400 libraires Fnac et 400 adhérents ont choisi ensemble les 32 livres en lice pour le Prix du Roman Fnac, parmi les 567 parutions de la rentrée littéraire 2018. Autant de coups de cœur et de découvertes qui constituent la sélection Fnac de cette rentrée. Le 27 août, les quatre finalistes ont été annoncés, en attendant la remise finale du prix le 14 septembre prochain.
400 libraires Fnac et 400 adhérents ont choisi ensemble les 32 livres en lice pour le Prix du Roman Fnac, parmi les 567 parutions de la rentrée littéraire 2018. Autant de coups de cœur et de découvertes qui constituent la sélection Fnac de cette rentrée.
La lauréate du Prix du Roman Fnac : Adeline Dieudonné pour La Vraie Vie
Adeline Dieudonné est la grande gagnante de la troisième édition du Prix du Roman Fnac pour ce premier roman qu’est La Vraie Vie. Cette jeune auteure belge se verra décerner son prix par Daniel Pennac lors de l’ouverture du Salon Fnac Livre.
Les finalistes du Prix du Roman Fnac : quatre femmes, quatre premiers romans
Questionner la société
En 2018, les auteurs de la rentrée littéraire prennent à bras le corps les thèmes qui agitent notre société. Trois ans après 2084, Boualem Sansal continue de creuser le sujet de l’extrémisme religieux. Dans Le Train d’Erlingen, il décrit la mainmise de régimes totalitaires sur des nations fragilisées en prenant comme symbole un fief de la haute bourgeoisie allemande.
« Un jour, j’ai dit : « Ils sont des milliers à dormir dehors. Quelqu’un pourrait habiter chez nous, peut-être ? » ». Partant de ce constat, Émilie de Turckheim a accueilli pendant neuf mois Reza, un jeune Afghan qui a fui son pays en guerre à l’âge de douze ans. Le Prince à la petite tasse est un récit touchant qui revient sur les difficultés et les grandes joies de la famille.
Arcadie, existe-t-elle, cette terre idyllique ? Dans le roman d’Emmanuelle Bayamack Tam, elle est cette zone blanche où Farah et ses parents ont trouvé refuge. Elle rassemble des gens fragiles, inadaptés à notre monde actuel. Mais, autour ce nouvel Éden, sillonnent les migrants : vont-ils les accueillir ?
Émilie Frèche questionne elle aussi le « vivre ensemble » dans un roman du même titre. Après les attentats du 13 novembre, une femme et son amant décident de s’installer sous le même toît. Mais le fils de Pierre, Salomon, refuse cette cohabitation et montre de dangereux signes de violence. L’auteure nous parle des familles recomposées, mais aussi des couples aux religions différentes.
Ce multiculturalisme est abordé aussi par Fatima Farheen Mirza dans Cette maison est la tienne. La fratrie composée d’Hadia, Huda et Amar a grandi en Californie mais ils sont tiraillés entre l’American Dream et la culture chiite dans laquelle ils ont été élevés. Comment vivre avec une identité plurielle et contradictoire ?
Valérie Manteau s’est quant à elle plongée au cœur d’une Istanbul en crise dans Le Sillon. En retraçant le parcours d’une jeune femme révoltée face à une liberté chimérique, l’auteure dresse le portrait de la narratrice et d’un pays dans un texte engagé et politique.
Enfin, Fanny Taillandier explore les États-Unis à l’aube du millénaire, en cette journée du 11 septembre 2001. Dans Par les écrans du monde, on suit le jeune architecte égyptien Mohammed Atta, celui qui a pris les commandes d’un Boeing 767, dans un roman d’espionnage et historique, sur les traces du terrorisme.
Roman des origines
Revenir au début de son histoire, retracer l’histoire de ses parents, de sa famille, pour comprendre qui l’on est, d’où l’on vient. Une démarche qui a inspiré plusieurs auteurs, dont Abnousse Shalmani qui, dans Les Exilés meurent aussi d’amour, raconte l’exil d’une famille en France après la Révolution islamique d’Iran.
Dans Bientôt viendront les jours dans toi, le narrateur fait l’état des lieux de sa vie lorsqu’à 40 ans il perd son père. Alors qu’ils sont enfermés depuis des années dans une relation houleuse, cette mort appelle le retour sur soi et lui inspire un nouveau départ.
Marco Balzano, dans Je reste ici, dévoile une région, le Haut-Adige, territoire autrichien annexé par l’Italie en 1923 et qui a subi une italianisation forcée. On suit Trina, qui refuse de se plier à ces ordres, séparée de sa fille, enlevée par sa tante et emmenée en Allemagne au début de la guerre. Cette vive blessure est le point de départ de ce récit, indispensable pour panser les plaies d’une famille brisée.
Cyril Avery n’est pas un vrai Avery : c’est ce que ne cessent de répéter ses parents adoptifs dans Les Fureurs invisibles du cœur. Qui est-il alors ? Balloté par la vie, à la dérive, ce roman de John Boyne est une quête de soi à travers l’Irlande des années 1940.
La narratrice de Là où les chiens aboient par la queue se demande aussi d’où elle vient. Élevée en banlieue parisienne, il ne lui reste plus rien de la Guadeloupe, à part sa couleur de peau. Elle décide de demander à sa vieille tante baroque de lui livrer le récit de ses origines. Un roman bouillonnant !
Roman historique, Loup et les hommes d’Emmanuelle Pirotte nous plonge dans la France de la fin du XVIIème siècle. Armand, marquis déchu, tente de retrouver son frère, condamné aux galères vingt années plus tôt. Qui est-il, cet enfant trouvé, adopté par sa famille ? Départ pour la Nouvelle-France pour répondre à ses questions.
Récit de soi, Dix-sept ans d’Éric Fottorino est son roman le plus intime puisqu’il retrace la vie de sa mère absente. « Lina n’était jamais vraiment là. Tout se passait dans son regard. J’en connaissais les nuances, les reflets, les défaites. Une ombre passait dans ses yeux, une ombre dure qui fanait son visage. Elle était là mais elle était loin. »
En terres étrangères
Ces romans de la rentrée envoient au loin leur lecteur français.
Au loin, comme le titre d’Hernan Diaz, sur un jeune Suédois qui débarque en Californie pour retrouver son frère à New York. Il entreprend le trajet à pied, pour une superbe découverte de l’Amérique.
Voyage dans le temps avec Frère d’âme de David Diop dans lequel l’auteur, lui-même sénégalais, suit le parcours de deux tirailleurs sénégalais qui se battent sous le drapeau français pendant la Première Guerre mondiale. La remémoration du passé en Afrique, paradis perdu, accompagne les deux hommes dans cette boucherie.
Bienvenue à Kuala Lumpur dans La Somme de nos folies de Shih-Li Kow. On suit la vie de la petite ville de Lubok Sayong et de ses personnages un peu loufoques et attachants, au grain de folie prononcés !
Dans la ville de Casablanca, La Vérité sort de la bouche du cheval. Ce cheval, c’est une cinéaste, Chadlia, qui veut réaliser un film sur la ville et se lie d’amitié avec Jmiaa, une prostituée de Casa. Un roman haut en couleur, dans lequel les femmes parlent haut et fort.
Abubakar Adam Ibrahim capture l’essence du Nigéria à travers la passion entre l’homme de main d’un politicien corrompu et une veuve musulmane de trente ans son aînée. Un amour illicite et sensuel raconté dans La Saison des fleurs de flamme.
Femmes abîmées
Trois romans de la rentrée dressent des portraits de femmes brisées par la vie, parfois par les hommes.
Le Malheur du bas raconte le viol de Marie par son patron. Comment continuer sa vie normalement quand on décide de taire cette agression ? Comment reprendre une vie de famille, une vie amoureuse quand le corps se délite ? Inès Bayard s’enfonce au plus profond de l’écriture de la chair dans ce premier roman percutant.
Dans son Manuel à l’usage des jeunes filles, Mick Kitson aborde également la thématique du viol. On suit deux filles qui fuient dans une forêt d’Écosse après avoir été agressées par leur beau-père. Une lutte pour la survie débute.
La narratrice de Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives est une jeune mère célibataire. Sa relation fusionnelle avec son fils de deux ans l’étouffe. Elle rêve de s’évader, rêve qu’elle accomplit, nuit après nuit, toujours un peu plus loin… Un roman sur ce qu’est être une mère célibataire dans nos sociétés.
Animalité
L’animalité est également au centre de cette sélection. La narratrice de La Vraie Vie évolue dans une famille où le père est chasseur et la mère craintive face à son mari. Il y a la chambre des parents, celle des enfants, mais celle aussi de tous les cadavres, les trophées de chasse qui peuplent et hantent la maison…
Serge Joncour revient une nouvelle fois en cette rentrée avec Chien-Loup, histoire d’un couple qui part en vacances tout un été coupé du monde. Perdu au milieu de la nature, un chien-loup sans collier tente de trouver son maître auprès de Franck et Lise. Le couple déterre peu à peu le passé sanglant de ce village du Lot, peuplé de bêtes et de meurtres.
Cette chère différence
Les auteurs de la rentrée littéraire s’intéressent à ce que veut dire être différent.
Dans Roissy, on entre dans les terminaux sans fin de l’aéroport de la région parisienne. Qui est cette femme qui déambule, jour après jour, aux mêmes endroits ? Pourquoi a-t-elle élu domicile à Roissy ? Un roman sur une femme plongée dans la confusion mentale.
Fleur et Harmonie, les deux héroïnes du roman Les Bracassées de Marie-Sabine Roger portent mal leur prénom. L’une est obèse et phobique sociale, l’autre est atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. Un roman touchant et drôle.
Gagnants et perdants
Qui sont les gagnants, qui sont les perdants de notre société ?
Une question que se pose Pascal Manoukian dans Le Paradoxe d’Anderson, dans lequel une famille de l’Oise est malmenée par la crise qui sévit dans le monde ouvrier. Enfants et parents se mobilisent pour survivre après la délocalisation des usines à l’étranger.
À l’inverse, La Transition de Luke Kennard et Ne m’appelle pas capitaine de Lyonel Trouillot explorent le monde bourgeois, parfois bobo, qui se retrouve confronté aux perdants de la société. Dans le premier roman, Karl part en prison pour fraude aux cartes à la consommation. Dans le second, l’étudiante en journalisme part à la recherche de Capitaine, un homme échoué au bord du chemin de la vie.
Joseph Kamal lui aussi fait l’expérience de la prison dans Trois fois la fin du monde de Sophie Divry. Cette plongée dans un monde brutal et violent ne sera qu’éphémère, puisque le narrateur parviendra à s’échapper.
Dans Désintégration, Emmanuelle Richard raconte la révolte d’une jeune femme contre les classes privilégiées. Exclue par la caste des élites, sa frustration monte peu à peu et s’intensifie en un cri intarissable.
Contrairement à la narratrice de Désintégration, Matthew, le personnage de Wild Side de Michael Imperioli, arrive à s’extraire de sa classe : élevé dans le Queens populaire de New York, il jouit d’un héritage inatendu et la vie chic de Manhattan s’offre à lui…
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Aller + loin : Salon Fnac Livres 2018, c’est reparti !