À l’occasion des 20 ans du film Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, nous nous sommes rendus pour la première fois au Studio Tour Harry Potter. Suivez-nous dans cette visite au cœur de l’univers du célèbre sorcier.
Harry Potter est un phénomène planétaire. Mais ça, vous le saviez déjà. Et ce n’est pas la série qui se profile à l’horizon qui va calmer l’engouement. En effet, J.K. Rowling a créé un monde persistant, qui a subsisté physiquement jusqu’à aujourd’hui. Car au-delà des livres, Harry Potter, c’est aussi huit films au succès retentissant qui ont nécessité pas moins de 588 décors en dix ans de tournage.
L’essence même d’un décor (set) de cinéma est d’être temporaire. Néanmoins, les derniers tomes de la saga étaient loin d’être bouclés quand le premier long-métrage est sorti, en 2001. Le studio Warner Bros. de Leavesden (où l’ensemble des films a été tourné) a donc jugé sage de garder tous les décors, dans le cas où ils pourraient resservir. Ce qui n’a évidemment pas manqué d’arriver, notamment pour la maison des Dursley ou encore les nombreux éléments de l’école Poudlard.
Cependant, le sorcier est devenu une icône majeure de la pop culture bien avant la fin de ses péripéties au cinéma, en 2011. Plutôt que de détruire tous les décors, la Warner a flairé le bon coup en créant le Studio Tour Harry Potter, transformant ainsi en exposition permanente deux des nombreux halls qui ont servi aux tournages de ces longs-métrages (et bien d’autres). Pour découvrir ce monde magique, c’est donc à ce studio Warner Bros. de Leavesden qu’il faut se rendre, à une petite heure de route de Londres. Notez au passage que les autres halls sont toujours actifs et accueillent donc encore des tournages.
Un tour qui vaut le détour
À l’occasion des 20 ans du film Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, le Studio Tour accueille de nouvelles zones dédiées à ce film très particulier. Il est en effet le pivot de la saga, avec un ton plus sombre que les deux premiers. Il avait d’ailleurs été confié au réalisateur mexicain Alfonso Cuarón, après les deux premiers au ton un peu plus léger, signés Chris Columbus, le grand spécialiste des films de Noël.
Le fait de proposer des nouveautés est une pratique courante pour le lieu. Le but ? Donner un prétexte aux amateurs de la franchise pour revenir. Nous avons profité de cet anniversaire pour visiter l’endroit pour la première fois et partager avec vous une expérience, disons… magique.
Nous adorons le monde d’Harry Potter, avons vu les films plusieurs fois et dévoré les livres en français puis en anglais, mais nous devons reconnaître que nous n’étions pas conquis d’avance par le concept de ce Studio Tour. Pour un public français, du moins. La proposition de flâner dans de vastes zones de milliers de mètres carrés bourrées de costumes, de décors, d’accessoires et d’objets en tout genre ayant servi aux tournages est évidemment séduisante pour tout fan qui se respecte.
En revanche, nous étions plus sceptiques quant à l’idée de dépenser le prix de la traversée, le logement à Londres et l’entrée du Tour en lui-même pour une « simple » exposition. Aussi grande fut-elle. Mais autant ne pas faire durer le suspense : nous avions tort. Et dans les grandes largeurs. Après une journée à arpenter le lieu en long, en large et en travers, nous en sommes sortis ensorcelés.
Magic is in the air
C’est que le lieu est magique. Et cette magie commence à opérer avant même d’avoir posé un pied dans les halls. À l’entrée, le visiteur est accueilli par trois belles et grandes statues représentant des pièces de jeu d’échecs, celui du premier film Harry Potter. Une scène iconique à plus d’un titre, ne serait-ce que parce que Ron y est mis en valeur pour la première fois et qu’elle fait partie du climax assez haletant qui mène jusqu’à la fin de cet opus initial. Une entrée en matière particulièrement à propos, tant cette séquence est restée gravée dans la mémoire de tous les fans – mais qui reste un simple amuse-bouche comparé à la suite.
Dès le grand hall, qui sert de point d’accueil, un dragon majestueux, menaçant et surtout grandeur nature, souhaite la bienvenue aux visiteurs. Suspendu au plafond, ce Norvégien à crête d’une bonne vingtaine de mètres d’envergure, issu du quatrième film, donne le ton. Malgré sa taille, sa conception profite d’un niveau de détails assez bluffant.
Bienvenue à Poudlard
Après ce hall, pas de répit, la suite de la visite nous emmène directement dans le célèbre réfectoire de Poudlard. En pénétrant dans la Grande Salle, on est tout de suite saisi par ses dimensions impressionnantes. C’est l’un des premiers décors construits pour le tournage et il a servi dans tous les films, à l’exception des Reliques de la mort – partie 1.
Levez les yeux et vous apercevrez d’immenses flambeaux accrochés aux murs. Pas de simples accessoires, non, ils fonctionnent vraiment. Chacun arbore fièrement les couleurs de l’une des quatre maisons. À propos de maisons, impossible de manquer les fameux sabliers qui comptabilisent leurs points, juste derrière la table des profs.
Un mécanisme ingénieux, spécialement créé pour le premier film. À l’intérieur, on trouve des dizaines de milliers de petites perles en verre importées d’Inde. Il y en a tant qu’une rumeur circule sur le fait que la production du film aurait carrément créé une pénurie dans le pays tant elle en a acheté.
Sur la scène de la Grande Salle, on peut aussi apercevoir une chorale d’élèves avec leurs crapauds musicaux sous le bras. À leur gauche, ce sont les tenues des professeurs Dumbledore, Rogue et McGonagall. Comme pour le décor, il s’agit bien des costumes et accessoires qui ont vraiment servi pour les tournages.
20 ans d’Azkaban, ça se fête
Pour le reste, nous n’allons bien sûr pas vous raconter tout le Tour en détail, histoire que vous gardiez quelques surprises pour une éventuelle (re)visite. Attardons-nous juste un instant sur les principales nouveautés introduites à l’occasion des 20 ans du long-métrage Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban.
Le Studio Tour nous offre une véritable expérience au cœur du troisième film de la saga. Nous radotons, mais les décors sont bluffants de réalisme, la scénographie soignée et les petites anecdotes de tournage passionnantes. Mais la grande nouveauté de cette année reste l’impressionnante reconstitution de la classe de divination de la professeure Trelawney, visible pour la toute première fois par le public.
En pénétrant dans cette pièce mystérieuse, on a l’impression de se retrouver aux côtés de Harry, Ron et Hermione lors de leur cours avec l’excentrique professeure. Les décorateurs se sont inspirés de l’ambiance feutrée des salons de thé indiens et moyen-orientaux. Des tentures rouges habillent les murs, des poufs en velours colorés et de nombreux tapis orientaux recouvrent le sol. Une lumière tamisée, provenant de lanternes arabesques, baigne la pièce d’une atmosphère que l’on suppose propice à la transe divinatoire.
Le clou du spectacle est sans nul doute l’impressionnante tour de tasses à thé, s’élevant sur pas moins de 28 étages. Elle contient plus de 500 tasses dépareillées, chinées dans des brocantes du monde entier par l’équipe de production. On peut aussi admirer de près celle utilisée par Harry dans le film, une pièce rare fabriquée au Japon au XIXᵉ siècle. Les fans les plus observateurs repèreront même la tasse du Sinistros, sombre présage annonciateur des ennuis à venir pour le jeune sorcier.
Et qui dit troisième film, dit Remus Lupin. Le professeur des forces du mal a le droit à une reconstitution de sa salle de cours. Ici, crânes, créatures sous cloche et objets ésotériques s’entassent dans une joyeuse pagaille. La pièce maîtresse est bien sûr la superbe armoire de l’épouvantard, chef-d’œuvre d’ébénisterie de style art nouveau.
L’anecdote de tournage la plus intéressante concernant ce décor est la suivante : les enfants qui campent Harry Potter et ses camarades de classe n’étaient pas au courant qu’Alan Rickman – l’acteur incarnant Severus Rogue – allait sortir de l’armoire habillé en femme, soit l’incarnation du pire cauchemar de Neville. La réaction de surprise des petits comédiens captée par la caméra était donc on ne peut plus authentique.
L’artisanat, cette sorcellerie méconnue
Ce ne sont là que quelques exemples, certes marquants, des reconstitutions de décors que contient l’endroit. Surtitré « The Making of Harry Potter », le Studio Tour est exactement cela : une version incroyablement aboutie d’un making of. Nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises : ce qui nous a systématiquement frappés lors de notre visite, c’est le niveau de détail assez hallucinant de chaque bout de décor, de vêtement ou d’accessoire. Même quand l’élément en question n’est visible qu’une fraction de seconde à l’image.
La visite vaudrait rien que pour le « maquillage » des costumes, qui affichent un niveau de sophistication qui nous a laissés pantois. Ils permettent à eux seuls de se rendre compte du niveau de perfectionnisme de la production dans son ensemble.
Pour donner vie à tous ces petits éléments qui insufflent plus de consistance et de crédibilité à un monde imaginaire une fois à l’écran, il faut des centaines d’artistes. Ici, pas d’industrialisation possible. Chaque élément est fait à la main, avec un vrai savoir-faire. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir créer un décor en carton-pâte de la banque de Gringotts si réaliste qu’on a réellement l’impression que les murs sont faits de marbre même en collant le nez dessus.
C’est l’un des seuls endroits où l’on peut voir le travail colossal d’une équipe de cinéma étape par étape. Par sa longévité, Harry Potter est clairement une saga à part dans l’histoire du 7ᵉ art. Le talent de tous les artistes qui ont œuvré sur les films n’est évidemment pas propre aux aventures cinématographiques du sorcier. Ils ont travaillé sur bien des productions avant et depuis. Mais leur art est par essence éphémère.
Depuis les débuts du cinéma, chaque décor, qui nécessite parfois des centaines d’heures de travail d’une équipe entière, est voué à la destruction sitôt le tournage terminé. Aussi, ce Studio Tour est le seul lieu au monde – à notre connaissance – qui rend un tel hommage à leur talent. Avant cette visite, nous nous demandions parfois dans quoi pouvaient bien passer les dizaines de millions de dollars nécessaires à la production d’un blockbuster. Maintenant, nous savons.