Décryptage

Qui est vraiment Goro Majima, le trublion de Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii ?

16 février 2025
Par Valérie Précigout (Romendil)
Goro Majima est la star du jeu “Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii” qui sort le 21 février.
Goro Majima est la star du jeu “Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii” qui sort le 21 février. ©SEGA

Aussi fantasque que déjanté, Goro Majima a marqué toute l’histoire de la saga Yakuza au point de le voir hériter du rôle principal dans le très surprenant Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii. Mais qui se dissimule vraiment derrière le cache-œil du psychopathe ?

Il est omniprésent depuis les origines de la franchise Like a Dragon alors qu’il évolue dans l’ombre des figures les plus emblématiques de la série. Ses duels sanglants avec l’imperturbable Kazuma Kiryû ont marqué les esprits autant que son caractère indomptable, à la limite de l’aliénation. Celui que l’on surnomme « le chien fou de Shimano » est un électron libre et le voilà de retour dans un titre entièrement érigé à sa gloire… ou plutôt à sa folie. Retour sur le parcours mouvementé d’un antihéros plus attachant qu’il n’y paraît.

Goro Majima : les prémices de la folie

Pour comprendre l’évolution dramatique de Goro Majima au fil de la série, il faut s’appuyer sur les faits relatés dans Yakuza 0. Cette préquelle remonte le temps jusqu’en 1988 alors que le jeune homme n’a qu’une vingtaine d’années, et c’est elle qui a littéralement fait exploser la popularité de Majima auprès des joueurs.

©Yakuza 0 / SEGA

Majima y occupe une place aussi importante que celle de Kiryû, la moitié de l’aventure étant jouable de son point de vue. Son style de combat plus acrobatique et définitivement moins orthodoxe se révèle également très plaisant à jouer. Quant aux différents types de postures inédites proposés dans cet épisode, ils collent tout à fait à sa personnalité délirante, surtout celui inspiré du break dance.

©Yakuza 0 / SEGA

Son histoire reste pourtant bouleversante. Banni de la famille Shimano pour avoir fait acte de loyauté envers son frère de sang Taiga Saejima, Goro doit endurer une année de torture durant laquelle on lui arrache l’œil gauche. Devenu borgne, il adopte le célèbre cache-œil qui témoigne de son désir de s’affranchir des règles établies pour ne s’imposer aucune limite, d’où sa réputation d’individu fou à lier.

Un cœur sous la cuirasse du yakuza

Chargé de superviser le plus grand cabaret de toute la ville d’Osaka pour gagner les 100 millions de yens qui conditionneront sa libération, il décide finalement de renouer avec ses racines de yakuza en acceptant un contrat d’assassinat.

Problème : la cible se révèle être une masseuse aveugle à laquelle l’indomptable chien fou finit par s’attacher bien malgré lui. Yakuza 0 révèle alors une sensibilité que l’on ne soupçonnait pas forcément chez Majima et qui le rend incroyablement humain.

©Yakuza 0 / SEGA

Les paroles qu’il prononce à la fin de Yakuza 0 nous pousseraient presque à lui pardonner toutes ses exactions : « Puisque personne ne sait faire la différence entre le bien et le mal, alors je vais m’amuser et vivre une vie de taré. Je vais vivre à ma façon. »

Cet instant marque un point de bascule décisif dans le parcours de Goro Majima qui change à la fois de look et de personnalité pour acquérir une réputation de yakuza incontrôlable, redouté de tous. Mais, avec le recul, sa folie apparaît davantage comme un masque qu’il utilise pour se venger du sale tour que lui a joué la vie.

Le chien fou de Shimano

Yakuza 0 étant sorti entre les épisodes 5 et 6, la façon dont Goro Majima nous est présentée dans les premiers volets de la série est bien différente. Car, à l’origine, ce yakuza assurément timbré avait été créé comme une figure clownesque comparable au Joker dans Batman.

©Yakuza Kiwami / SEGA

Son obsession maladive pour Kiryû, qu’il traque sans relâche, n’a d’égale que la mise en scène grand-guignolesque de ses apparitions surprises. À tel point que les concepteurs ont choisi d’en faire un gimmick spécial dans le remake Yakuza Kiwami où Majima peut surgir à n’importe quel moment pour nous affronter en duel. L’ajout de ce bonus, baptisé « Majima Everywhere », est aussi l’occasion de le voir revêtir des tenues complètement absurdes.

Dans le second volet, Goro a quitté le clan Tojo pour fonder la Majima Construction Company. Cette organisation criminelle, qui englobe un casino et une arène de combat clandestine, finit par épauler Kiryû dans sa lutte contre l’Alliance Omi. Le jeu inclut même une épreuve spéciale de gestion des ouvriers de chantier basée sur les routines des softs de « tower defense ».

©Yakuza Kiwami 2 / SEGA

Le remake Yakuza Kiwami 2 ajoute l’arc inédit Majima Saga qui regroupe trois chapitres jouables dans la peau de Goro. Bien que court, cet épisode bonus comporte plusieurs scènes mémorables, comme les « vraies-fausses » retrouvailles avec la masseuse Makoto Makimura et un désamorçage de bombe assez rocambolesque.

Un tatouage démoniaque

Comme tout bon yakuza qui se respecte, Majima arbore un tatouage imposant chargé de symboles. Le sien reprend le motif du masque de Hannya, un démon issu du folklore japonais qui exprime la rancœur et le ressentiment. Des émotions qui traduisent bien la soif de vengeance du personnage, comme une sorte de rébellion assumée contre l’existence, omniprésente tout au long de la série.

©Yakuza Kiwami 2 / SEGA

Ayant échappé de peu à la mort dans Yakuza 5, Goro Majima en sort grièvement blessé, mais déterminé à faire payer ceux qui l’ont piégé. Contraint d’affronter son frère de sang Saejima dans un combat imposé, il en réchappe encore une fois miraculeusement. Dans Like a Dragon: Infinite Wealth, il est clairement bouleversé à l’annonce du mal qui affecte Kiryû, mais il ne peut l’empêcher de reprendre le cours de son destin.

Le retour du pirate borgne

Son cache-œil et sa gestuelle à la Jack Sparrow prédestinaient Goro Majima à bifurquer vers une carrière de pirate. Aussi invraisemblable que cela paraisse, c’est désormais une réalité dans le jeu Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii où il s’offre même le rôle principal.

Pour affirmer ce revirement de style, le titre aborde de manière frontale le thème de la piraterie en intégrant des phases de combat naval, en plus des pugilats en temps réel sur la terre ferme. Le chapeau de pirate sied on ne peut mieux au trublion de la franchise qui a su gagner ses galons à la sueur de son front au fil de la saga.

L’antagoniste le plus déjanté du jeu est devenu aujourd’hui une figure emblématique que bon nombre considèrent comme plus charismatique encore qu’un Kazuma Kiryû ou qu’un Ichiban Kasuga. Ce spin-off pourrait bien permettre à la franchise de se réinventer une fois de plus.

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