
Dans son cinquième opus, Ben Mazué a choisi d’explorer les différentes facettes de la famille. Une thématique qui donne son titre à l’album et mêle récits personnels et problématiques universelles. Nous l’avons rencontré pour décortiquer son processus de création et comprendre ce que représente cette nouvelle création.
Cette guerre. Tel est le titre du premier morceau de l’album tant attendu de Ben Mazué, le cinquième, intitulé Famille, disponible le 28 février. Comme souvent, il donne le ton : la famille, ce n’est jamais un long fleuve tranquille. « Musicalement, je considère qu’il s’agit là de la chanson la plus percutante, aboutie, singulière, réussie », lance l’auteur-compositeur-interprète et musicien français.
Une forme d’espoir
Inspiré par un graffiti qu’il voyait chaque jour sur le chemin du bureau, il explique : « Il était écrit : “J’espère que tu gagneras la guerre dont tu ne parles à personne.” Une jolie phrase qui évoque les guerres dont personne ne parle, celles qui nous rendent aigris. Celles à cause de quoi on se fait juger alors même que nous menons un combat intérieur. Il s’agit de luttes qui sont tues et qui parleront à chacun. »
En écrivant ce morceau, Ben Mazué pensait notamment aux addictions ou encore aux troubles du comportement alimentaire. Des fléaux présents au sein des familles. L’artiste est lucide : « Je ne suis pas un chanteur particulièrement gai, je préfère écrire avec la peine plutôt que la joie. Mais j’ai l’impression qu’il y a toujours une forme d’espoir dans mes créations, analyse-t-il. Il y a quelque chose de l’ordre du remerciement ou de l’hommage. »
À chaque album, un bilan introspectif. Famille fait suite à Rupture, qui abordait son divorce, et à la période éprouvante de tournées qui s’en est suivi. « Éprouvante dans le sens “intense”, pas “triste” », précise celui qui a pu finalement retrouver son quotidien et se rendre disponible pour les membres de sa famille. C’est ce quotidien sédentaire qui lui a inspiré ce thème. « J’ai réalisé que la famille est un espace qui me sécurise en même temps qu’il m’irrite. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler sur le morceau qui porte le même nom que l’album. »
Alors, comme une évidence, c’est au Japon qu’il réalise le clip de Famille. S’éloigner du quotidien pour mieux comprendre ceux qui le peuplent : « C’est pour ça qu’il faut voyager, s’exiler un peu. Parce qu’en voyage, on comprend mieux son entourage, on y pense avec plus de clarté, plus d’intelligence, plus de gentillesse », explique-t-il.
L’amour, ce n’est pas de l’humanitaire
« L’amour, c’est mieux que l’amitié. » « L’amour, ce n’est pas de l’humanitaire. » « Je vais arrêter l’intensité. Je vais apprendre à apprécier le moment présent. ». À l’écoute de l’album, les punchlines sonnent comme des envolées lyriques plutôt que comme des injonctions au développement personnel. Pourtant, elles portent en elles des enseignements : « Il n’y a rien de plus passager qu’un ciel bleu. C’est peut-être le privilège de mon âge. Le carpe diem, je l’ai compris dans les livres, dans les films… mais je ne l’avais jamais réellement intégré. Aujourd’hui, je suis capable de l’appliquer. »
Les albums de Ben Mazué sont toujours le fruit de longs processus créatifs marqués par le doute et le travail. Celui-ci ne déroge pas à la règle. « On va tout au bout de l’énergie et de la créativité », ajoute celui qui a choisi d’emprunter au cinéma le dispositif d’avant-première. Jusqu’au 12 mars, il propose au Théâtre de l’Atelier une performance révélant les chansons de Famille. « J’ai toujours été admiratif ou envieux de cette façon de faire découvrir une création avant la diffusion en salle, de tester et de créer un lien plus direct avec le public. » Un lien qui existe déjà tant les thématiques qu’il aborde nous touchent tous.