Dix ans après le dernier film du Hobbit, l’univers de Tolkien revient au cinéma avec l’ambiance de la trilogie originale créée par Peter Jackson.
Faire de l’animation japonaise avec Le Seigneur des anneaux est un pari aussi risqué qu’ambitieux. Pourtant, La Guerre des Rohirrim l’a tenté en renouant avec l’univers de J.R.R. Tolkien, sous le regard du maitre Kenji Kamiyama (Ghost in the Shell).
En se situant près de 200 ans avant l’histoire de la trilogie originale, ce nouveau long-métrage permet de développer une intrigue contenue dans le royaume du Rohan, qui laisse la part belle à l’héroïsme, à l’épique et à la bravoure. Et c’est une réussite.
Une quête identitaire
Alors que Helm Poing-de-Marteau, roi incontesté du Rohan, fait face à l’ambition et à l’orgueil d’un chef de clan dissident, Héra, sa fille, tente de trouver sa place dans ce monde cruel et se lance dans une quête essentielle pour la survie de tout le royaume. Le Seigneur des anneaux : La Guerre des Rohirrim est une lutte interne pour le pouvoir, qui développe l’organisation du Rohan, ses coutumes, ses particularités et sa mythologie.
En s’inspirant d’un texte minime de J.R.R. Tolkien – contenu dans les appendices du Seigneur des anneaux –, le long-métrage animé traite de l’individu qui se révèle et qui trouve sa place, même s’il est destiné à demeurer anonyme dans la grande histoire de la Terre du Milieu.
Le film revient finalement à l’essence même de l’œuvre de Tolkien. En offrant la destinée de son monde à un Hobbit – l’être le plus insoupçonné de toute la Terre du Milieu –, Tolkien a toujours rappelé que la grandeur peut venir de n’importe où et de n’importe qui. Le Seigneur des anneaux : La Guerre des Rohirrim fait de même, en accentuant l’idée que la grandeur n’est pas synonyme de célébrité et de reconnaissance. Traitant de l’héroïsme et de l’humilité, l’œuvre développe des personnages grandioses (à commencer par Héra et Helm Poing-de-Marteau), charismatiques et symboliques.
Retrouver l’univers de Peter Jackson
La grande force du film réside néanmoins dans sa direction artistique. Ou plutôt, dans sa parenté avouée avec la direction artistique des œuvres de Peter Jackson. Reprenant dès l’introduction le thème mythique du Rohan composé par Howard Shore, Le Seigneur des anneaux : La Guerre des Rohirrim mène son spectateur en terrain connu et a une force nostalgique instantanée, tant le plaisir de retrouver le son du Rohan, ses décors emblématiques (Edoras, le Gouffre de Helm), ses armures et son ambiance est réjouissant. Pour ceux qui aiment Les deux tours, La Guerre des Rohirrim est un plaisir de chaque instant.
Le film évolue ainsi dans l’univers de la trilogie de Peter Jackson et pousse l’idée plus loin en invitant Miranda Otto, éternelle Éowyn, comme narratrice de la version originale. Le casting vocal anglais offre aussi à Brian Cox (grand acteur de Succession) le rôle de Helm Poing-de-Marteau, qui ajoute une prestance absolue au personnage, en délivrant les répliques avec un grand talent shakespearien. Ainsi, l’anime est constamment épique, que cela soit à travers ses affrontements ou dans l’incarnation de ses héros.
Une anime épique
En condensant l’univers de Peter Jackson et de J.R.R. Tolkien, tout en prenant les codes de l’animation japonaise – avec une exagération volontaire des émotions, des exploits et des capacités humaines –, le long-métrage enchaine les moments de bravoure et rappelle finalement que le succès du Seigneur des anneaux vient aussi de là : des discours exaltants appelant à résister, à se battre contre l’oppresseur, à charger l’ennemi même lorsque tout semble perdu et à garder l’espoir secret que l’aide viendra à un moment ou un autre.
Si l’animation semble parfois un peu trop figée, malgré le character design des personnages magnifique, La Guerre des Rohirrim est sans conteste l’un des meilleurs anime de 2024. Il retrouve une ambiance perdue depuis longtemps, que la série Les anneaux de pouvoir n’a pas su développer, et les protagonistes sont la clé de tout. Sans s’encombrer d’arcs narratifs parallèles qui pourraient nuire au récit ou au mythe, le film déroule sa guerre interne sans en dévier et enchaine les instants de bravoure.
« Le cor de Helm Poing-de-Marteau résonnera dans le gouffre une dernière fois », disait Théoden à Aragorn dans Les deux tours, alors que la forteresse tombait. Grâce à La Guerre des Rohirrim, Helm Poing-de-Marteau prend vie 200 ans avant, de la plus belle des façons (avec symbolisme et grandeur), tout en développant l’histoire méconnue des personnages qui ne figurent pas dans les contes et dans les chansons. Un équilibre d’héroïsme et d’humilité qui permet enfin de le dire : Le Seigneur des anneaux est de retour.
Le Seigneur des anneaux : La Guerre des Rohirrim, de Kenji Kamiyama, 2h14, au cinéma le 11 décembre 2024.