
La chaîne franco-allemande rediffuse cette série historique sortie en 2021, qui jette un éclairage original sur l’après-guerre en Suisse. Si son propos fort séduit, sa mise en scène inégale divise la critique.
La septième chaîne rediffuse à partir du 15 mai la mini-série suisse Le prix de la paix, une fresque historique en six épisodes de 50 minutes, imaginée par Petra Biondina Volpe et réalisée par Michael Schaerer. Diffusée une première fois en 2021, l’œuvre revient sur un moment peu abordé de l’histoire helvétique : les contradictions morales de la Suisse après la Seconde Guerre mondiale, un pays resté officiellement neutre, mais dont le rôle réel fut plus trouble.
Trois trajectoires pour une nation en mutation
L’intrigue s’ouvre en 1945. Klara Tobler (interprétée par Annina Walt), engagée dans un foyer de la Croix-Rouge, s’occupe de jeunes Juifs rescapés des camps de concentration. Son mari, Johann Leutenegger (Max Hubacher), fils adoptif du patriarche Tobler, tente de redresser l’entreprise textile familiale.

Son frère, Egon (Dimitri Stapfer), traque les anciens nazis réfugiés en Suisse pour le compte du ministère public. Trois chemins qui s’entrecroisent et révèlent les tensions morales d’une époque où la paix ne fut pas forcément synonyme de justice.
Des thèmes forts, mais une émotion sous contrôle
Pour Télé-Loisirs, la série « mêle avec efficacité le destin des familles (…) à la grande histoire, à la manière de la fiction Un village français », saluant « une reconstitution d’époque à la hauteur, un casting solide, un récit riche de points de vue variés ». Le magazine souligne aussi la pertinence du regard porté sur « le conflit des mentalités entre l’ancienne et la nouvelle génération », donnant à ce show « un regard sans complaisance » sur le passé.

Plus nuancé, le site Les chroniques de Cliffhanger & Co pointe une série « faiblarde en termes d’émotions », où la mise en scène peine à « insuffler de la vie au milieu de ses différents pions ». Bien que les thématiques soient « didactiques et pédagogiques », notamment autour des jeunes survivants des camps, certaines scènes restent « trop mécaniques » pour bouleverser. La mini-série, selon eux, « se conclut de façon légèrement expéditive », laissant « un goût de trop peu ».
Une critique politique assumée
Télérama, pour sa part, salue la force du propos historique : « Un regard sans complaisance sur un chapitre méconnu de l’histoire de la Suisse ». Le média souligne la lucidité du scénario, qui expose « les compromissions d’un pays antisémite qui dissimule à peine ses accointances avec l’Allemagne vaincue ». Certaines répliques cinglantes, comme « un homme riche se fera toujours des amis dans notre confédération, peu importe ce qu’il a fait », donnent le ton d’une série où les idéaux des personnages se heurtent à une société bien plus cynique.
Si la réalisation est jugée « inégale » aussi par Télérama, et la narration « cousue de fil blanc » par Cliffhanger & Co, tous s’accordent à reconnaître l’importance du sujet abordé. Petra Volpe, déjà remarquée pour L’ordre divin, signe ici une œuvre ambitieuse, parfois didactique, mais essentielle, qui replace la Suisse au centre du jeu trouble de l’après-guerre.