
Le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l’année. Retour sur cette légende marketing et les véritables impacts de l’hiver sur notre moral.
L’hiver, le froid, les journées raccourcies et la mélancolie post-fêtes semblent donner un semblant de crédibilité au blue monday. Popularisé il y a près de 20 ans au Royaume-Uni, ce concept s’accompagne inlassablement d’une question récurrente : « Comment surmonter ce lundi bleu et retrouver un élan de motivation ? ».
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Une origine douteuse
Vérité scientifique ou pure invention ? En réalité, le blue monday n’a rien de scientifique : son origine repose sur une simple opération marketing. Créé en 2005 par l’agence de voyages britannique Sky Travel, ce concept s’appuie sur une pseudo-équation attribuée au psychologue Cliff Arnall.
Présentée comme rigoureuse, cette formule prétend intégrer des facteurs comme la météo, les dettes post-fêtes ou la baisse de motivation pour désigner le troisième lundi de janvier comme le jour le plus déprimant de l’année. Mais derrière cette façade mathématique se cache une stratégie publicitaire visant à inciter les consommateurs à réserver des vacances pour échapper à la morosité hivernale.

Cette théorie a toujours été largement discréditée. « Le blue monday, ça n’existe pas […], souligne le professeur Laurent Karila, psychiatre à l’hôpital Paul-Brousse, dans Le Figaro. Certes, le lundi peut être une source de stress pour certains salariés qui redoutent de retourner au travail, mais la dépression, ça ne dure pas un seul jour. »
Cliff Arnall lui-même a admis, dès 2010, que son calcul n’avait aucun fondement scientifique, affirmant auprès du Telegraph que cette idée n’était « pas particulièrement utile » et encourageait les gens à « rejeter toute la notion » du blue monday.
Un concept qui néglige les véritables enjeux psychologiques
Malgré son origine commerciale, le blue monday persiste, alimenté par une fascination pour le lundi, souvent perçu comme le symbole d’un retour au travail redouté. Nicolas Framont, sociologue du travail interrogé par 20 Minutes, l’associe à « la souffrance au travail, elle-même induite par le système capitaliste », où les individus se sentent dépossédés de leur autonomie et de la valeur de leur travail.

Pour d’autres experts, ce concept représente un danger. Il banalise les troubles psychologiques en réduisant la dépression à un phénomène mineur et ponctuel. Dean Burnett, chercheur en neurosciences, déclarait dans The Guardian, cité par Le Monde : « Ce genre de calculs menace la compréhension que le public a de la science et de la psychologie ». De surcroît, il alimente une culture consumériste ciblant les plus vulnérables.
Un hiver pesant, mais des solutions à envisager
Si le blue monday n’a aucune assise scientifique, il reflète néanmoins une réalité indéniable : l’hiver pèse sur le moral. Heureusement, plusieurs solutions permettent d’y remédier. À commencer par la pratique d’une activité physique régulière. L’exercice libère des endorphines, ces hormones qui procurent une sensation de bien-être durable, et peut grandement réduire le stress. Parallèlement, s’exposer à la lumière naturelle, même par temps gris, aide à compenser le manque de luminosité.
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Rester connecté aux autres est également essentiel. Partager un moment avec des amis ou des proches permet de briser l’isolement et de renforcer les liens sociaux, souvent fragilisés durant les mois froids. S’accorder de petits plaisirs quotidiens, comme lire un bon livre, savourer une boisson chaude ou écouter de la musique, contribue également à améliorer l’humeur. Enfin, rendre service ou aider autrui peut procurer une véritable satisfaction et renforcer le sentiment d’accomplissement.
Nos recommandations culturelles pour affronter le blue monday
Pour transformer ce lundi en une journée plus lumineuse, quelques œuvres bien choisies peuvent faire des merveilles. Côté cinéma, Little Miss Sunshine est une pépite d’humour et de tendresse où une famille dysfonctionnelle part en road trip improbable. Les séries, aussi, sauront vous redonner le moral, avec des sitcoms comme Brooklyn Nine-Nine, Friends ou How I Met Your Mother.
En lecture, pour une ambiance poétique, Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi propose une parenthèse originale et apaisante dans un petit café japonais où le temps semble s’arrêter. Enfin, les anime ont ce talent de captiver tout en réchauffant l’âme. Tous les films de Hayao Miyazaki, à l’instar du Voyage de Chihiro ou de Mon voisin Totoro, apporteront douceur réconfortante et soupçon de magie.