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Vous avez aimé Suzume ? Retour sur les films de Makoto Shinkai qu’il faut avoir vus

03 avril 2024
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Le film Suzume est disponible depuis le 2 avril en DVD et Blu-ray
Le film Suzume est disponible depuis le 2 avril en DVD et Blu-ray ©Makoto Shinkai

Révélé au grand public avec le succès hors normes de Your Name, le réalisateur Makoto Shinkai est pourtant un individu humble et discret, à l’image des personnages qui habitent ses films. La sortie de son dernier chef-d’œuvre Suzume en vidéo le 2 avril nous donne l’occasion de revenir sur les autres étapes clés de son parcours, moins médiatisées.

Rapidement pressenti comme digne d’incarner l’animation japonaise après Miyazaki et le studio Ghibli, Makoto Shinkai n’a de cesse d’éblouir le public avec des films toujours plus grandioses et poétiques. Il y a dans ces derniers une sorte de mélancolie rêveuse qui les rend à la fois immédiatement identifiables et propices à l’introspection. Au fil de ses longs-métrages, le réalisateur nous parle du passé, du temps présent, de l’éloignement et de la force des liens tissés entre les individus.

Pourtant, si Your Name ou Les Enfants du temps sont bien connus des passionnés d’animation japonaise, les premiers travaux de l’artiste ne peuvent compter que sur un bouche-à-oreille beaucoup plus confidentiel. C’est pourquoi nous avons choisi de revenir ici sur les courts, moyens et longs-métrages moins médiatisés qui méritent une attention toute particulière dans sa filmographie.

The Voices of a Distant Star

Bien que réalisé en 2002, le court-métrage The Voices of a Distant Star a d’abord été découvert par le public français dans le sillage de la sortie du film 5 Centimètres par seconde, cinq ans plus tard. Les deux œuvres étaient réunies dans un coffret DVD qui avait le bon goût d’inclure le très court métrage de 5 minutes Elle et son chat (1999), l’une des premières expérimentations de Makoto Shinkai dans le domaine de l’animation. Ce projet singulier, dans lequel le narrateur n’est autre que le chat lui-même, lui avait valu un prix et un début de reconnaissance au Japon. Aujourd’hui, on peut retrouver The Voices of a Distant Star dans le coffret anthologie regroupant cinq films du réalisateur.

The Voices of a Distant Star (2002)©Makoto Shinkai

Bien que sa durée ne dépasse pas les 25 minutes, le court-métrage The Voices of a Distant Star est un passage obligé pour qui veut tenter de se placer dans la tête de Makoto Shinkai. En plaçant son histoire dans le futur, ce film donne presque l’impression de vouloir s’inscrire dans un récit de science-fiction, alors qu’il se concentre exclusivement sur les sentiments de ses personnages. Ainsi, dès 2002, les tourments liés à l’éloignement (physique et temporel) entre deux êtres épris l’un de l’autre semblent au cœur des préoccupations du réalisateur.

The Voices of a Distant Star (2002)©Makoto Shinkai

Car, en 2046, même les e-mails ne parviennent pas à traverser l’espace suffisamment vite pour permettre à Mikaku et Noboru d’entretenir une relation épistolaire. Elle est partie en mission à bord d’une navette. Lui l’attend sur Terre désespérément. Mais tous deux se languissent de devoir patienter une éternité que la transmission de leurs échanges aboutisse. Y a-t-il encore un espoir pour eux de se retrouver ? Makoto Shinkai explique avoir créé son histoire à partir d’un croquis où il avait représenté une jeune fille assise dans un cockpit et tenant un téléphone portable. De là est née la question de savoir si les sentiments pouvaient traverser l’espace-temps. Ce petit film réalisé en solo porte déjà les germes de toute sa filmographie à venir !

La Tour au-delà des nuages

Dans une réalité uchronique, le Japon se remet difficilement de la défaite de 1945 et se voit partagé en deux. Une moitié est occupée par l’Union, l’autre est sous influence américaine. Visible depuis n’importe quel point du pays, une tour vertigineuse s’élève jusqu’à une hauteur inimaginable. Il est d’ailleurs impossible d’en apercevoir le sommet et son rôle reste un mystère pour la population.

Tout cela fascine le jeune protagoniste Hiroki et ses deux amis d’enfance qui vont alors construire un engin capable de s’envoler assez haut pour tutoyer les nuages. Mais la disparition subite de Sayuri, si chère au cœur de Hiroki vient tout remettre en question.

La Tour au-delà des nuages (2004)©Makoto Shinkai

La Tour au-delà des nuages est le premier film que Makoto Shinkai réalise avec le soutien d’une équipe et sa durée (1h30) illustre bien son caractère ambitieux. Les interrogations se bousculent tout au long de cette histoire qui met en jeu des thèmes pour le moins abstraits : une jeune fille qui doit rester en léthargie pour sauver le monde, un monde qui « rêve » une infinité de réalités potentielles, une promesse qui ne peut être tenue qu’au prix d’un immense sacrifice… Ce long-métrage mérite plusieurs visionnages et reflète toujours la mélancolie poétique de son réalisateur.

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5 cm Per Second

En l’espace de 60 minutes, Makoto Shinkai concentre dans son film Cinq Centimètres par seconde tout ce qui traduit la souffrance de deux êtres séparés par la vie, mais aussi celle des amours impossibles. Les trois parties qui le composent suivent l’évolution des sentiments de Takaki et Akari, de leur enfance à la vie active, ainsi que ceux d’une autre jeune fille éprise du garçon. Dès les premières minutes, on devine que ce duo d’adolescents sensibles et amoureux fera tout pour se retrouver malgré l’éloignement et les aléas de la vie. Pourtant, rien n’est réellement exprimé entre les deux jeunes gens et leurs retrouvailles semblent illusoires.

La bande annonce de 5 Centimeters Per Second

En termes d’ambiance, Makoto Shinkai réussit à sublimer la banalité du quotidien, comparant par exemple les flocons de neige à la chute des fleurs de cerisiers au cœur du printemps. C’est d’ailleurs la vitesse à laquelle ces pétales tombent sur le sol qui donne son nom au film. Une manière d’ajouter de la poésie à une histoire qui pourrait, au fond, être celle de n’importe qui. Avec en filigrane la fascination pour l’exploration spatiale et la beauté de l’élément marin, cet agrégat d’histoires courtes explore les différentes expressions du bonheur à travers des sentiments parfois contrariés.

©Makoto Shinkai

Le thème musical One more Time, One more Chance interprété par Masayoshi Yamazaki, renforce aussi la beauté de l’instant en rendant ce film inoubliable malgré la simplicité de son propos. Dans une interview proposée sur le livret du DVD, Makoto Shinkai exprime en ces termes l’importance que revêt ce film à ses yeux : « L’inspiration de 5 Centimeters Per Second m’est venue lors de mes deux précédentes œuvres. Je savais enfin quelle histoire je souhaitais raconter et comment. Peu importe qu’elle soit courte, je voulais créer l’œuvre parfaite. »

On comprend mieux pourquoi le visionnage chronologique des films du réalisateur donne autant le sentiment de suivre l’évolution d’un schéma de pensée qui se cherche. Mais ce que Shinkai ignore à ce moment-là, c’est qu’il est encore loin d’avoir trouvé l’aboutissement de son expression personnelle sur le plan créatif.

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Voyage vers Agartha

Très différent des autres œuvres de la filmographie de Makoto Shinkai, Voyage vers Agartha est le film qui se rapproche le plus des longs-métrages d’animation du studio Ghibli. Même si le réalisateur se dit gêné à l’idée que l’on puisse le comparer au maître Hayao Miyazaki, il fait pourtant bel et bien partie de la relève de l’animation japonaise, au même titre que Mamoru Hosoda à qui l’on doit Belle, Summer Wars, La Traversée du temps ou Les Enfants Loups.

Bande annonce de Voyage vers Agartha.

À sa sortie en 2011, Voyage vers Agartha surprend et divise une partie des fans de Makoto Shinkai. Certains n’adhèrent pas totalement à l’introduction du fantastique dans l’imaginaire du réalisateur qui ne peut défier frontalement Miyazaki sur son terrain de prédilection. Ce n’est cependant pas du tout l’intention de ce film, qui traite d’abord de la thématique du deuil.

Voyage vers Agartha (2011)©Makoto Shinkai

Agartha est le nom donné à un monde oublié qui serait la patrie des dieux. S’y rendre permettrait de redonner vie aux personnes disparues. Partagée entre sa confiance envers un professeur qui lui sert de guide et sa peur de l’inconnu, la jeune Asuna ne peut oublier sa rencontre avec un garçon mystérieux nommé Shun. Les presque deux heures que durent ce film ne sont pas de trop pour aborder tous les thèmes mis en jeu dans cette histoire passionnante de bout en bout.

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The Garden of Words

Avec The Garden of Words, le réalisateur s’intéresse à une autre forme d’amour contrarié : celui qui se tisse de manière invisible entre un collégien et une jeune femme dont il ignore l’identité. C’est d’ailleurs la découverte au compte-gouttes des informations liées au passé de cette femme singulière nommée Yukino qui rend ce film aussi captivant. L’histoire se résume pourtant à une succession de scènes se déroulant dans un parc, lieu de rencontre fortuit entre les deux protagonistes les jours de pluie. Makoto Shinkai fait preuve d’une grande délicatesse pour décrire cette relation qui ne souffre jamais du moindre sentiment de déjà-vu.

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Une reconnaissance mondiale

Les succès qui suivront (Your Name, Les Enfants du temps, Suzume) vont permettre à Makoto Shinkai de développer davantage sa vision personnelle à travers des projets moins intimistes et plus ambitieux. Désormais propulsé dans le cercle très fermé des grands noms de l’animation, il ne renie en rien ce qui a fait la singularité de sa filmographie de jeunesse et se lance dans des histoires destinées en premier lieu au public japonais.

Ainsi, Suzume confronte son héroïne au traumatisme d’un tremblement de terre ayant laissé des cicatrices indélébiles dans la mémoire du peuple japonais. Mais il le fait dans une démarche cathartique, afin d’aider le public à exorciser ses peurs dans un contexte d’incertitude permanente.

La bande annonce de Suzume, dernier chef-d’œuvre de Makoto Shinkai.

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