
Et si la plus grande bascule de la téléréalité se jouait loin des clashs et des mises en scène artificielles ? Sur Netflix, Histoires d’amour et d’autisme redéfinit les codes du genre en donnant enfin la parole à celles et ceux qu’on n’entend jamais.
À l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, ce 2 avril, Netflix met en ligne la troisième saison d’Histoires d’amour et d’autisme. Un choix de calendrier qui n’a rien d’anodin pour cette série documentaire australienne hors normes.
Créée par Cian O’Clery, cette nouvelle salve d’épisodes poursuit sa mission : montrer sans filtre, mais avec tendresse, la quête amoureuse de personnes sur le spectre de l’autisme. Le show revient avec de nouveaux visages et de participants bien connus des saisons précédentes — à l’image d’Abbey et David, duo phare depuis la première saison, désormais en couple depuis quatre ans et évoquant mariage et parentalité.
Une approche documentaire rare
Depuis sa première diffusion en 2019 sur ABC en Australie, puis sa mise à disposition sur Netflix, la série se démarque par un ton résolument bienveillant. Sur trois saisons, elle donne la parole à des hommes et des femmes autistes de tout âge et les suit dans leurs rencontres amoureuses, leurs doutes, leurs enthousiasmes, parfois leurs maladresses, mais toujours sans condescendance.

Ce qui frappe d’abord, c’est la justesse du regard. Là où la téléréalité mise souvent sur le spectaculaire, Histoires d’amour et d’autisme cultive la délicatesse. Comme l’écrivait Rebecca Nicholson dans The Guardian (qui attribuait 4 étoiles sur 5 à la première saison), « cette émission est une célébration compatissante et humaine de la différence et de l’amour ».

La série n’a pas été exempte de critiques, qui ont parfois pointé l’infantilisation de certains montages ou l’importance excessive donnée aux points de vue parentaux. « La musique est-elle un peu trop mièvre pour une émission sur des adultes et les rencontres ? (…) Les gros plans sur des choix vestimentaires potentiellement excentriques auraient-ils eu lieu si les participants avaient été neurotypiques ? (…) Le public va-t-il éprouver de la sympathie pour eux, de la pitié… ou peut-être même en rire ? », interrogeait par exemple le Times.
À contre-courant de la téléréalité Netflix
Dans l’écosystème des émissions de téléréalité de Netflix, Histoires d’amour et d’autisme fait pourtant figure d’exception. Là où des programmes comme Love Is Blind, Ultimatum ou Séduction haute tension exploitent rebondissements et jeux de pouvoir émotionnels, Histoires d’amour et d’autisme refuse le drame artificiel. Pas de clashs, pas de triangles amoureux.

À la place : des hésitations sincères, des gestes tendres, un accompagnement bienveillant et une tentative de donner la parole à des personnes souvent invisibilisées dans l’espace public. Cette démarche tranche avec le cynisme, souvent reproché aux formats de dating contemporains.
La lente représentation à l’écran
Histoires d’amour et d’autisme participe d’un mouvement plus large d’inclusion à l’écran. Longtemps cantonné à quelques archétypes – à commencer par le célèbre Rain Man en 1988, qui reste une référence autant qu’un cliché –, l’autisme commence à se décliner en représentations plus diverses.
Atypical sur Netflix, The Good Doctor, ou même The Big Bang Theory, où le personnage de Sheldon Cooper a souvent été associé au spectre autistique, sans jamais être nommé comme tel. Dans ce paysage en mutation, la série documentaire de Cian O’Clery tient une place précieuse. Sans jamais prétendre tout dire de l’autisme, elle offre ce que la télévision donne trop rarement : une écoute.