Jusqu’au 12 janvier prochain, les visiteurs du musée d’Orsay peuvent découvrir l’œuvre de la peintre norvégienne Harriet Backer et celle de la photographe française Céline Laguarde.
Le musée d’Orsay ouvre sa saison 2024-2025 avec deux expositions sur des femmes artistes méconnues malgré l’influence qu’elles ont exercée sur leur médium. De fait, Harriet Backer et Céline Laguarde, respectivement peintre et photographe, se sont imposées comme des figures incontournables de la scène artistique de leur époque avant de sombrer dans l’oubli. Avec La Musique des couleurs pour la première et une rétrospective éponyme pour la seconde, le musée parisien rend ainsi hommage à leur parcours.
Harriet Backer, une peintre engagée
Harriet Backer, d’abord, est méconnue du public français. Pourtant, elle était contemporaine d’Édouard Manet, d’Auguste Renoir ou encore de Paul Cézanne, et s’est imposée comme une artiste importante du mouvement impressionniste et même comme la peintre la plus renommée en Norvège à la fin du XIXe siècle. Ses toiles, qui se distinguent par la profondeur des couleurs utilisées, donnent à voir tantôt des scènes d’intérieur, tantôt des paysages réalisés en plein air. Les pièces rustiques côtoient ainsi les natures mortes, les églises traditionnelles se juxtaposent aux séquences musicales. À la lisière du réalisme, elles témoignent toutes d’une étude attentive sur le motif.
En outre, par son engagement, Harriet Backer a exercé une influence pérenne sur la scène artistique de son époque. De retour en Norvège, après s’être formée à Munich et à Paris, elle a notamment ouvert une école mixte de peinture qui est rapidement devenue la plus prestigieuse du pays jusqu’à l’ouverture de l’académie des beaux-arts. La peintre a également fréquenté un cercle de femmes artistes scandinaves parmi lesquelles on compte Kitty Kielland, paysagiste et militante pour les droits des femmes avec qui elle partageait un logement-atelier.
L’exposition du musée d’Orsay, première rétrospective à lui être consacrée en France, retrace cette existence singulière à une période où les femmes n’étaient pas considérées comme des citoyennes à part entière. Au fil du parcours, les visiteurs découvrent l’évolution de sa pratique, tant sur le fond que dans la forme.
Céline Laguarde, une photographe d’avant-garde
En parallèle à La Musique des couleurs, le musée présente une autre rétrospective. Celle-ci s’intéresse à Céline Laguarde qui, au début du siècle dernier, jouissait d’une notoriété internationale. De fait, la photographe française s’est illustrée dans le mouvement pictorialiste, le premier de l’histoire du médium, et est parvenue à un degré de reconnaissance alors jamais atteint en France depuis l’invention du boîtier.
L’exposition, également la première à lui être consacrée, réunit plus de 130 épreuves originales issues de son fonds personnel, qui n’avait encore jamais été montré au grand public. S’adonnant aussi bien aux portraits, aux études de figures qu’aux paysages, Céline Laguarde faisait preuve d’une réelle maîtrise des procédés pigmentaires, techniques de tirage qui parmi les plus complexes.
Afin de créer un dialogue, les productions de la photographe sont mises en regard avec celles de ses contemporains, masculins et féminins. Au fil des salles se dessinent alors des constances malgré les évolutions ou des spécificités qui définissent toute l’originalité de sa pratique.