Sélection

8 incroyables plans-séquences qui ont marqué l’Histoire du cinéma

09 avril 2025
Par Mathieu M.
8 incroyables plans-séquences qui ont marqué l'Histoire du cinéma
©Warner Bros

Outre les thématiques et les performances de ses acteurs, la série phénomène « Adolescence » sur Netflix tient aussi à l’impressionnante maîtrise de sa mise en scène. En quatre plans-séquences, les showrunners Jack Thorne et Stephen Graham renouent avec la mythologie du cinéma. L’occasion de revenir sur les plus grands (et longs) plans-séquences de l’histoire.

Expression épurée et authentique du cinéma, le plan-séquence procède d’une volonté d’immersion totale de celui qui regarde. Autrefois seule alternative pour les réalisateurs de la première heure, à l’image de l’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat de Louis Lumière en 1895, le plan-séquence est devenu le « geste » de cinéma ultime. Un plan unique, capable de renforcer l’impression de réel et d’identification.

Si Murnau dans L’Aurore (1927) fut l’un des premiers à l’utiliser à des fins artistiques, ils sont nombreux, après lui et parmi les plus chevronnés, à s’être confrontés à ce défi technique toujours très spectaculaire. Parmi les dernières oeuvres à avoir tenté (et merveilleusement réussi) ce défi : la série Netflix Adolescence.

Voici notre sélection de quelques-uns des plans-séquences les plus mythiques de l’Histoire du cinéma.

La Corde, Alfred Hitchcock (1948)

C’est sans aucun doute l’un des plans-séquences les plus célèbres du cinéma. Adapté de la pièce Rope’s End de Patrick Hamilton, La Corde fut pour Alfred Hitchcock l’occasion d’un nouveau défi : tourner un huis-clos dans un espace confiné en donnant l’impression au spectateur d’assister – comme au théâtre – à une séquence unique, respectant ainsi le temps réel de l’action. Or, à l’époque, la durée des bobines limite les plans-séquences à une dizaine de minutes.

Pour créer cette sensation de continuité, Alfred Hitchcock a donc eu recourt à toute une série de « trucs », camouflant par exemple certaines transitions de pellicule par un objet sombre venant remplir la totalité du champ. De quoi dissimuler les coupures. Montés sur des rails, les décors pouvaient être bougés en temps réel et sans bruit pour laisser la caméra passer d’une pièce à l’autre… Au final, La Corde est composée d’une succession de onze prises reliées les unes aux autres par la magie du cinéma.

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La Soif du Mal, Orson Welles (1958)

Dix ans plus tard, c’est au tour du long plan-séquence à la grue en ouverture de La Soif du mal d’Orson Welles de mystifier le monde du cinéma. Une bombe, une main anonyme réglant la minuterie sur trois minutes avant d’aller fixer l’engin explosif sous une voiture. Puis la grue qui s’élève sur un mambo d’Henry Mancini.

Un peu plus de trois minutes, c’est justement la durée de cette merveille technique. Une prouesse toute en virtuosité et en exubérance. À l’image du monde dégénérescent que façonne Welles à l’écran. Un monde usé, pourrissant mais qui ne veut pas mourir. Le noir et blanc est éclatant, les ombres inquiétantes. Un monde dont ce plan-séquence nous laisse d’entrée de jeu entrevoir toute la démesure. 

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Profession : Reporter, Michelangelo Antonioni (1975)

Si le plan-séquence en ouverture plonge d’emblée le spectateur dans le film, il sait aussi le parachevé en beauté. Celui de Michelangelo Antonioni en clôture de son Profession : reporter demeure incontestablement le plus célèbre. Jack Nicholson allongé dans sa chambre d’hôtel. Dehors, par la fenêtre, une place. Et la caméra alors de s’approcher lentement de cette fenêtre quadrillée de barreaux, de s’immiscer entre deux d’entre eux et gagner le milieu de la place pour finalement revenir vers la fenêtre et nous en révéler l’intérieur…

Un plan-séquence de près de sept minutes sans coupure ni raccord caché. Un pur miracle dont on ne vous dévoilera pas ici l’astuce technique, car la magie de cette scène réside justement dans son mystère.

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L’Arche russe, Alexandre Sokourov (2003)

L’Arche russe d’Alexandre Sokourov, c’est l’histoire, au 18e siècle, de l’écrivain français Astolphe de Custine montant à bord du prestigieux musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, le temps d’un fabuleux voyage, en costume, à la rencontre des plus grandes figures de l’histoire russe. Mais, particularité de ce voyage : il est le fruit d’une séquence unique de 96 minutes.

Un véritable one-shot movie tourné en une seule journée – le 23 décembre 2001 – et en seulement quatre tentatives ! Une performance insensée qui aura nécessité des mois de répétitions afin de synchroniser les mouvements de caméra avec les 850 acteurs et 1000 figurants. Un atout technique : le développement de la vidéo numérique. De quoi écarter la contrainte du temps de prise. Au final, une expérience follement immersive au cœur de l’un des plus beaux musées du monde. 

Gravity, Alfonso Cuaron (2013)

Gravity, ou le combat d’une femme (Sandra Bullock) contre l’immensité du vide. Un vide dans lequel Alfonso Cuarón nous plonge dès l’ouverture de son épopée spatiale au moyen d’un vertigineux plan-séquence de près de 15 minutes. On y voit cette experte en ingénierie médicale effectuer une opération de maintenance sur le télescope Hubble quand l’astronaute se fait surprendre par un violent nuage de débris, se retrouvant projetée dans l’obscurité de l’espace. Et nous de plonger avec elle dans ce cauchemar…

Une séquence certes numérique, réalisée sur fond vert au moyen d’un bras télescopique, mais d’une amplitude spectaculaire, minutieusement préparée par Alfonso Cuarón et son chef opérateur, un certain Emmanuel Lubezki, déjà reconnu pour son travail en plans-séquences sur Le Fils de l’homme du même Alfonso Cuarón.

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Victoria, Sebastian Schipper (2015)

5h42. Victoria, jeune Espagnole tout juste débarquée à Berlin, sort de boîte de nuit. Elle fait alors la rencontre de Sonne et de ses amis, Boxer, Blinker et Fuß. Emportée par l’effervescence et les effluves d’alcool, la jeune femme décide de les suivre dans leurs pérégrinations nocturnes.

Une virée berlinoise que Sebastian Schipper a décidée, en toute simplicité, de tourner en un seul plan-séquence. Seulement voilà, Victoria dure… 2h14 ! Pas de coupe, pas de montage, pas de reprise. Une incroyable performance ! Et au final, Schipper nous offre un thriller en temps réel sous haute tension, défiant les lois du cinéma par sa mise en scène époustouflante. Ou quand la virée festive et insouciante tourne au voyage tragique au bout de la nuit. 

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Birdman, Alejandro González Iñárritu (2015)

À New York, Michael Keaton est Riggan Thompson, un acteur has been en pleine crise de la soixantaine, rongé par ses états d’âme. Bien décidé à retrouver Broadway et ses feux de la rampe, il se lance dans l’adaptation d’une nouvelle. Birdman d’Alejandro G. Iñárritu nous raconte ainsi la préparation de ce laborieux come-back, mais en nous immergeant au plus près des tergiversations tourmentées de Riggan.

Comment ? En suivant non-stop et à la trace le personnage au moyen d’un faux mais non moins saisissant plan-séquence, constitué en réalité d’une dizaine de coupes imperceptibles à l’œil nu, astucieusement montées grâce à plusieurs combines de montage et autres trucages numériques. Une délicate opération parfaitement menée par… Emmanuel Lubezki (encore lui) chef op’ officiel des réalisateurs mexicains.

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1917, Sam Mendes (2020)

Et comme Iñárritu avant lui et comme Hitchcock avant eux, Sam Mendes a su user à son tour à la perfection de l’art du montage pour nous donner l’illusion visuelle d’une impressionnante séquence ininterrompue. Dans son incroyable 1917, le réalisateur nous déroule le destin de deux soldats britanniques qui ont pour mission de traverser le territoire ennemi pour délivrer un message susceptible d’empêcher une attaque.

Deux heures de course contre la montre, deux heures d’une incroyable chorégraphie guerrière… jusqu’à cette course ultime et épique sous un déluge d’obus. Face à cette nouvelle prouesse technique, on pense évidemment aux Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, dont l’influence paraît évidente. Ainsi qu’au plus récent Reviens-moi de Joe Wright et à son bouleversant plan-séquence de la bataille de Dunkerque avec ses quelques 2000 figurants. Un autre morceau de bravoure.

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Mathieu M.
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