Critique

The Fall Guy : Ryan Gosling tombe à pic 

29 avril 2024
Par Robin Negre
Ryan Gosling dans “The Fall Guy”.
Ryan Gosling dans “The Fall Guy”. ©Universal

Le nouveau film de David Leitch offre à Ryan Gosling et Emily Blunt une comédie d’action en hommage au métier de cascadeur : simple, mais efficace.

Fin 2018, Ryan Gosling est à l’affiche de First Man de Damien Chazelle et continue son ascension spectaculaire à Hollywood, après les succès au même moment de Blade Runner 2049 (2017), La La Land (2016) et The Nice Guys (2016). Puis, l’acteur disparaît des plateaux et se fait quelque peu oublier.

Avec Barbie (2023) et maintenant The Fall Guy, Ryan Gosling prouve qu’il n’était pas parti bien loin et confirme son talent dans tous les genres de cinéma. Devant la caméra de David Leitch, il endosse le rôle d’un cascadeur brisé par la vie au sein d’une comédie d’action réjouissante.

Ryan Gosling dans The Fall Guy. ©Universal Pictures

Il faut dire que David Leitch aime s’entourer d’acteurs et d’actrices pour les pousser dans leurs retranchements physiques. Cet ancien cascadeur devenu réalisateur sur le premier John Wick (2014) a laissé de côté Keanu Reeves pour travailler avec Charlize Theron sur Atomic Blonde (2017), Ryan Reynolds sur Deadpool 2 (2018) et, plus récemment, Brad Pitt dans Bullet Train (2022). Ces films partagent un point commun : l’amour de la scène d’action lisible et travaillée et l’appétence pour la géographie complexe de l’action.

Avec The Fall Guy, il reste dans son domaine de prédilection, fait tomber Ryan Gosling dans toutes sortes de situations périlleuses et rend surtout hommage à sa première profession. The Fall Guy est avant tout la reconnaissance par Leitch du métier de cascadeur.

De l’action à toutes les sauces

The Fall Guy s’inspire d’une ancienne série intitulée L’Homme qui tombe à pic et suit le destin d’un cascadeur sur un tournage, rapidement mêlé à une conspiration criminelle. Entre comédie d’action, romance et film d’enquête, The Fall Guy mélange les genres, prétexte tout trouvé pour offrir à David Leitch une succession de décors et de situations rocambolesques.

Le cinéaste ne se refuse rien et fait évoluer son acteur au milieu d’explosions de voitures, de courses poursuites, de combats à main nue, d’affrontements à l’arme blanche et aux armes à feu, variant les lieux, les points de vue et les résolutions. Chaque scène d’action devient une petite histoire en elle-même, avec ses enjeux, ses personnages et sa construction minutieuse de l’introduction à la conclusion.

Emily Blunt dans The Fall Guy.©Universal Pictures

Si The Fall Guy reste moins explosif qu’Atomic Blonde – un film beaucoup plus premier degré et violent –, il n’en demeure pas moins que son statut de série B assumé dont il s’inspire lui permet de recourir aux nombreuses extravagances pour sortir Ryan Gosling de toutes les situations (ou presque).

Facile et prévisible, mais d’une efficacité plaisante. Cette dernière est d’ailleurs permise par l’implication d’un casting réjouissant : Ryan Gosling démontre son naturel pour le cinéma de comédie – bien que son retour au drame se fasse désormais attendre –, Emily Blunt garde une stature impériale malgré l’improbabilité des situations et Aaron Taylor-Johnson, dans un rôle antipathique à contre-emploi, s’amuse à chacune de ses apparitions.

Aaron Taylor-Johnson dans The Fall Guy.©Universal Pictures

Créé par un autre cinéaste, The Fall Guy aurait sans doute été un blockbuster classique comme il en existe trop. En imprégnant le film de son passé et de son héritage, David Leitch lui confère une authenticité certaine. Étant lui-même ancien cascadeur, la lettre d’amour est sincère, incarnée et sans aucune forme d’hypocrisie.

Le réalisateur se permet même plusieurs scènes très inspirées : l’introduction, un simple plan-séquence suivant Gosling dans son métier de tous les jours, offre à la profession une mise en lumière réjouissante.

Les limites du postulat

The Fall Guy est un spectacle franc qui s’apprécie instantanément grâce à son humour, son rythme et ses comédiens. Néanmoins, la liberté offerte par la série B a aussi ses limites : un peu vain dans sa finalité et manquant d’impact émotionnel, le film n’a peut-être pas les épaules suffisamment solides pour dépasser son statut.

Une simple lettre d’amour au métier de cascadeur sans consistance réelle ? À une époque où la profession demande une meilleure reconnaissance – à commencer par une catégorie aux Oscars, au moins –, The Fall Guy a le mérite de s’emparer du sujet et d’en traiter textuellement. La blague comme support, plutôt que le drame pour en parler, devient un moyen de créer directement un filet de sécurité pour les spectateurs : ce n’est que du cinéma.

Ryan Gosling dans The Fall Guy.©Universal Pictures

Le discours méta permet probablement à David Leitch de faire passer son propos. Après plusieurs années à militer pour la profession et pour l’action grâce à ses films – à nouveau, Atomic Blonde démontre bien de la complexité et de la beauté du métier de cascadeur –, le cinéaste a visiblement voulu s’emparer du sujet à bras le corps. Ainsi, The Fall Guy se transforme vite en lettre ouverte, directement adressée au public et à la profession.

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Seul, The Fall Guy passe pour un banal film d’action. En mettant en corrélation les artistes impliqués devant et derrière la caméra, ainsi que l’industrie hollywoodienne dans son ensemble, le film gagne en intérêt et en pertinence.

Début d’une franchise peut-être, confirmation que Ryan Gosling et Emily Blunt sont à l’aise dans la comédie, sûrement, mais affirmation, surtout, d’une thématique-fleuve dans le cinéma de David Leitch. Les cascadeurs méritent plus de crédit et de reconnaissance, David Leitch aussi, visiblement.

La bande-annonce de The Fall Guy.

The Fall Guy, de David Leitch, avec Ryan Gosling, Emily Blunt et Aaron Taylor-Johnson, 2h05, au cinéma le 1er mai 2024.

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