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À Arles, l’Espace Van Gogh rend un bel hommage à la photographe Lee Miller

08 juillet 2022
Par Apolline Coëffet
La photographe américaine Lee Miller.
La photographe américaine Lee Miller. ©David E. Scherman / Courtesy Lee Miller Archives

À l’occasion des Rencontres d’Arles, l’exposition Lee Miller, Photographe professionnelle (1932-1945) donne à voir l’un des chapitres d’existence les plus intenses de la talentueuse Américaine.

Née en 1907 à Poughkeepsie, au nord-est des États-Unis, Lee Miller a tour à tour été mannequin, icône du surréalisme, photographe de mode et correspondante de guerre. Une carrière bien remplie et pourtant restée dans l’ombre jusqu’à sa redécouverte dans les années 1990, près de deux décennies après sa disparition. Tout au long de sa vie, cette femme engagée a saisi plus de 60 000 clichés aux sujets divers et variés. Dans le cadre des Rencontres d’Arles, l’exposition de l’Espace Van Gogh revient sur le parcours prolifique d’une personnalité souvent réduite à sa collaboration avec Man Ray, au tournant des années 1920.

De rares clichés des camps de concentration

Les années précédant la Seconde Guerre mondiale, Lee Miller fait la rencontre de Man Ray, dont elle devient la compagne et la collaboratrice. Indépendante et ambitieuse, elle ouvre son premier studio de prises de vue à Montparnasse l’année qui suit. En 1932, elle retrouve sa terre natale et s’installe à New York. Là-bas, elle crée les Lee Miller Studios Inc. et parvient très vite à gagner sa vie. Mieux encore, elle s’impose comme une référence malgré la crise de 1929, dont les conséquences sont toujours visibles. 

À la fois portraitiste et photographe de mode et de publicité pour des marques de parfums et de cosmétiques, elle abandonne ce premier sujet en 1934 pour se consacrer quasi exclusivement au second, jusqu’en 1945. Travaillant pour de prestigieux magazines tels que Vogue et Vanity Fair, Lee Miller saisit cette occasion pour aller couvrir le conflit qui ravage le continent européen.

Femmes accusées d’avoir collaboré avec les nazis, Rennes, France, 1944.©Lee Miller Archives, Angleterre, 2022.

Désormais photoreporter accréditée auprès de l’armée américaine, elle s’immisce ainsi dans les camps de Dachau et Buchenwald tout juste libérés, et documente, avec pudeur et noblesse, ce qu’il s’y passait. L’horreur laisse alors place à un regard bienveillant, là où toute humanité a disparu. De retour à New York, elle met fin à sa carrière, bouleversée par ce qu’elle a pu voir.

Une femme qui œuvrait pour la liberté

À l’instar de nombreuses femmes de talent, l’histoire a préféré se souvenir de Lee Miller comme la muse d’un artiste reconnu. Pourtant, ce passage de son existence n’a duré que quelques années et son parcours témoigne d’une véritable force de caractère. « Cette exposition est un merveilleux moyen de montrer comment elle était prolifique, comment elle a travaillé dur pour avoir sa place dans le monde des photographes », confie Ami Bouhassan, sa petite-fille, dans un récent entretien pour France Info. 

Bruce Howard en Sainte-Thérèse II, « Four Saints in Three Acts », Lee Miller Studios Inc., New York, États-Unis, 1933.©Lee Miller Archives, Angleterre, 2022.

Dans ses portraits d’artistes et de comédiennes, Lee Miller esquisse la vision d’une femme affranchie et fait preuve d’humour et de créativité, se servant de son médium de prédilection comme une occasion d’expérimenter de bien des façons. Quant à ses images de la guerre, elles constituent aujourd’hui encore un fonds d’archives des plus importants. La rétrospective arlésienne rend ainsi un bel hommage à cette femme émancipée qui œuvrait à sa manière pour la liberté de tout un chacun.

Lee Miller, Photographe professionnelle (1932-1945), Espace Van Gogh d’Arles. Jusqu’au 25/09/2022.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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