Petit parcours dans l’exposition consacrée à l’univers foisonnant du réalisateur à la Villette, visible du 19 mai au 20 août 2023.
Autant être honnête, le cinéma de Tim Burton ne m’intéresse plus vraiment depuis le très sympathique Frankenweenie en 2012. Pourtant, un rapide retour sur sa filmographie me rappelle des visionnages inoubliables, de Batman (1989) à Big Fish (2003) en passant par Ed Wood (1994). L’exposition Tim Burton, le labyrinthe, présentée dans un premier temps à Madrid avant de poser ses valises à Paris, me proposait donc de replonger, le temps d’une heure, dans l’univers de ce réalisateur fabuleux à l’univers si singulier.
En pénétrant dans l’espace Chapiteaux de La Villette, on comprend rapidement que les créateurs espagnols de l’exposition et Tim Burton lui-même ont souhaité coller le plus possible à l’esprit fou du créateur de Beetlejuice (1988). Derrière le rideau rouge tiré dans la gueule d’un monstre aux dents pointues, vous voilà, spectateur, spectatrice, face à un choix. Quatre portes numérotées s’offrent à vous et un buzzer vous indique laquelle choisir. Oui, Tim Burton et Let’s Go ont pensé l’exposition comme un labyrinthe, censé représenter l’inconscient du cinéaste. Avec une surface de 5000 m², l’expérience nous invite à nous perdre dans les méandres de l’esprit du réalisateur, chaque pièce proposant un certain nombre de portes différentes avant de passer à la suite. Original. En une heure, on visite ainsi une quinzaine de salles (sur 23 en tout) dans un parcours aléatoire parmi les 300 possibles selon les organisateurs.
La promesse étant belle, je m’engouffre dans une des portes, découvrant une galerie de statuettes inspirées par les personnages du recueil La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires, publié par Tim Burton en 1997. Plutôt que de consacrer une salle à chaque film, ce qui aurait été linéaire, Tim Burton a préféré donner à chacune un thème récurrent dans son œuvre, ici les « jouets tragiques » avec leurs figures monstrueuses et leurs coutures qui se défont. Le but : comprendre un peu mieux l’univers prolifique du réalisateur, avec ses obsessions et ses thèmes de prédilection. Au revoir « l’enfant avec des clous dans les yeux », et direction la suite avec la salle des clowns, ces figures qui ont toujours terrifié Tim Burton, notamment après l’affaire du « clown-tueur » John Wayne Gacy dans les années 1970.
Si les textes présents sur les murs sont rares, mais suffisamment clairs pour comprendre l’importance d’un thème dans l’œuvre de Tim Burton, ce sont bien les dessins du réalisateur qui valent le plus le détour, car pour l’artiste, le processus créatif, c’est d’abord le dessin. Sur des papiers ou des napperons, Tim Burton dessine en permanence, avec toujours en tête l’idée de les voir un jour se mouvoir sur un écran. L’exposition propose donc un certain nombre de ces croquis, animés pour l’occasion dans de petites vidéos encadrées. Ainsi, un clown aux couleurs vives balance sa hache d’un air inquiétant dans un coin de cette pièce couverte de « Hahahaha » en vert fluo.
Je continue la visite en poussant les portes au hasard, tombant sur des statues du chien Sparky de Frankenweenie, de la Reine Rouge d’Alice au Pays des merveilles (2010)…
Pas beaucoup d’Ed Wood ou de Big Fish dans les salles de l’exposition, certainement trop « terre à terre » pour une expérience immersive, mais tous les classiques sont là. Les Noces funèbres (2005), Edward aux mains d’argent (1990), Charlie et la Chocolaterie (2005)… Avis aux fans, tous les films les plus populaires de Tim Burton sont bien présents, souvent représentés par de grandes statues très bien réalisées. Je regrette un temps l’absence de références à Batman : le défi (1992), sans doute mon Tim Burton préféré, avant qu’une visiteuse me confirme être passée par la salle dédiée au super-héros dans son parcours ! Si le concept de circulation de l’exposition fonctionne pour cet exemple, on regrette un peu qu’un certain nombre de portes mènent souvent à la même salle, un choix argumenté par les organisateurs : « Les visiteurs parcourront les mêmes thèmes, mais avec un œil différent en fonction de la porte choisie. »
Petit sourire en découvrant la statue de l’alien de Mars Attacks! (1996), pourtant peu apprécié du public, dans une salle dédiée à l’espace dans l’imaginaire burtonien. Plus loin, une salle souligne l’importance du voyage sur la création du réalisateur, des petits croquis le représentent entourés de garde du corps chinois, des luchadores mexicains bandent leurs muscles… Si le décor et l’ambiance des salles fonctionnent globalement très bien, la promesse d’expérience immersive étant au rendez-vous, on peut regretter ici et là une certaine impression de vide, les textes et les dessins n’occupant qu’une petite place dans les grandes pièces, principalement occupées par des statues ou élément de décor issu des films.
Tim Burton, le labyrinthe n’en demeure pas moins une expérience immersive agréable que les fans du réalisateur apprécieront certainement. Je ressors de l’expo avec l’envie de revoir certain des films de l’Américain, et surtout l’impression d’avoir récupéré quelques clés pour mieux comprendre encore son œuvre.
Tim Burton, le Labyrinthe, du 19 mai au 20 août à l’Espace chapiteaux du Parc de la Villette, Paris 19ᵉ.