Il y a six ans, en octobre, naissait le fameux mouvement #MeToo. Depuis la littérature n’a jamais cessé de s’emparer à plusieurs niveaux des problèmes systémiques liés au sexisme, et aux violences sexuelles. C’est face à ce constat alarmant que de nombreux auteurs et artistes ont pris la plume en dénonçant différents pans de la société patriarcale. Aujourd’hui, coup de projecteur sur ceux et celles qui ont choisi d’offrir un nouveau regard sur la masculinité.
1 Si t’es un homme, Regards dessinés sur les masculinités, d’Annaïg Plassard et d’un collectif d’auteurs
Depuis plusieurs années, nous assistons à une évolution du regard sur la masculinité. Les attentes ne sont plus les mêmes, et ne doivent plus être celles que l’on attend du schéma classique bâti par la société patriarcale autour de l’image souvent fantasmée de « l’homme ». C’est d’ailleurs ce que défend Si t’es un homme, regards dessinée sur la masculinité. N’y aurait-il pas finalement autant de masculinité que d’homme ? Finalement, autant de regards variés et de positions adoptées sur la masculinité que d’homme ?
À travers différents portraits, récits de fiction ou autobiographique, Annaïg Plassard — directrice du livre, et à l’aide d’un collectif d’artistes et d’écrivains — tend à aborder la masculinité à travers diverses portes d’entrée et vise ainsi à changer notre vision de celle-ci au XXIe siècle, après la vague #MeToo.
La condition d’homme racisé, le rôle du vêtement, l’utilisation des toilettes publiques en tant que personne transgenre, la gestion des hommes violents ou encore les attentes sur la taille du pénis… sont autant de situations soulevées par Si t’es un homme ! (Glénat). Un volume habituellement illustré, éducatif, mais surtout important qui vise à combattre les tabous autour du masculinisme, pour se sentir mieux dans la société.
2 Moi et Elles, de Sainte Paluche et Maximilien Mpoto
Henri a 26 ans lorsqu’il découvre enfin les plaisirs charnels. Toutefois, ses nouvelles expériences vont pousser le jeune homme à s’interroger sur son rapport à la sexualité et aux diktats de sa société face à la vaste loi de la performance. Ainsi, à la manière d’un voyage initiatique à travers la masculinité et son lien au corps, le lecteur suit notre héros alors qu’il tente de déconstruire son rapport à la sexualité.
Moi et Elles (Leduc Graphic) est le deuxième récit imaginé par Sainte Paluche. Après un premier essai baptisé Je bande donc je suis, le journaliste a repris, cette année, la plume afin d’analyser et de déconstruire les préjuges sur le culte de la virilité à outrance. Se définissant avant tout comme un « anthropo-ethno-sociologue du cul », et aux côtés du dessinateur Maximilien Mpoto, l’auteur offre une expérience de lecture aussi intense qu’universelle permettant de reconsidérer nos croyances sur les genres, et plus particulièrement la masculinité. L’occasion notamment de découvrir une nouvelle facette de celle-ci à travers un récit prenant, qui aborde une variété de sujets (pornographie, sexe, virilité toxique…).
3 Testoterror, de Luz
Il y a un an Luz sortait sa bande-dessinée, Testoterror (Albin Michel), dans laquelle il imaginait une chute brutale de testostérone chez les hommes, et plus particulièrement chez son héros, Jean-Patrick, concessionnaire automobile dans la zone d’activité commerciale de Saint-Pierre-Le-Caillou. Face à la panique que ce changement drastique provoque chez la gent masculine, JP va rapidement se réfugier dans la secte viriliste que dirige son coach sportif… en vain. Le virus aura raison de JP, et sa vision du monde va changer. Mais alors qu’il se détache du mouvement masculiniste, son fils s’y engouffre. Jean-Patrick parviendra-t-il à le sauver ?
Véritable coup de cœur des librairies l’année passée, Testoterror a séduit de nombreux lecteurs et lectrices au moment de sa sortie. Le ton satirique de Luz, sa plume acerbe et son trait coloré offrent, en effet, à cette bande-dessinée dystopique un regard drôle et piquant sur la masculinité au XXIe siècle afin de mieux en dénoncer ses diktats dans un volume de 300 pages dans lequel chaque détail compte.