nombreuses fois, mais je n’ai réalisé que je l’avais intégré à mon propre travail qu’après avoir rédigé plusieurs versions de mon livre. »

Nous les menteurs©Prime Video

Dans Nous les menteurs, les contes de fées ont aussi une place privilégiée. « Les contes de fées sont racontés et re-racontés, car ils révèlent des vérités sur les êtres humains, explique-t-elle dans la même interview. Ils permettent à Cadence de dire des vérités sur sa famille qu’elle trouvait indicibles autrement. » L’histoire des Sinclair n’est donc pas vraie, mais les émotions qu’elle convoque, les injustices qu’elle dénonce et les mythes qu’elle convoque sont quant à eux bien réels.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste