Alors que la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) pointe le bout de son nez, le Prix Marcel Duchamp a été remis lundi soir à l’artiste française Lili Reynaud-Dewar à l’issue d’une cérémonie au Centre Pompidou.
Toute la fine fleur de l’art contemporain est attendue à Paris ces jours-ci. Avant l’ouverture imminente de la FIAC au Grand Palais Ephémère (du 21 au 24 octobre), qui attire chaque année des dizaines de milliers de visiteurs, l’événement très prisé des galeristes, collectionneurs et musées à travers le monde est la remise du Prix Marcel Duchamp. Du nom du célèbre artiste anticonformiste connu pour ses œuvres ready-made – à l’instar de sa fameuse œuvre-urinoire Fontaine (1917) – qui ont jeté les bases de l’art contemporain, le Prix Marcel Duchamp met chaque année en lumière une figure montante de la nouvelle scène artistique française. Pour sa 21e édition, le Prix présentait quatre artistes, exposés au sein d’un seul et même espace du Centre Pompidou jusqu’en janvier prochain : Julian Charrière, Isabelle Cornaro – qui présentait cet été une exposition à la Fondation Pernod Ricard – Julien Creuzet, et Lili-Reynaud Dewar. C’est finalement cette dernière qui a remporté la prestigieuse distinction pour son projet autour du dernier jour du cinéaste italien Pier Paolo Pasolini, tragiquement assassiné sur une plage d’Ostie (Italie) en novembre 1975.
Une artiste résolument engagée
Le président du jury Xavier Rey, par ailleurs président du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, a souligné dans un communiqué « (…) l’universalité de la démarche, l’efficace critique institutionnelle et sociale, et surtout la prise de risque avec son propre corps (…) » que présente l’oeuvre de Lili-Reynaud Dewar. Installée à Grenoble, l’artiste plasticienne convoque dans ses performances et ses créations une certaine culture militante, nourrie par des figures telles que Joséphine Baker ou Jean Genet. Dans ses performances, son propre corps devient l’interface de luttes politiques et brouille les frontières entre intimité et politisation. Pour le Prix Marcel Duchamp, elle a présenté une installation vidéo constituée de quatre écrans interposés qui évoque les derniers jours de Pasolini, dont la mort coïncide avec l’année de sa naissance.
Crime abject, meurtre passionnel ou assassinat politique, la mort du réalisateur d’Accatone (1961) et Théorème (1969) reste, encore aujourd’hui, entourée de mystère. Lili-Reynaud Dewar a conçu cette installation chorale en faisant appel à ses proches, hommes et femmes mélangés, pour incarner les deux protagonistes des dernières heures de Pasolini : il en résulte une expérience troublante, où se superposent les voix, les couleurs, les tons et les gestes, et qui donne à voir une personnalité définitivement insaisissable.
Infos pratiques
Prix Marcel Duchamp 2021 – Les nommés, du 6 octobre 2021 au 3 janvier 2022 – Centre Pompidou, Galerie 4 – tous les jours de 11h à 21h, fermé le mardi – Billetterie par ici