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ChatGPT, Sora, MedGPT… Qu’attendre d’OpenAI en 2025 et au-delà ?

02 février 2025
Par Florence Santrot
ChatGPT, Sora, MedGPT… Qu'attendre d'OpenAI en 2025 et au-delà ?
©Cybermagician

Nous sommes en 2025 et OpenAI est désormais un nom familier. Son outil ChatGPT est presque devenu un synonyme de l’intelligence artificielle. Mais la firme de San Francisco a bien d’autres projets en réserve. Tour d’horizon de ce que nous réserve l’année à venir… et plus encore.

OpenAI démarre 2025 sur les chapeaux de roues, avec une stratégie repensée, de nouveaux produits en développement et des projets qui redessinent les contours de l’intelligence artificielle sous toutes ses formes. Cela commence par une restructuration, déjà entamée à la fin de l’année 2024. La société de Sam Altman travaille à une scission afin d’obtenir une double structure, l’une à but non lucratif et l’autre à but lucratif, qui, selon elle, lui permettrait de concilier recherche éthique et innovation rapide.

Illustration intelligence artificielle
Image générée par IA.

En mettant en place une société d’intérêt public (PBC), OpenAI veut ainsi financer les coûts élevés du développement de l’intelligence artificielle, en particulier de l’intelligence artificielle générale (AGI). Ce changement permet aussi à l’unité lucrative de soutenir durablement la branche non lucrative, renforçant ainsi sa mission au bénéfice de toute l’humanité. OpenAI justifie cette évolution par la nécessité de lever des fonds significatifs auprès d’investisseurs, tout en intégrant les enjeux sociétaux dans ses décisions. La société a déjà levé 6,6 milliards de dollars, mais ses ambitions nécessitent beaucoup plus. Que ce soit pour ses activités commerciales ou pour sa branche à but non lucratif, qui se concentre sur la sécurité à long terme et l’accès équitable.

Un projet de scission qui fait polémique

Cette transition n’est pas sans faire grincer des dents. Sans surprise, Elon Musk, très remonté contre Sam Altman depuis qu’il a quitté le projet OpenAI (ou été évincé, les versions divergent), s’y oppose. En novembre dernier, il a même demandé à une cour fédérale de s’y opposer. OpenAI s’est empressée de dévoiler un email du fondateur de Tesla, remontant à 2017, où il demandait de transformer la structure en société « for profit » (à but lucratif). Oups. Mais des experts s’opposent aussi à ce projet. C’est le cas de Geoffrey Hinton, lauréat du prix Nobel de physique 2024, et surnommé le « parrain de l’IA ». 

« OpenAI a été fondée en tant qu’organisation à but non lucratif explicitement axée sur la sécurité et a fait diverses promesses liées à la sécurité dans sa charte. Elle a reçu de nombreux avantages fiscaux et autres du fait de son statut d’organisation à but non lucratif. Lui permettre de tout détruire lorsque cela devient gênant envoie un très mauvais message aux autres acteurs de l’écosystème », a-t-il déclaré. Bien que le statut de PBC exige un équilibre entre les intérêts des actionnaires et ceux du public, certains soulignent son manque de pouvoir contraignant, ce qui pourrait affaiblir les garanties offertes par OpenAI…

GPT : toujours plus et sous toutes les formes

2025 verra l’arrivée d’une nouvelle version de ChatGPT, succédant à GPT-4.5 lancé fin 2024. Bien que les détails soient encore flous, les attentes sont immenses. Les améliorations devraient inclure :

  • une meilleure compréhension du contexte pour offrir des réponses plus nuancées et pertinentes.
  • Une capacité à gérer des tâches complexes, comme le codage avancé ou la rédaction de documents professionnels (droit, santé, documents techniques…).
  • Une optimisation des performances pour réduire le temps de réponse, même sur des requêtes lourdes.
Illustration intelligence artificielle
©Natalya Kosarevich

Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est l’intégration croissante de multimodalité. Avec cette nouvelle version, ChatGPT pourrait devenir encore plus performant dans le traitement d’images, de vidéos et de données audio. Cette évolution ouvrirait la porte à des usages inédits, comme l’analyse de vidéos ou la création automatisée de contenu multimédia. Autre nouveauté récemment apparue : les agents IA. OpenAI développe des dispositifs autonomes, des IA capables d’effectuer des tâches complexes de manière indépendante et même de contrôler votre ordinateur à votre place. 

Autre nouveauté : ChatGPT Tasks, ou « GPT4o avec tâches planifiées » dans la version française de l’interface, soit des tâches et routines programmables. Mais cette nouvelle fonction ne convainc pas et le service est limité : seulement dix tâches sont programmables, le service push ne fonctionne que quand il veut et il ne suit pas toujours les consignes (ce qui est littéralement sa mission). Bref, les Tasks ont une belle marge de progression, pour rester positif.

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L’appel à un ami ? Peut mieux faire

À la grande surprise de tous, OpenAI a également annoncé en décembre 2024 que l’on pouvait désormais appeler ChatGPT au téléphone. Aux États-Unis, on peut composer le « 1-800-ChatGPT » (1-800-242-8478) et parler gratuitement à l’intelligence artificielle (dans la limite de 15 minutes par mois). Pourquoi donc proposer ce service qui semble, de prime abord, suranné ? D’une part, la technologie d’intégration vocale d’OpenAI a progressé au point qu’elle est capable de tenir des conversations naturelles et fluides. On doit cela à Whisper, le modèle de transcription vocale et une technologie de synthèse de voix ultraréaliste. L’appel à un ami est donc une manière de démontrer les progrès.

La firme de Sam Altman met aussi en avant cette solution pour donner accès à l’IA aux personnes précaires qui n’auraient pas un accès haut débit constant. « L’accès régulier aux données à haut débit peut être difficile et coûteux pour beaucoup, a déclaré OpenAI dans un communiqué. Pour ceux qui sont novices en matière d’IA, il s’agit d’un moyen simple, pratique et peu coûteux de l’essayer via des canaux familiers. »

Que vous ayez besoin de conseils, que vous souhaitiez réfléchir à des idées ou que vous ayez simplement besoin de parler à quelqu’un, ChatGPT est à un coup de fil près. Et pour les amateurs de textos, c’est via WhatsApp que vous pouvez échanger. Mais les premiers retours sur cet outil expérimental sont parfois circonspects. Le service nécessite en effet d’appeler dans un environnement vraiment très calme et l’IA ne répond pas toujours immédiatement, ce qui laisse de longues secondes sans bruit et laisse la place au doute : est-ce que l’IA réfléchit ou est-ce qu’elle a planté ? Parfois un peu des deux. Mais certains y ont vu un avantage, comme appeler l’IA en voiture et lui demander de trouver un restaurant ou une station-service à prix attractifs à proximité. Reste que l’application propose d’ores et déjà un mode vocal qui pourrait tout aussi bien se substituer à un appel. Quoi qu’il arrive, le service n’est pas disponible en France. Pour l’heure, seuls les États-Unis et le Canada sont concernés.

Sora pointe enfin le bout de son nez en 2025

En février 2024, OpenAI avait dévoilé Sora, le pendant de ChatGPT (texte) et DALL-E (images) pour la vidéo. Ce modèle est capable de créer de courtes vidéos réalistes à partir de texte. Depuis décembre dernier, Sora se répand peu à peu mais l’Europe, la Suisse et le Royaume-Uni en sont encore exclus. Les utilisateurs peuvent générer des courts-métrages d’une résolution de 1080p, d’une durée maximale de 20 secondes sous différents formats. Sora promet de démocratiser la production de contenu vidéo en offrant des outils d’édition, de montage et même de génération de séquences, entièrement guidés par l’IA. En combinant traitement du langage, synthèse d’image et rendu vidéo, cet outil pourrait bousculer tout un marché.

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Cependant, comme avec d’autres technologies d’OpenAI, les questions éthiques ne manquent pas. Sora pourrait aussi être utilisée pour générer de fausses vidéos (ou deepfakes) de manière plus accessible. La régulation et la mise en place de garde-fous seront donc cruciales pour éviter les dérives. De même, tout le marché du cinéma et des séries craint le recours à ce type d’IA. Ce type d‘outil pourrait réduire les coûts de réalisation, d’animation et même de scénarisation. Imaginez un scénario où une production entière, du script au montage final, pourrait être générée avec l’aide d’une IA. Pour les grandes maisons de production, l’avantage financier semble évident, mais pour les métiers créatifs, comme les scénaristes, réalisateurs, animateurs ou monteurs, cette évolution pourrait représenter une menace directe.

En 2025 et au-delà, l’ère de la spécialisation ?

Au-delà de nouveaux services pour tous, la spécialisation par secteurs est au programme. En 2025, OpenAI pourrait révolutionner les usages professionnels dans plusieurs industries. La santé, l’éducation, le droit ou encore la création artistique figurent parmi les branches qui pourraient en bénéficier en priorité. Ces outils promettent d’offrir une expertise pointue et des flux de travail adaptés, rendant l’intelligence artificielle indispensable dans des secteurs clés.

Par exemple, MedGPT pourrait aider les médecins à poser des diagnostics, proposer des traitements ou analyser les interactions médicamenteuses en quelques secondes. En croisant des bases de données, cette IA offrirait un soutien précieux dans les décisions cliniques critiques. Mais il va falloir qu’OpenAI mette en place un cadre strict, compatible avec les régulations comme le RGPD.

Dans l’éducation, EduGPT agirait comme un tuteur intelligent, capable de s’adapter aux besoins de chaque élève et de fournir des exercices personnalisés, tout en accompagnant les enseignants dans la création de cours sur mesure. LegalGPT (droit) ou CreativeGPT (métiers artistiques) pourraient transformer les pratiques en automatisant les tâches complexes ou chronophages. Si elles ouvrent des opportunités immenses, elles posent aussi la question de leur impact sur les emplois traditionnels, tout en offrant une nouvelle manière d’interagir avec la technologie dans des contextes hyperspécialisés.

Entre innovation et responsabilité

Toutes ces innovations, annoncées ou supposées, soulèvent d’importantes interrogations sur la responsabilité d’OpenAI face aux enjeux sociaux. La montée en puissance des IA génératives s’accompagne de critiques croissantes, notamment sur les questions de désinformation, d’impact écologique et d’exploitation des travailleurs sous-traitants pour entraîner ces modèles.

La scission entre les branches non-profit et for-profit pourrait offrir des solutions, mais certains experts craignent que la commercialisation accrue de l’IA ne détourne l’entreprise de ses objectifs humanitaires. En 2025, OpenAI devra donc prouver qu’elle peut concilier ambition technologique et engagement éthique, tout en répondant à la demande croissante des utilisateurs. Autre interrogation majeure : l’impact croissant des IA en termes d’empreinte carbone. Et là-dessus, OpenAI ne semble pas en mesure de proposer de solutions majeures au cours de cette année, hélas.

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