Voilà 17 ans que l’on attend le retour de la saga de jeux vidéo DBZ Budokai Tenkaichi. Nous avons eu la chance de jouer longuement à Dragon Ball Sparking! Zero avant sa sortie, et voici notre verdict.
La rencontre entre le manga Dragon Ball et les jeux vidéo résonne comme une évidence depuis 1986, année de lancement de la série animée au Japon. Pourtant, rares sont les adaptations de l’œuvre d’Akira Toriyama à avoir été saluées à l’unanimité.
En 2018, Dragon Ball FighterZ a mis la barre si haut qu’aucun de ses successeurs ne s’est révélé en mesure de discuter sa suprématie. Calibré pour répondre à la fois aux exigences des fans de la franchise et à celles des adeptes de jeux de combat, le titre impressionnait aussi par ses visuels calqués de manière bluffante sur ceux de l’anime. Difficile de rivaliser avec une adaptation aussi réussie… à moins d’aller là où même le titre d’Arc System Works n’avait osé s’aventurer.
La renaissance de DBZ Budokai Tenkaichi
Bien avant la sortie de Dragon Ball FighterZ, une autre adaptation était déjà parvenue à décrocher la mâchoire des inconditionnels de la licence. Nous sommes alors en 2005 et l’éditeur Bandai Namco cherche un moyen de tourner la page Dragon Ball Z Budokai.
Au regard des possibilités offertes par la PlayStation 2, il semble désormais envisageable de viser un gameplay en 3D beaucoup plus ambitieux qui se rapprocherait des affrontements virevoltants entre Super Saiyans décrits par maître Toriyama dans les pages de son manga.
Dragon Ball Z: Budokai Tenkaichi ose alors propulser les combats dans des zones en 3D complètement démesurées. Les confrontations gagnent en verticalité et se prolongent aussi bien sur terre que dans les airs ou sous la surface des flots. Il y aura clairement un avant et un après DBZ Tenkaichi en termes de proposition.
Car il est le premier à être parvenu à retranscrire aussi bien la sensation de vitesse et la liberté de mouvement ressenties en visionnant la série animée. Ses deux suites reprendront dignement le flambeau en 2006 et 2007… puis silence radio.
Le pari fou de Dragon Ball Sparking! Zero
Reprenant enfin son appellation d’origine japonaise, Dragon Ball Sparking! Zero tente le pari fou de ressusciter la branche des Tenkaichi avec les moyens d’aujourd’hui. Tout ce qui avait fait la force des premiers volets se voit conservé dans cet épisode de 2024 qui ajoute un rendu visuel encore plus fidèle à l’anime, sans aucune comparaison possible avec les trois premiers opus.
En dépit de certaines imperfections liées au manque de finesse des environnements (les combats sous l’eau en sont le meilleur exemple), jamais un jeu vidéo adapté de Dragon Ball n’était parvenu à se rapprocher autant de la série animée. Car le studio Spike Chunsoft a mis un point d’honneur à concevoir des décors très largement destructibles, d’où la difficulté de les rendre à la fois crédibles et fonctionnels.
D’autant que la taille des zones est proprement stupéfiante. Cela explique aussi la décision de limiter les combats en écran partagé à un décor unique (la salle de l’esprit et du temps) afin que le jeu reste suffisamment lisible durant les joutes apocalyptiques en local.
S’ils souhaitent mettre à l’épreuve les résultats de leur entraînement, les joueurs sont donc invités à participer aux matchs en ligne ou à tenter de remporter les très nombreux championnats inspirés de la série.
Les règles se renouvellent habilement tout en multipliant les clins d’œil au manga, le titre faisant preuve d’un respect presque maladif envers l’œuvre de Toriyama. Les joueurs les plus attentifs ne manqueront pas d’apprécier le fait que les projections varient par exemple en fonction de la nature de l’ennemi ou de l’évolution des capacités du personnage.
Respect et souci du détail
L’envie de coller au plus près au matériau d’origine est visible dans chacun des aspects de cette adaptation. Elle explique aussi le découpage choisi pour aborder une tâche aussi pharaonique que celle qui consiste à transposer 40 années d’un manga en constante évolution dans un jeu vidéo.
Cette solution paraît d’ailleurs la plus logique lorsqu’on y réfléchit sérieusement. Plutôt que de saboter entièrement l’équilibre des chances en permettant aux personnages les plus puissants d’accéder à la totalité de leurs aptitudes, les concepteurs ont préféré les fractionner en une multitude de déclinaisons.
C’est la raison pour laquelle un protagoniste comme Son Goku se décline en plus d’une dizaine de variantes distinctes qui ont chacune leurs spécificités. Et même si les formes les plus évoluées du Super Saiyan ont la possibilité de se transformer, l’écart des forces reste maîtrisé.
Mieux encore, cela permet au mode scénarisé de retenir l’attention du joueur, impatient de découvrir quelles seront les attaques spéciales accessibles dans telle ou telle variante de son personnage préféré. Pour parvenir à résumer des décennies d’évolution condensées en huit scénarios, Dragon Ball Sparking! Zero se veut impitoyablement expéditif.
D’un côté, il est extrêmement frustrant de voir l’histoire avancer aussi rapidement, sans vraiment s’arrêter sur les moments cruciaux. De l’autre, ce choix semble inévitable pour retracer la totalité des arcs de la série, depuis l’arrivée des Saiyans sur Terre jusqu’au dénouement de Dragon Ball Super en version animée.
Pour la première fois, tous les protagonistes ont accès à l’ensemble de leurs transformations respectives, jusqu’aux plus récentes. Cela inclut même les différentes formes imaginées par le biais des films et de la série Dragon Ball GT. Un bon moyen de satisfaire tout le monde, même si l’on aurait évidemment adoré que le jeu propose des épisodes scénarisés pour tous les personnages jouables.
Un défi inenvisageable, sachant que leur nombre atteint le seuil faramineux de 182, sans compter les quelques surprises prévues en DLC (contenu téléchargeable). Pour l’anecdote, ce quota n’a pas été choisi au hasard : il correspond au nombre de participants aux éliminatoires du 22ᵉ tournoi des arts martiaux mentionné dans les pages du manga.
Jouer technique ou à l’instinct
La grande force de Dragon Ball Sparking! Zero réside dans la façon dont il reprend le gameplay universel de Budokai Tenkaichi pour s’adresser à tous les publics. Comment trouver le juste compromis entre technique et accessibilité pour satisfaire aussi bien les fans de la franchise que les inconditionnels de jeux de combat ? En offrant deux approches distinctes et complémentaires qui, une fois maîtrisées, révèlent de vraies subtilités.
La rapidité avec laquelle on accumule le ki pour enchaîner les attaques spéciales permet ainsi aux néophytes de se régaler immédiatement en reproduisant les pouvoirs les plus spectaculaires de l’anime. Mais le niveau de maîtrise requis pour utiliser correctement les contres et s’imposer lors des confrontations au corps-à-corps apporte juste ce qu’il faut de technique pour répondre aux attentes des joueurs chevronnés. En clair, chacun est libre d’adopter le style qui lui convient le plus et l’ensemble regorge de possibilités, comme les attaques à distance qui s’entrechoquent ou les différents types de contres prévus pour s’extirper de n’importe quelle situation.
Si l’on peut venir à bout des scénarios principaux en se limitant aux techniques les plus instinctives, le niveau de maîtrise exigé augmente progressivement lorsqu’on s’intéresse aux histoires alternatives. Car le titre intègre quelques surprises dans le déroulement des différents arcs, sous la forme d’embranchements à déverrouiller suivant des conditions bien précises. On a beau connaître la série sur le bout des doigts, on se laisse forcément surprendre par ces choix étonnants qui débouchent parfois sur des variantes amusantes de l’histoire principale.
Une expérience 100 % personnalisable
En intégrant un maximum d’éléments relatifs à l’anime Dragon Ball Super, le titre vise une exhaustivité inédite dans le domaine des adaptations de la franchise en jeu vidéo – même si les plus attentifs ont déjà relevé l’absence (au lancement) de certains personnages secondaires qui étaient pourtant jouables dans DBZ Budokai Tenkaichi 3. Et ce contenu gargantuesque donne forcément envie de mettre en scène des combats improbables, encore jamais vus dans la série.
C’est précisément ce que permet de faire le mode Combats personnalisés en nous donnant les moyens de façonner nos propres batailles pour les partager en ligne avec la communauté des joueurs. Un bon moyen de prolonger les défis à l’infini, au-delà des matchs online et des championnats. D’autant que le magasin regorge de tenues supplémentaires à débloquer pour personnaliser l’apparence de nos héros, sans parler des capsules à équiper en guise d’accessoires et des vœux réalisables en invoquant les dragons à l’aide des sept boules de cristal (les fameuses Dragon Balls).
Incluant les indispensables voix japonaises ainsi qu’un assortiment de compositions soignées, mais quelque peu hors sujet, le jeu aurait mérité d’intégrer directement les musiques originales de l’anime, plutôt que de les proposer via un DLC payant. Il sera intéressant de voir dans quelle proportion les joueurs se montreront intéressés par cet ajout pour revivre au plus près les temps forts de la série animée. En espérant que cette liste laissera surtout une place de choix aux thèmes imaginés par Shunsuke Kikuchi pour DBZ et pas seulement aux génériques les plus connus.