Avec ce nouveau livre de Michael McDowell publié en France, la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture continue de proposer les œuvres les plus marquantes de l’auteur.
Avec Katie, la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture continue de faire connaître l’œuvre, en France, de l’auteur Michael McDowell, décédé en 1999. Après la grande saga Blackwater et le fascinant Les Aiguilles d’or, c’est au tour du livre Katie, écrit en 1982, d’apparaitre dans nos contrées.
Thriller aux ambiances horrifiques particulièrement sanglant, Katie traite de la cupidité aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et oppose deux antagonistes dans une chasse à la femme commune, questionnant sans cesse le rapport entre la proie et la chasseuse. Le livre est particulièrement prenant, intense et — comme avec le reste de l’œuvre de McDowell — s’impose comme un page turner instantané.
En 1871, la jeune adulte Philo Drax apprend que son grand-père est fortuné et demande à la voir. Il est sous l’emprise de sa belle-fille et craint pour sa vie. Désireuse de rencontrer son grand-père et de sécuriser son héritage, Philo quitte sa ville natale pour essayer de sauver un grand-père malade. Sur place elle fait la rencontre des Slape et de leur fille, Katie, aux capacités divinatoires surprenantes…
Une fois le postulat posé, Katie révèle toute sa complexité et sa richesse. Le livre est une œuvre sur l’échec, sur la détresse et sur la misère. Malgré ses efforts, Philo échoue, constamment, à cause de l’action des Slape. Dès le début du roman, la supériorité malfaisante des antagonistes vient mettre à mal toute idée du bonheur ou de bienveillance. Katie est un livre dense, qui déroule son intrigue en suivant ses personnages sur une longue période et à travers différentes villes des États-Unis.
Meurtres aux États-Unis
Que faire pour l’argent à une époque où un simple dollar garantit une survie de plusieurs jours ? En plus de baser toutes ses thématiques sur la cupidité, Michael McDowell ne s’empêche pas également de parler de la condition humaine dans ses pires travers. Les actions sont autant motivées par l’argent que par la jalousie, la colère, la frustration, ou l’égo.
Au cœur du livre se trouvent Philo et Katie, deux jeunes filles du même âge que tout oppose et qui se lancent dans une traque mutuelle pour arriver à leur fin. L’ouvrage, présenté comme un Sweeney Todd au féminin et un Hitchcock, est aussi violent que sanglant. Meurtres, vols, trahisons, accidents et perfidité sont au rendez-vous, à mesure que les deux personnages principaux embrassent leur nature profonde (dans le bien ou dans le mal). Katie, armée d’un marteau et de certains dispositions pour l’occulte, est effrayante. Philo, débrouillarde et maligne, est attachante au possible.
Le style de Michael McDowell est d’une efficacité redoutable. En quelques descriptions, il pose les décors et les enjeux de ses scènes, décrit les relations entre les personnages et immerge le lecteur dans son ambiance crépusculaire et macabre. Sans jamais perdre le fil, il parvient à faire co-exister plusieurs arcs narratifs, avec authenticité et crédibilité.
Katie est un roman complet. Entre ses personnages, son jusqu’au-boutisme dans l’horreur — certaines séquences sont très graphiques — et ses nombreux retournements de situation, il parvient à proposer une histoire aussi ludique que passionnante, raconte autant les États-Unis que le XIXe siècle et traite de la condition humaine avec un rapport à l’effroi et à l’échec digne des meilleurs thrillers façon Penny Dreadful.
Une œuvre magnétique, qui donne toujours envie de suivre Monsieur Toussaint Louverture dans leur volonté de publier Michael McDowell en France. En attendant les suivants, avec hâte !