
Après l’avalanche du « Brat Summer » de Charli XCX l’année dernière, tout semblait aligné pour que l’été 2025 soit celui de la Néo-Zélandaise Lorde avec son nouvel album, « Virgin ». Mais une arrestation par la police new-yorkaise et une polémique avec Christine and the Queens ont failli ruiner la sortie de ce disque très attendu. Après quatre ans d’absence, Lorde tient-elle encore la corde ?
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les fans de Lorde, ça veut dire beaucoup : le 22 avril dernier, Lorde déclenche une flashmob dans Washington Square Park à New York. L’objectif ? Lancer la « Lordemania » 2025 avec un premier extrait de Virgin. Des centaines de fans sont attendus à 18 h, mais ils seront finalement plusieurs milliers. Dépassée, la police antiterroriste disperse la foule alors que Lorde interprète What Was That. Ironiquement bien nommé, ce morceau devient viral. Heureusement pour les absents, la scène a été filmée par Terrence O’Connor, directeur artistique discret, mais influent, à qui l’on doit une partie du succès du BRAT de Charli XCX. Un hasard ? Évidemment pas.
Résultat des courses pour Lorde au moment de se coucher le 22 avril : un good-bad buzz qui a failli dégénérer, un clip dans la boîte (cumulant à ce jour déjà 6 millions de vues) et l’assurance pour la jeune Néo-Zélandaise de seulement 28 ans d’avoir fait une OPA sur l’été 2025… comme Charli XCX un an plus tôt.
Un disque profondément non binaire
Mais contrairement aux sorties plus immédiates de ses concurrentes (Sabrina Carpenter, Dua Lipa, Miley Cyrus), Virgin refuse le mainstream. Et c’est tant mieux. Lorde n’y cherche pas le tube qui écrase tout, mais un album à écouter dans la durée. Le titre même de l’album, Virgin, fait écho à un double sens : vierge, mais aussi androgyne (en anglais le mot signifie masculin-féminin). La pochette, une radiographie de son bassin, donne le ton.
« L’album est entièrement écrit avec du sang. »
En 11 titres introspectifs, Lorde explore son identité, ses zones d’ombre et sa part masculine. Dans Man of the Year, devenu une trend TikTok, elle évoque ouvertement sa sexualité. Clearblue, plus frontal, décrit l’émotion d’un test de grossesse après un rapport non protégé. Musicalement, on est sur une pop électronique subtile, teintée de soul, d’ambient et d’échos synthétiques qui rappellent Caroline Polachek ou même le Hit me Hard and Soft de Billie Eilish.
« L’album est entièrement écrit avec du sang », a-t-elle déclaré à Dear Media. Manière de rappeler que, derrière l’architecture précise du disque, il y a surtout une sincérité brute.
Une mécanique bien huilée
Produit par une dream team de besogneux discrets réunissant le producteur d’HAIM et Charli XCX (Jim-E Stack) et celui d’Olivia Rodrigo (Dan Nigro), Virgin est également le symptôme de la mécanique Lorde : un disque tous les quatre ans. Depuis Pure Heroine en 2013, chacun de ses albums a été accouché au bout de 48 mois. Si on laissera le soin aux numérologues de se pencher sur l’importance de ce chiffre 4 pour la musicienne, on peut néanmoins affirmer que Lorde est clairement réglée comme une horloge.
Un pari gagnant, puisqu’elle a déjà vendu l’équivalent de 18 millions d’albums, décroché deux Grammy, mais continue de citer Annie Ernaux parmi ses influences. Une pop star littéraire et lente ? Oui, et fière de l’être.
« Lorde, tu peux me remercier. »
Polémique qui fait mauvais genre
Une ombre au tableau cependant : Christine and the Queens, désormais Rahim Redcar, a publiquement accusé Lorde de plagiat, peu après la sortie de What Was That. Selon lui, plusieurs idées visuelles et thématiques de son travail auraient été reprises sans crédit. « Il est étrange de voir tant d’éléments constants de mon travail digérés et mis en avant sans jamais me citer. Mon talent a-t-il disparu à cause de ma carrière étrange ? », avait-il déclaré sur X. La pique est amère, le débat ouvert. Lorde, elle, ne s’est pas exprimée sur le sujet.
Bilan : un été à 37°
Certes, Virgin n’a pas le goût immédiat des espressos de Sabrina Carpenter, mais il propose autre chose : un disque d’été à la fois honnête et introspectif. Plus exigeant, plus intime. Il rappelle autant la pop ambitieuse et à tiroirs de Kate Bush (écouter If She Could See me Now) que le Paranoïa, Angels, True Love de Christine and the Queens (écrit voilà… quatre ans), preuve que les grandes pop stars ont parfois besoin de recul pour viser juste. Alors, Virgin, album de l’été ? Avis aux amateurs de pop : il devrait vous marquer plus qu’un coup de soleil.