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Adolescence : Jamie Miller est-il vraiment coupable ?

13 mars 2025
Par Sarah Dupont
Owen Cooper incarne Jamie Miller dans “Adolescence”.
Owen Cooper incarne Jamie Miller dans “Adolescence”. ©Courtesy of Netflix 2024

Bouleversante par sa réalisation et son approche ultra-réaliste, la nouvelle mini-série Netflix dépasse le simple thriller pour explorer les maux et la cruauté de l’adolescence, ainsi que la responsabilité pénale de ces jeunes à la frontière de l’enfance. Pourtant, une question obsède malgré tout : Jamie a-t-il vraiment tué Katie ?

Quatre épisodes seulement et déjà considérée comme l’un des chocs télévisuels de ce début d’année. Arrivée sur Netflix le 13 mars, Adolescence, la nouvelle production britannique signée Stephen Graham et Jack Thorne explore les zones grises de l’adolescence, du harcèlement et du système judiciaire à travers une affaire qui défie nos instincts de vérité.

Le point de départ : l’arrestation de Jamie Miller, jeune garçon de 13 ans, arrêté par les autorités pour le meurtre d’une camarade de classe. D’aucuns y verront le début d’un récit policier classique. Pourtant, la mini-série offre plus qu’une simple enquête : elle interroge avec intelligence la psychologie des jeunes, entre innocence et violence, les non-dits et les dynamiques sociales qui façonnent ces drames.

Attention, cet article révèle des éléments relatifs à l’intrigue. 

Une enquête rythmée et réaliste

Si Adolescence ne se concentre pas sur l’innocence ou la culpabilité du garçon, impossible toutefois de ne pas se poser la question : Jamie est-il vraiment coupable ? De ce point de vue, elle nous plonge immédiatement dans l’inconnu. Pas d’exposition classique ni de contexte préalable : elle débute par l’arrivée des policiers chez les Miller, prêts à appréhender le suspect.

Stephen Graham et Owen Cooper dans Adolescence.©Courtesy of Netflix 2024

Les premières minutes révèlent un garçon aux traits encore enfantin, apeuré, qui ne semble pas comprendre ce qui se passe. Qui est-il vraiment ? Comment en est-il arrivé là ? À mesure que l’enquête avance, les interrogations s’accumulent et les certitudes vacillent.

Une culpabilité qui se dessine progressivement

Le meurtre aurait eu lieu la veille, sur un parking. Les enquêteurs révèlent l’existence d’une vidéo accablante, montrant le garçon poignardant à plusieurs reprises sa camarade de classe, Katie. L’arme du crime, un couteau, reste pourtant introuvable. Jamie, en état de choc, plaide non coupable. Et alors que tout semble le désigner, le doute s’installe insidieusement.

Ashley Walters et Faye Marsay dans Adolescence.©Courtesy of Ben Blackall/Netflix 2024

Le deuxième épisode lève un pan du voile : Katie le désignait comme un incel, un de ces hommes condamnés à vivre célibataire. Humiliations à l’école, harcèlement sur les réseaux sociaux… La tension monte et un autre ado entre en scène : Ryan, ami de Jamie, avoue lui avoir donné le couteau, qui ne devait être qu’un moyen d’intimidation. La culpabilité du garçon est désormais quasi incontestable.

Le troisième épisode, un huis clos psychologique

L’épisode trois marque le sommet narratif de la série. Jamie, enfermé depuis des mois dans l’attente de son procès, rencontre une psychologue. Pas de confession explicite ni de révélation spectaculaire. Juste un adolescent piégé dans sa colère, vacillant entre détresse et agressivité.

La scène bascule lentement dans un cauchemar : regards fuyants, insultes crachées, accès de rage. Dans cette heure suspendue, Adolescence interroge l’innocence de l’enfant en acte, la responsabilité de l’adulte en puissance et la part d’ombre qui grandit dans le silence.

Erin Doherty et Owen Cooper dans Adolescence.©Courtesy of Ben Blackall/Netflix 2024

Quant à l’ultime chapitre, il ne montre pas une seule fois le garçon à l’écran, mettant l’enquête de côté et se concentrant sur l’impact du drame sur la famille de Jamie, meurtrie par son arrestation. Un coup de téléphone donne en revanche un point final : Jamie annonce à ses proches qu’il plaidera coupable. Pourquoi ce revirement ? Comment a-t-il motivé ce choix ? Ce qu’il a fait – ou pas – restera enfoui sous ces couches d’ambiguïté.

Un verdict sans réponse, mais une série qui bouscule

Jamie Miller a-t-il tué Katie ? Tout semble l’indiquer. Mais ce qui fascine, dans Adolescence, c’est que la question importe finalement moins que ce qu’elle révèle sur notre rapport à la justice avec un grand « J » et à l’adolescence elle-même. Peut-on juger un enfant comme un adulte ? La brutalité du harcèlement peut-elle mener à l’irréparable ? Où commence et où s’arrête la responsabilité ? À travers une mise en scène originale et des dialogues ciselés, la série évite tout sensationnalisme. Elle refuse de donner des réponses évidentes, préférant mettre en lumière la complexité d’un drame.

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