Les 13 et 14 mars avait lieu à Paris MedInTechs, un salon sur l’innovation dans la santé. De quoi faire un point sur les avancées et enjeux du secteur.
La santé est certainement l’un des secteurs qui évolue le plus grâce aux nouvelles technologies. Bien qu’il soit rempli de bonnes idées et d’intentions louables, plusieurs enjeux, notamment éthiques, entrent en ligne de compte.
Rendre la vie plus facile pour les patients et les soignants
L’intelligence artificielle ne cesse de faire l’actualité tant ses progrès sont impressionnants, et cela vaut aussi pour le domaine médical. Plusieurs startups présentes au salon MedInTechs proposaient des services d’IA à destination des soignants. Thiana, « l’assistant médical intelligent », s’occupe par exemple de tâches administratives comme la rédaction de comptes-rendus et de prescriptions. Les intelligences artificielles peuvent également aider au diagnostic de plusieurs maladies, notamment pour détecter des lésions invisibles à l’œil nu.
Autre tendance qui se confirme : l’utilisation de la réalité virtuelle, dont les usages médicaux continuent de se diversifier. L’entreprise allemande Cureosity propose ainsi une programme de rééducation des maladies neurologiques et musculo-squelettiques grâce à cette technologie. Quant à Vertexa, elle s’est spécialisée dans l’utilisation de la VR pour aider les patients atteints de troubles du comportement alimentaire. La réalité virtuelle fait régulièrement ses preuves en tant que « thérapie numérique » et permet également de réduire des doses d’antidouleurs, de remplacer une anesthésie générale par une anesthésie locale ou encore de soigner des phobies. Côté soignants, ils peuvent se former et préparer des chirurgies grâce à cette technique.
Troisième tendance majeure : l’amélioration du suivi des maladies chroniques et des téléconsultations grâce aux objets connectés. La pandémie de Covid-19 a démocratisé ces consultations à distance, ce qui a montré ses points forts, mais aussi ses faiblesses, en particulier le fait de ne pas pouvoir ausculter le patient, donc de ne pas avoir certaines informations importantes. Parmi les entreprises s’intéressant à ce sujet, Hexoskin développe des vêtements connectés pour suivre entre autres les fréquences cardiaque et respiratoire, ainsi que la qualité de sommeil. Il est même possible d’obtenir ce type d’informations avec un simple selfie, grâce à la solution Caducy de i-Virtual.
Pour les personnes atteintes de maladies rénales, Iki propose des cartouches urinaires connectées pour faire des analyses chez soi et les envoyer directement au médecin, par exemple pour connaître l’impact d’un médicament ou d’un changement d’alimentation. Il est probable que ce type d’objets connectés spécialisés se développe dans les années à venir, surtout face à la difficulté d’obtenir des rendez-vous avec des médecins spécialistes.
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Une période d’innovations, mais aussi de réflexion
Le salon MedInTechs comprenait également un cycle de conférences pour faire le tour des enjeux auxquels est confronté le secteur médical, en gardant toujours cette question sous-jacente : les technologies seront-elles la solution ou créeront-elles plus de problèmes ?
Avec la numérisation de plus en plus importante des données médicales, il est désormais nécessaire de s’inquiéter de la protection de la vie privée et de la sécurité des données, en particulier dans un contexte où les hôpitaux sont des cibles régulières de cyberattaques. Avec le vieillissement de la population, utiliser les objets connectés pour faire du suivi à distance, qu’il soit physique ou psychologique, peut être intéressant, mais comment éviter de tomber dans l’hypersurveillance et laisser de la place au contact humain ?
Les progrès de la médecine posent aussi des questions d’ordre éthique. Si soigner des personnes handicapées en leur mettant une prothèse ou un implant est une évidence, qu’en est-il des personnes qui n’ont pas de problème de santé particulier mais veulent des traitements similaires pour développer des capacités surhumaines (devenir un « humain augmenté ») ? Dans les décennies à venir, les chercheurs devront faire ce numéro d’équilibriste : créer des innovations qui limitent au maximum ces dérives, sans pour autant se brider dans leurs travaux.