
Chaque année, dès les premières grosses sorties de l’hiver, l’industrie du jeu vidéo se trouve de potentiels candidats au titre de Game of the Year, décerné pourtant seulement en décembre. Et, chaque année, un titre important prétend légitimement à ce titre avant même le mois de mars. Monster Hunter Wilds sera-t-il capable d’endosser ce rôle pour 2025 ?
Tous les ans, c’est le même rituel : lors de la célèbre cérémonie des Game Awards, de nouveaux jeux vidéo sont dévoilés pour les années à venir, certains faisant d’ores et déjà figure de potentiels lauréats pour une future édition. Présenté pour la première fois durant l’événement de 2023 par Capcom, Monster Hunter Wilds est, par exemple, considéré comme l’un des titres les plus attendus de cette année. Mais cette licence de niche – en dépit d’une popularité toujours plus importante – a-t-elle les épaules pour porter une telle responsabilité ? Ce jeu est-il fait pour vous ? L’heure du verdict a sonné.
Monster Hunter, c’est quoi ?
La licence de Capcom est certes connue « de nom », mais elle fait partie de ces franchises qui font un peu peur de prime abord, tant elles semblent difficiles d’accès. Lancé initialement avec un épisode éponyme en 2004 sur PlayStation 2, Monster Hunter est, comme son nom l’indique, un jeu de chasse aux monstres. La série prend place dans un univers de fantasy et, si on lui a associé l’étiquette passe-partout de « action-RPG », on se rapproche un peu plus du beat’em up ou du hack’n’slash, où le combat est essentiel en dépit de nombreux éléments de jeu de rôle.

En outre, l’aspect coopératif est plus qu’important, bien que pas obligatoire : Monster Hunter, c’est une licence pensée en grande partie pour être jouée à plusieurs, et c’est pour cette raison que le dernier épisode en date a fait l’objet de multiples phases de bêta en ligne, pour que les joueurs puissent le tester quelques semaines avant sa sortie.
Après de nombreux épisodes qui ont connu un franc succès sur PSP, surtout au Japon, ainsi que sur Wii et 3DS, la franchise a gagné en renommée grâce à Monster Hunter World, sorti en 2018 sur PlayStation 4 et Xbox One. La popularité de la licence est ainsi devenue la plus importante de son éditeur, devançant même celle de Resident Evil.
Un nouveau monde sauvage
Avec Monster Hunter Wilds, l’intention de Capcom est très simple : continuer de capitaliser sur le succès désormais immense d’une franchise qui a explosé avec son précédent opus considérable – l’éditeur japonais semblant avoir étonnamment peu de considération pour Monster Hunter Rise, épisode sorti à mi-chemin (en 2021) sur Nintendo Switch en premier lieu, avant de faire son trou sur consoles de salon et PC.
En proposant pour la première fois un titre exclusif aux consoles de neuvième génération (PS5 et Xbox Series), on attend de Capcom qu’il franchisse un cap en termes de qualité de réalisation et potentiellement d’envergure. Monster Hunter n’a jamais été une licence dont les trames principales étaient particulièrement longues à terminer, misant davantage sur une immense rejouabilité avec d’innombrables quêtes passionnantes, en solo ou à plusieurs.

Elle n’a jamais non plus trop cherché à briller par sa narration, en dépit d’un lore commun à ses épisodes, qui ne cesse de fasciner ses fans les plus acharnés. L’introduction de Monster Hunter Wilds, portée par une cinématique épique qui pose tout de suite les bases de ce qui sera une grande aventure, nous fait rapidement comprendre que la structure de la série et certains de ses principes de gameplay ont évolué.
Sans doute soucieux d’aller séduire encore tout un tas de nouveaux joueurs, Capcom propose des explications plus limpides et des assistances plus fréquentes (les arachnophobes apprécieront la mise à disposition d’un mode graphique assez nécessaire et pensé pour eux). Les habitués pourront néanmoins s’en passer, la personnalisation globale de l’expérience se révélant très riche.

Par exemple, le tout nouveau système Focus permet, comme son nom l’indique, de se focaliser sur des points faibles de l’ennemi ou les blessures déjà infligées à ce dernier. Ceci, entre autres, pour porter des coups critiques ou orienter ses attaques avec plus d’efficacité, notamment à distance. Une mécanique dont l’usage devient rapidement très naturel, à tel point qu’on en vient à se demander comment on faisait sans avant.
Pour avoir échangé avec des habitués de Monster Hunter durant la bêta, c’est un véritable game changer qui pourrait bien révolutionner le gameplay de la licence. Côté structure, Monster Hunter Wilds, c’est aussi un monde plus ouvert que jamais. C’était d’ailleurs l’une des promesses de Capcom : fini le système de camp ou de village déconnecté du reste du monde à explorer ; cette fois-ci, tout est d’un bloc, rendant l’aventure plus authentique.

Tous les biomes ne seront néanmoins pas accessibles d’entrée de jeu, et les utilisateurs devront en débloquer en remplissant certaines quêtes. La dernière itération de Monster Hunter ne met heureusement pas très longtemps à être terminée (comptez une vingtaine d’heures pour un profil expérimenté pour atteindre les crédits de fin), ce qui permet d’accéder à toutes les zones des Terres Interdites et de démarrer l’aventure « pour de vrai ».
Parce que oui, un Monster Hunter, ça commence vraiment quand ça se finit – ou du moins, quand on croit que ça vient de se finir. La quantité de quêtes à disposition est toujours aussi impressionnante et nous ne pourrons évidemment que louer la richesse de son bestiaire, même si cela relève de l’évidence.
Un contenu toujours aussi monstrueux ?
Nous pourrions passer de longues heures à vanter l’étendue des propositions de gameplay de Monster Hunter Wilds, qui se bonifie avec les heures. On parle non pas de dizaines, mais de centaines, voire de milliers d’heures d’expérience pour les plus acharnés. De quoi faire ses armes (c’est le cas de le dire) en testant l’immense variété de profils d’équipement que le jeu propose, tant le titre de Capcom croule sous les possibilités.
Cela reste d’ailleurs toujours à la fois une force et une faiblesse : si les joueurs un minimum aguerris aux joutes de la chasse aux monstres y trouveront beaucoup de plaisir, les novices risqueront toujours autant d’être perdus face à l’éventail de mécaniques et d’éléments de gameplay proposé.

Monster Hunter a toujours rempli ses quêtes de ressources en tous genres, dont on ne sait que faire, et de menus tout aussi denses. Leur apprentissage passera par bien plus que de simples tutoriels, cependant bien plus proches du joueur débutant qu’ils ne l’ont jamais été dans l’histoire de la licence. S’il est assez aisé de recommander Wilds en tant qu’opus ultime qui sublime la licence tout en la rendant plus accessible, il demeure toujours aussi délicat d’affirmer que vous allez adorer si vous n’y avez jamais joué.
Tout dépendra, en grande partie, de votre volonté de comprendre le fonctionnement des nombreux menus et des raccourcis in-game, d’accepter qu’il faut penser à aiguiser son arme en plein combat sous peine de la rendre foncièrement inutile, et de prendre le temps de tester d’innombrables façons de jouer avant de trouver le style qui nous convient (ici, on est team « lames doubles », parce qu’on aime le combat rapproché ou trancher dans le vif, par exemple).

Enfin, à vous de voir à quel point vous avez envie de vous la jouer solo. Si la coopération ne vous intéresse pas plus que ça ou que vous n’avez pas la chance de compter de joueurs de la licence parmi vos amis, sachez que Monster Hunter Wilds a pensé à vous. En proposant aux joueurs d’utiliser une fusée de détresse qui invoque des PNJ compagnons dans presque toutes les circonstances, ce nouvel opus permet même de vivre en quelque sorte l’expérience coopérative, sans parler de l’évidente capacité de cette mécanique à grandement simplifier les choses.
Notre verdict
Si la touche artistique d’ensemble fait mouche et que le character design des monstres est toujours aussi soigné, nous devons admettre que nous attendions peut-être un peu plus (ou trop ?) de ce premier Monster Hunter sur la génération de consoles actuelles. En privilégiant le mode Performance, fondamentalement nécessaire pour mieux appréhender toutes les phases de combat, nous n’avons que rarement eu l’impression que le célèbre RE Engine, moteur graphique maison de Capcom, se sublimait sur PS5.

Le patch à destination de la PS5 Pro n’améliore par ailleurs pas grand-chose, se contentant finalement de rehausser le taux d’images par seconde tout en affichant les graphismes les plus fins possibles, qui malheureusement ne constituent jamais une claque mémorable.
Qu’on ne s’y trompe pas : Monster Hunter Wilds reste très beau, mais, sept ans après Monster Hunter World, on attendait sûrement davantage d’un titre aussi ambitieux, et en tout cas suffisamment bien taillé pour aller jouer crânement sa chance lors de la cérémonie des Game Awards en fin d’année.

En dépit d’une réalisation quand même très datée, Monster Hunter Wilds est un grand jeu qui a toutes les cartes en main pour marquer de son empreinte une année qui le verra se frotter à d’autres grands noms de l’industrie. Cependant, la licence reste un peu trop fidèle à elle-même, sans autant se réinventer qu’elle n’avait su le faire en 2018 avec Monster Hunter World.
Son gameplay demeure toujours aussi complexe et quelque peu rebutant pour les utilisateurs les moins expérimentés, ou bien ne disposant pas d’assez de temps pour se plonger dans une aventure aussi riche, qui a énormément à offrir… Parfois même un peu trop, malgré d’évidentes améliorations en termes de confort de jeu. Reste que cet opus a de très beaux atouts pour séduire les joueurs en manque de grand action-RPG jouable à plusieurs, et saura les occuper pendant des centaines d’heures.
Monster Hunter Wilds sortira le 28 février sur PlayStation 5, Xbox Series et PC.