
Le nouveau film de Brady Corbet avec Adrien Brody, en salles depuis le 12 février, a une particularité, un entracte de 15 minutes.
Outre ses nombreuses qualités et son accueil plébiscité à l’occasion des différentes cérémonies de prix, The Brutalist — le nouveau film du cinéaste singulier Brady Corbet — a fait beaucoup parler de lui pour un élément en particulier : la présence d’un entracte au milieu du film. Pendant 15 minutes, un carton est ainsi affiché avec le décompte du temps, offrant une pause entre les deux parties de cette grande fresque sur les États-Unis.
En instaurant un entracte dans son film de 3h35, Brady Corbet renoue avec une tradition perdue au cinéma (les entractes étaient récurrents avant, ils permettaient au projectionniste de changer de pellicule). Par ailleurs, toute son approche est en réalité tournée vers la grande création artisanale cinématographique du siècle dernier, le film ayant été shooté sur une pellicule en VistaVision. Ceci étant dit, la véritable raison derrière cette pause est en réalité bien plus simple.
Interrogé sur le sujet par le média IndieWire, le réalisateur a dévoilé avoir simplement du mal à rester assis pendant plus de 3h30.
Il voulait ainsi offrir au public l’opportunité de se lever, de bouger, de sortir, puis de revenir, sans que l’expérience de The Brutalist n’en soit altérée. Car si cette respiration offerte permet effectivement de s’aérer un court moment, elle est en réalité essentielle dans la construction thématique du film.
Un entracte en lien avec l’intrigue
L’entracte de The Brutalist n’est pas une coupure de l’écran pendant 15 minutes. Prévu intégralement dans le montage — et ne pouvant donc pas être sauté —, il montre une photographie liée à l’intrigue du film (avec le décompte affiché), pendant que la musique hypnotique de Daniel Blumberg continue.
La grande fresque avec Adrien Brody, Guy Pearce et Felicity Jones est véritablement construite en deux parties. L’entracte arrive pile au milieu du film et permet de saisir tous les évènements vécus lors du premier grand chapitre, alors que l’architecte juif László Toth arrive aux États-Unis dans l’espoir d’une vie meilleure.
The Brutalist est un film sur le temps qui passe et sur les années qui défilent. La pause de 15 minutes accentue ainsi cette sensation et s’intègre dans les enjeux personnels du protagoniste, qui attend pendant une bonne partie du film de pouvoir retrouver sa femme, restée en Europe après lui.
Si Brady Corbet a choisi d’instaurer un entracte par soucis de commodités, il a ainsi su en faire un élément clé à la compréhension et à l’appréciation de son long-métrage entre la première et la seconde partie. Bien loin du simple effet de style.