En mars, à l’approche du printemps, les polars commencent traditionnellement à se parer de leurs plus beaux atours. On y retrouve donc comme chaque année des poids lourds, on ne manque pas de se mettre en alerte pour un nouveau polar cosy, un casse en costumes, un glaçant thriller domestique, un condensé de noirceur islandaise et enfin un ultime cauchemar féminin du quotidien. On vous laisse découvrir notre belle sélection !
H – Bernard Minier (XO)
Entre deux contributions collectives, quelques préfaces de rééditions de classiques, une nouvelle escapade ibérique aux côtés de sa nouvelle enquêtrice de choc et un percutant recueil de nouvelles multi-genres, l’hyper-actif Bernard Minier retrouve son héros fétiche pour une neuvième enquête sobrement titrée H. Plus que jamais ancrée dans les tourments de l’époque, cette nouvelle affaire menée par Martin Servaz s’attaque au phénomène True Crime sur les réseaux sociaux avec en bonus le retour surprise du terrible tueur en série Julian Hirtmann. Évadé de sa prison autrichienne, l’ennemi historique du commandant Servaz revient semer la mort alors que des disparitions ravivent un effroyable scandale et que des internautes assoiffés de sensations fortes se mettent en chasse pour le meilleur et surtout pour le pire.
La Menace – Niko Tackian (Calmann Lévy)
Pile à l’heure pour son roman de l’année, Niko Tackian étrenne 2025 avec un thriller pur jus qui promet d’excellentes nuits blanches à tous les amateurs de sensations fortes. Après le décor glacé des forêts vosgiennes pour un casse tête glaçant, direction le sud de la France avec une terrifiante énigme intra-conjugale. L’intrigue de La Menace installe un nouveau triangle infernal qui se joue cette fois entre un homme hospitalisé et amnésique, sa femme enlevée sur le parking d’un centre commercial puis séquestrée dans un appartement témoin et son ravisseur et geôlier masqué qui a pour objectif de la contraindre à devenir son épouse rêvée.
Le Chat du bibliothécaire T9 – Archives très personnelles – Miranda James (J’ai Lu)
Auteur américain au pseudonyme malicieusement choisi, Miranda James s’est appuyé sur son expertise en bibliothéconomie pour créer une série policière atypique et érudite qui a fait de lui un romancier à succès. Exception masculine dans l’univers presqu’exclusivement féminin du polar cosy crime, il exprime à chaque nouveau tome du Chat du bibliothécaire sa maîtrise des énigmes criminelles, son goût par l’ambiance réconfortante des librairies et son amour pour les livres. Avec Archives très personnelles, le tandem Charlie l’archiviste et Diesel le félin fonctionne encore à merveille pour faire la lumière sur les réelles intentions d’un cousin éloigné au profil douteux venant soudainement se rappeler au bon souvenir d’un Charlie Harris comblée par son nouveau statut de grand-père.
La Reine de l’arnaque- Alex Hay (Hachette Black Lab)
Nouvel auteur anglais à qui l’on doit un premier polar élégant et historique au style pince sans rire typiquement britannique, Alex Hay se paye la haute société de l’Angleterre victorienne en organisant son détroussage par des petites gens bien décidés à rétablir la balance de la justice sociale. Après les domestiques experts en braquage des Gouvernantes, il garde sa tonalité gentiment transgressive avec La Reine de l’arnaque. Un second roman mené tambour battant par une jeune et talentueuse arnaqueuse contrainte de réaliser le coup du siècle en séduisant un membre d’une richissime famille d’aristocrates pour en siphonner la fortune. Le problème est qu’après l’avoir intégrée, elle est stupéfaite de découvrir qu’elle n’est pas la seule à nourrir de bien mauvaises intentions.
Ce qu’elle a fait – Gregg Olsen (L’Oiseau noir)
Bien que son nom soit certainement un des plus courants du côté de Copenhague, Gregg Olsen est un écrivain américain très apprécié dans son pays mais encore trop peu connu en Europe. Auteur de nombreux best-sellers aux USA, il est publié pour la première fois en France il y a huit ans à l’occasion d’une mini-série polar de deux épisodes menés par, ce qui est plutôt rare pour un auteur masculin, par une enquêtrice. Troisième roman traduit en Français, Ce qu’elle a fait se présente comme un excellent thriller psychologique et domestique détaillant la terrible descente aux enfers d’une mère de famille d’une banlieue chic qui tue au volant de sa voiture le jeune fils de sa meilleure amie et voisine. Entre mensonges et secrets inavouables, ce terrible accident va faire voler en éclats le vernis de respectabilité d’une communauté qui cache de bien mauvaises choses.
Les Garçons de Biloxi – John Grisham (JC Lattès)
Grand maître du polar judiciaire américain depuis près de quarante ans, John Grisham maîtrise sur le bout de la plume toutes les subtilités, coulisses comprises, de la justice US. Après avoir surpris tout le monde avec une suite inattendue de son grand classique de 1991 (La Firme), il enchaîne un an plus tard avec Les Garçons de Biloxi. Une grande fresque familiale où il suit le parcours croisé de deux amis d’enfance élevés durant les années 60 dans la célèbre station balnéaire du Mississippi. Issus de la diaspora croate, Keith et Hugh vont chacun emprunter le chemin tracé par leur famille. Après que l’un, fils d’un procureur incorruptible, et l’autre, héritier du caïd local, aient pris la succession de leurs pères respectifs, le destin va inexorablement se charger de les réunir à nouveau.
Les Enfants qui blessent – Eva Björg Ægisdóttir (La Martinière)
Nouvelle coqueluche du polar islandais, Eva Björg Ægisdóttir a passé plusieurs années de sa vie en Norvège avant de rentrer au bercail à Akranes, modeste bourgade où elle est née. Un parcours typiquement nordique qui l’a inspiré au point de le faire emprunter à l’identique à Elma, l’héroïne de la série éponyme qui a lancé sa carrière de romancière. Dans Les Enfants qui blessent, quatrième épisode du cycle, le temps a passé et la donne a totalement changé pour celle qui s’était fait muter dans sa ville natale pour fuir une peine de cœur. Heureuse et comblée depuis qu’elle file le parfait amour avec le père du bébé qu’elle vient de mettre au monde, Elma est cette fois chargée d’enquêter sur le meurtre sanglant du fils de leur voisine. Particulièrement sauvage, le crime du quadragénaire semble avoir un lien avec un cold case vieux de 25 ans impliquant un groupe d’adolescents.
34m² – Louise Mey (Le Masque)
Figure de proue d’une nouvelle génération d’autrices qui usent de la fiction, et notamment des codes du polar, pour servir un propos féministe offensif, Louise Mey préfère naviguer au cœur des tensions complexes et des drames domestiques du roman noir plutôt que dans le suspense sans fond d’un thriller de base. Après avoir traité avec style, justesse et efficacité des thématiques lourdes et prégnantes comme le viol, les violences sexuelles, la mécanique qui mène au féminicide ou plus largement les conséquences délétères du patriarcat, elle revient en mars avec 34m2. Une histoire sombre et anxiogène de séquestration où une jeune maman à la vie ordinaire est enlevée puis enfermée par un homme effrayant animé par de bien mauvaises intentions.
La Ruche – Nicolas Lebel (Le Masque)
Qu’il écrive un romans très noir, une pulp fiction saignante, un polar parisien ou un thriller délirant, Nicolas Lebel apporte en toute circonstance une dimension sociale à son intrigue. Après s’être durablement installé dans le paysage du polar hexagonal depuis la série du capitaine Mehrlicht conclue en 2019, il a jeté son dévolu sur une enquêtrice peu aimable aux trousses d’un mystérieux gang d’assassins venu d’Afrique du sud. Nouvel épisode d’une bagarre impitoyable où chaque partie se rend coup sur coup, La Ruche met le combat sur pause le temps que la lieutenant Chen face et ses pires ennemis fassent malgré eux cause commune pour mettre hors d’état de nuire un sinistre groupe criminel qui marche outrageusement sur les plate-bandes des Furies.
Le Fil de l’espoir – Keigo Higashino (Actes sud)
Référence du roman policier japonais, Keigo Higashino est un habitué des récompenses dans son pays et à l’étranger, notamment en France où le Festival de Cognac l’a couronné du prix du meilleur roman international en 2010 pour La Maison où je suis mort autrefois. Prolifique et régulier, il livre avec Le Fil de l’espoir un nouveau polar où il met sur le devant de la scène le cousin de Kaga Kyoichiro, détective chevronné et héros d’une trilogie qui porte son nom. Un couple décide d’avoir un nouvel enfant pour remplacer ceux morts dans un tremblement de terre ; quinze ans plus tard, une femme est assassinée dans son salon de thé alors que Matsumiya, qui a pris de l’âge et du galon, découvre médusé l’existence d’une demi-sœur… Voilà trois faits pour trois époques qui pourraient bien ne faire qu’une seule et même énigme à trois inconnues.
