La montagne. Deux hommes. L’un meurt. Y a-t-il un coupable ? Dans Impossible, Erri De Lucas dresse un drôle de dialogue-interrogatoire en le magistrat en charge de l’affaire et l’accusé, ex révolutionnaire des années de plomb en Italie. Une réflexion intéressante sur l’idée de justice, d’amitié et de trahison.
« Je cherche des endroits difficiles, en dehors des sentiers battus, pour me sentir à l’écart du monde (…) Je me déplace dans un espace vide et aussi dans un temps vide. Je vois comment le monde était sans nous, comment il sera après. »
Une improbable rencontre
Alors que l’accusé arrive sur le sentier des Dolomites, un endroit très escarpé, il voit quelqu’un le précéder. Étonnant lorsqu’on sait qu’il n’y a jamais personne sur ce chemin à 7h30 du matin. Ce n’est que plusieurs heures plus tard, alors qu’il veut rebrousser chemin car un éboulement l’empêche d’avancer, qu’il voit au fond de la crevasse des vêtements : « L’éboulement n’était pas récent, mais on voyait quelque chose au fond. J’ai pris mes jumelles et j’ai vu des vêtements au milieux des rochers. »
L’accusé dit n’avoir su que bien plus tard, par les journaux, que cet homme décédé dans la crevasse, n’est autre que celui qui l’a dénoncé et trahi 40 ans plus tôt, l’obligeant à purger une très longue peine de prison.
« Une étrange surprise, n’est-ce pas ? » dit le magistrat.
Une impossible coïncidence
S’ensuit alors un long dialogue, plus qu’un interrogatoire, entre le magistrat en charge de l’affaire et l’accusé. Mais la montagne est un étrange terrain où celui qui s’engage, n’est pas garanti de revenir sain et sauf.
« Vous appelez victime quelqu’un qui est allé se fourrer tout seul au mauvais endroit. Une victime c’est quelqu’un qui se fait renverser sur un passage piéton. »
Si duel il y a eu, du haut de la montagne, seule la nature alentour en fut le témoin clé ; hors du temps et loin de la juridiction des hommes…
* Copyright photographie de visuel : Niccolò Caranti
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Parution le 20 août 2020 – 176 pages
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