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Activision-Blizzard : l’autorité de régulation britannique bloque le rachat par Microsoft

26 avril 2023
Par Benjamin Logerot
Microsoft annonçait en janvier 2022 sa volonté de racheter l'éditeur américain Activision-Blizzard pour 68 milliards de dollars.
Microsoft annonçait en janvier 2022 sa volonté de racheter l'éditeur américain Activision-Blizzard pour 68 milliards de dollars. ©Sergei Elagin / Shutterstock

La Competition and Markets Authority (CMA) britannique vient de bloquer le rachat de l’éditeur Activision-Blizzard par Microsoft. Le régulateur considère que la domination du géant américain sur le cloud gaming endommagerait la croissance de ce secteur.

Microsoft et Activision-Blizzard ont déjà annoncé faire appel de cette décision. Le Royaume-Uni est le premier acteur majeur à décider de bloquer cette gigantesque acquisition, à un mois du très attendu verdict de l’Union européenne sur la question.

Après l’espoir, le désespoir

En mars dernier, la CMA avait pourtant émis un avis favorable sur ce rachat. Mais l’autorité de la concurrence du Royaume-Uni ne s’était exprimée que sur un seul point. Elle avait conclu que si Microsoft venait à détenir la licence de jeux vidéo Call of Duty, elle ne pourrait pas se permettre de la rendre exclusive à son écosystème Xbox et PC et se couper de l’énorme masse de joueurs et joueuses fidèles aux versions PlayStation du jeu. Aujourd’hui, la CMA indique avoir tranché sur la question du cloud gaming, qui était le second facteur d’inquiétude auprès de l’entité.

La CMA explique en détail dans un long document les raisons de sa décision défavorable à l’encontre de Microsoft. Après avoir étudié plus de trois millions de documents et de mails internes, la commission n’a pas été convaincue par les solutions proposées par Microsoft sur le sujet, même si l’entreprise annonçait à la volée des accords signés avec des concurrents comme Nvidia.

« Nous avons conclu que cette fusion permettrait à l’opérateur le plus puissant du marché en pleine croissance qu’est le jeu dans le nuage, avec une part de marché de l’ordre de 60 à 70 %, d’acquérir un ensemble de jeux vidéo d’envergure mondiale avec l’intention de refuser ces jeux à la concurrence et de substantiellement affaiblir la compétition dans ce marché en croissance importante. »

La CMA entend par là que si Microsoft venait à ajouter des jeux tels qu’Overwatch 2, World of Warcraft ou Call of Duty sur son service de cloud, l’entreprise gagnerait une avance considérable par rapport à la concurrence. Second point, la CMA estime que les accords signés par Microsoft avec d’autres services de cloud gaming ne concernent que des jeux à acheter, et non des services à catalogues comme le Game Pass.

Microsoft déjà au travail pour faire appel

Dans la foulée de la publication du rapport de la CMA, Microsoft et Activision-Blizzard ont partagé leur mécontentement. Brad Smith, le président de Microsoft, fait part de sa déception dans un tweet et annonce que le géant fera appel de la décision. L’homme souligne que le verdict de la CMA « rejette les efforts pragmatiques » menés par l’entreprise afin de rassurer l’autorité de la concurrence. Il ajoute que cette décision « décourage l’innovation technologique et les investissements au Royaume-Uni. » L’entreprise ayant déjà signé des contrats afin d’apporter les jeux d’Activision-Blizzard sur plus de « 150 millions d’appareils supplémentaires dans le monde », celle-ci ne compte pas baisser les bras pour mener cette acquisition à son terme.

De son côté, l’éditeur américain Activision-Blizzard y va de manière plus frontale dans son communiqué. « Le rapport de la CMA vient en contradiction des ambitions du Royaume-Uni de devenir un pays attractif pour construire un business technologique. » L’entreprise fait mention d’un travail de collaboration « agressif » avec Microsoft pour préparer leur appel. Pire, il semblerait que le géant du jeu vidéo menace même de « revoir [ses] plans de croissance » sur le territoire.

Cette décision de la CMA met un véritable coup d’arrêt à l’acquisition d’Activision-Blizzard par Microsoft, chiffrée à près de 70 milliards de dollars. La réussite de celle-ci dépend notamment, comme nous l’expliquions dans notre article récapitulatif, de la décision de trois acteurs majeurs : la CMA, la FTC américaine et l’Union européenne. Cette dernière dois d’ailleurs se prononcer le 22 mai prochain.

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