On l’entend souvent, une grande partie des métiers de la prochaine décennie n’existe même pas encore. Les évolutions technologiques modernes transforment continuellement nos façons de faire, de travailler et d’apprendre. Mais pour aller où ?
Avec l’explosion de l’intelligence artificielle dans nos sociétés, il est évident que le monde est entré en plein milieu de sa quatrième révolution industrielle. Si le concept n’est pas nouveau, il n’aura jamais été autant d’actualité. Cette nouvelle ère s’accompagne de changements profonds, notamment dans le monde du travail. Nos métiers changent, évoluent, et même parfois se transforment pour en créer de nouveaux. Il est nécessaire de réagir à temps et de proposer des formations afin de ne pas être laissé sur le carreau.
Qu’est-ce que la 4e révolution industrielle ?
Depuis les années 2010, vous avez peut-être déjà entendu ce terme, ou celui d’industrie 4.0. Dans une étude publiée en 2021, l’Office européen des brevets (OEB) parlait de cette notion en ces termes : « Les précédentes révolutions industrielles se sont concentrées à remplacer les efforts physiques, qu’ils soient humains ou animaux, par des machines, et plus récemment avec des ordinateurs ; la 4e révolution industrielle va bien plus loin. » Pour l’organisme, nous nous dirigeons avec cette révolution vers une société guidée par les données.
La première révolution industrielle est apparue avec l’exploitation du charbon et l’apparition de la machine à vapeur au XVIIIe siècle ; la deuxième révolution industrielle a eu lieu avec l’apparition de l’électricité dans nos sociétés peu après. Une troisième révolution est arrivée après la Seconde Guerre mondiale, avec l’électronique, l’informatique et les télécommunications. Cette quatrième révolution industrielle, selon plusieurs définitions qui en sont faites, est une convergence de la production avec les technologies de l’information et de la communication. L’Internet des objets, la 5G ou encore, et même particulièrement, l’intelligence artificielle, sont considérées comme des technologies de la quatrième révolution industrielle.
Qui dit production, dit emplois, et donc métiers. Cette première partie des années 2020 nous questionne sur leurs évolutions à court terme, à l’horizon 2030. Vu les modifications et l’émergence de nombreux nouveaux métiers, entraînées par la numérisation de nos sociétés depuis le début du siècle, il est important dès aujourd’hui de comprendre et d’anticiper le futur proche. Nos métiers actuels sont d’ailleurs déjà en train de changer et l’approche qu’il faut en avoir évolue également.
85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore ?
Dès l’année 2017, l’Institute for the Future et Dell Technologies ont publié un rapport repris de nombreuses fois depuis, établissant que 85 % des emplois de 2030 n’existaient pas encore.
« Il n’existe pas de définition universellement reconnue des technologies considérées comme émergentes. Pour les besoins de cette étude, l’IFTF a exploré l’impact que la robotique, l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique, la réalité virtuelle (RV) et la réalité augmentée (RA), ainsi que l’informatique en nuage (Cloud Computing), auront sur la société d’ici 2030. Ces technologies, rendues possibles par des avancées significatives dans le domaine des logiciels, sous-tendront la formation de nouveaux partenariats homme-machine. » Voici ce qu’on pouvait lire au début de l’étude.
Et ces partenariats homme-machine, nous les voyons exploser ces dernières années, avec les tentatives autour du métavers, de la réalité virtuelle, augmentée ou mixte et, plus récemment encore, l’apparition des IA génératives et d’assistance (ChatGPT, Google Bard, etc). D’ailleurs, des chercheurs de l’une des plus grandes entreprises du secteur, OpenAI, ont publié un article plus tôt dans l’année estimant quels emplois étaient les plus exposés à des changements profonds avec l’arrivée de l’IA. Une quinzaine d’emplois ont donc été listés qui pourraient subir un fort impact de l’IA dans leur pratique. Nous retrouvons par exemple des métiers comme expert-comptable, analyste financier quantitatif, écrivain et auteur, ou encore concepteur d’interfaces web et numériques. S’ils ne sont pas considérés comme menacés (par l’étude, et non par les intéressés eux-mêmes), leur pratique devrait tout de même être profondément modifiée dans leur approche.
Si l’IA aura un impact significatif sur les métiers, l’évolution des technologies en général, associée aux enjeux socio-économiques du monde, entraînera l’émergence de nouvelles professions. Au début de l’année, l’organisme public France Compétences mettait à jour sa liste des métiers en particulière évolution et émergents. Parmi les sept nouveaux métiers à faire leur entrée sur la liste aux côtés d’architecte Internet des objets, animateur e-sport ou encore technicien en électronique, nous retrouvons par exemple ceux d’expert en digitalisation et exploitation des bâtiments ou de technicien en bioproduction.
Des métiers qui s’ajoutent à une longue liste de ce qu’on appelle les « métiers du futur », parmi lesquels se trouvent les experts en cybersécurité, les concepteurs d’assistants vocaux, les défenseurs d’identité numérique, les concepteurs de mondes numériques ou bien les spécialistes en énergies renouvelables.
Proposer une offre de formations suffisante pour éviter d’être en retard
Ces profils sont et seront de plus en plus recherchés dans les entreprises et les institutions publiques. Pour éviter tout retard ou tout dysfonctionnement, les sociétés doivent d’ores et déjà s’adapter en proposant notamment une offre de formation adaptée. En France, les métiers dits de la tech n’attirent pas encore suffisamment, provoquant des pénuries de main-d’œuvre, comme le montre une étude récente de l’Institut Montaigne. Le think tank préconise donc non seulement des formations, mais également des changements plus ou moins radicaux dès l’éducation, avec l’arrivée de nouvelles matières et une meilleure sensibilisation à ces métiers.
La France est-elle alors préparée à ces enjeux ? Selon l’Institut, non. Mais le gouvernement met tout de même en place des initiatives, comme l’EDEC Prospective numérique 2025 qui « vise à alimenter une démarche prospective sur l’impact des transitions numériques sur les métiers des secteurs de la finance, du conseil, de la banque et de l’assurance, et identifier les besoins futurs en termes d’emplois et de compétences ».
La Grande École du numérique, fondée en 2015 par le gouvernement, est un rassemblement d’acteurs publics et privés « qui vise à apporter une réponse aux besoins en compétences dans les métiers du numérique et à favoriser la formation et l’insertion sociale et professionnelle des personnes éloignées de l’emploi ». Des formations, surtout privées ou en ligne (comme les MOOC), voient de plus en plus le jour pour former et instruire aux nouveaux métiers de la tech et du numérique, mais d’autres acteurs produisent un discours relativement différent.
Avec les évolutions toujours plus rapides des métiers, la formation à de nouveaux métiers ne se fera plus à l’université, mais bien sur la durée de toute une vie professionnelle. C’est par exemple ce que disait l’étude de l’Institute for the Future et Dell Technologies, qui évoquait « la capacité à acquérir un nouveau savoir vaudra plus que le savoir déjà appris ».