Actu

L’UE appelée à mieux lutter contre les discours masculinistes en ligne

17 octobre 2023
Par Kesso Diallo
Dans ce rapport, Equipop et l'IGG alertent sur le masculinisme qui est « profondément ancré dans les espaces numériques ».
Dans ce rapport, Equipop et l'IGG alertent sur le masculinisme qui est « profondément ancré dans les espaces numériques ». ©Maurice NORBERT / Shutterstock

Dans un rapport, l’ONG féministe Equipop et l’Institut du Genre en Géopolitique pointent plusieurs problèmes concernant ce phénomène qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux.

Tirer la sonnette d’alarme face à la prolifération des discours masculinistes, idéologie qui promeut la domination masculine, sur Internet. Lundi, l’ONG féministe Equipop et l’Institut du Genre en Géopolitique (IGG), ont publié un rapport, appelant l’Union européenne (UE) à légiférer contre ce phénomène qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Une publication qui intervient alors que la directive de l’UE visant à prévenir et combattre les violences faites aux femmes est en pleine phase de négociation interinstitutionnelle et après l’examen d’un projet de loi pour sécuriser l’espace numérique à l’Assemblée nationale.

Une prolifération des discours masculinistes sur les réseaux sociaux

Dans ce rapport, l’association et le think tank alertent sur le masculinisme qui est « profondément ancré dans les espaces numériques », devenus « peu accueillants et sécurisants » pour de nombreux utilisateurs, notamment les femmes et les personnes LGBTQIA+. Les masculinistes utilisent les réseaux sociaux grand public comme Facebook et X (ex-Twitter) et d’autres plus spécialisés, à l’image de Reddit et de Twitch, pour diffuser leurs discours de haine et trouver de nouveaux adeptes. 

Parmi eux figure notamment l’influenceur Andrew Tate, accusé de trafic d’êtres humains et actuellement assigné à résidence. Diffusant des discours antiféministes sur les réseaux sociaux, il a fini par en être banni l’année dernière. « Ce bannissement par les réseaux sociaux est donc possible. Néanmoins, il s’agit de s’interroger sur le temps de délai d’une telle sanction. Andrew Tate a pu exprimer ses discours masculinistes pendant de nombreuses années avant la réaction de censure des multinationales », reprochent Equipop et l’IGG.

Des cyberviolences aux conséquences graves

Les masculinistes utilisent divers outils et moyens pour intimider leurs victimes, dont le cyberharcèlement, le raid numérique (harcèlement mené par plusieurs personnes contre une seule cible) ou encore la divulgation de photos ou de vidéos sans le consentement de la personne. « Ces violences peuvent entraîner de graves conséquences sur la santé mentale, la vie sociale, privée et intime des victimes. Elles peuvent également pousser les victimes au suicide », alertent l’association et le think tank.

Elles reprochent aux entreprises du numérique de ne pas faire de la lutte contre les cyberviolences à l’égard des femmes et des personnes LGBTQIA+ une priorité. « De plus, si les masculinistes trouvent un espace de développement en ligne, cela est dû en ligne au marché lucratif qu’ils représentent pour les entreprises des réseaux sociaux, notamment via les influenceurs masculinistes. La haine est source de profit en ligne », indique le rapport.

Estimant que les dispositions de l’UE « sont loin d’être suffisantes » pour réguler l’espace numérique et lutter contre les violences, Equipop et l’IGG l’appellent à prendre des mesures fortes pour protéger ses citoyens. Ils recommandent entre autres que le Vieux Continent renforce l’intégration de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et la lutte contre les discours masculinistes dans les politiques publiques du numérique et régule les multinationales du numérique et technologiques. Ils lui suggèrent également de sensibiliser les citoyens à ce type de discours et de leur donner les moyens d’agir.

À lire aussi

Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
Pour aller plus loin