Et si vos pensées les plus inavouables devenaient une série ? Avec Bad Thoughts, Tom Segura transforme ses délires intérieurs en six épisodes aussi absurdes que jubilatoires.
Derrière une apparente galerie de sketches absurdes se cache une production redoutablement orchestrée. Bad Thoughts, dernière création de l’humoriste américain Tom Segura, coécrite, coréalisée et interprétée par lui-même, fait son arrivée sur Netflix le 13 mai. Produite par YMH Studios, la mini-série compte six épisodes indépendants, chacun structuré autour d’un monologue introductif et de scénettes dérangeantes, parfois surréalistes, souvent hilarantes.
Une anthologie de l’inavouable
L’idée germe en 2021 : c’est l’année du tournage du premier épisode. « C’était très coûteux, et la post-production a pris énormément de temps », raconte Segura dans un entretien donné au Los Angeles Times. D’abord destiné à sa propre plateforme, il décide finalement de proposer le projet à Netflix, où cinq de ses spectacles sont déjà disponibles. Le géant du streaming accepte et deux des histoires issues du pilote sont intégrées à la série.
Sous la forme d’une anthologie, chaque épisode nous plonge dans un univers radicalement différent, mais relié par un même fil : celui des pensées qu’on n’ose pas exprimer. Une star de la country kidnappe ses fans pour les forcer à livrer leurs traumatismes ; un enterrement tourne à la démonstration technologique absurde ; une influenceuse TikTok découvre sa propre vacuité… Les sketches oscillent entre satire sociale, comédie trash et absurde kafkaïen, dans un esprit proche d’un Black Mirror comique.
Un laboratoire de formes
Tom Segura incarne une grande partie des personnages, mais s’entoure également de visages familiers : Daniella Pineda, Christina Pazsitzky, Bobby Lee, Kirk Fox ou encore Shea Whigham. Robert Iler, connu pour son rôle dans Les Soprano, est ainsi sorti de sa retraite à l’invitation de Segura.
« J’ai eu l’impression qu’il s’agissait simplement d’amis réunis pour une série amusante, confie-t-il au Los Angeles Times. Voir Tom avoir le courage de dépenser autant d’argent et de croire en lui, ça m’a séduit. »
La force de Bad Thoughts réside aussi dans sa richesse visuelle et formelle. « J’ai l’impression d’être allé à l’école de cinéma et d’avoir pu réaliser 15 courts métrages avec des genres et des personnages variés », résume Segura. Certaines scènes choquent, d’autres désarçonnent, toutes portent sa patte. Sans jamais chercher à plaire à tout prix, il teste les limites de ce que peut encore être une comédie aujourd’hui.
La première scène de la série semble donner le ton. « C’est mon cul… Ce n’est pas génial, je sais que ce n’est pas génial, mais j’ai dû faire avec », lance-t-il au média américain. Avec son format hybride, ses personnages extrêmes et son absence totale d’autocensure, l’œuvre s’adresse à celles et ceux qui aiment rire là où ça gratte.
