Parce qu’elle a toujours entretenu un lien fort avec la nature, l’écrivaine Agnès Ledig a situé son dernier roman, Se le dire enfin (disponible en poche), dans la forêt de Brocéliande. Et comme elle n’est pas la seule à s’être laissée inspirer par les éléments, faisons une petite promenade au cœur des ressources naturelles des grands auteurs.
Jean Giono a situé toute son œuvre littéraire dans sa Provence natale. Daphné du Maurier s’est abondamment inspirée des falaises romantiques des Cornouailles. Charlotte Brontë a puisé son imaginaire gothique dans les landes désolées du Yorkshire. C’est dire si la nature a su inspirer les romanciers… Peut-être même depuis la nuit des temps, puisque Homère lui-même, l’inventeur des grands principes de la fiction occidentale, a placé les flots vineux de la Méditerranée au centre de son Odyssée.
La nature parlerait-elle aux écrivains ?
C’est un peu ce que nous dit Baudelaire dans son poème Correspondances (tiré du recueil Les Fleurs du Mal): elle est « un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ». On s’imagine le romancier assis dans une clairière, le parchemin sur les genoux et la plume de roseau à la main, s’efforçant de capter les sons ténus qui lui parviennent. Puis de les transformer en mots. Un processus quasiment elfique.
Et ce n’est pas Tolkien qui nous contredira, puisque plusieurs personnages de sa saga Le Seigneur des Anneaux sont des entités naturelles auxquelles il prête la parole. Les Ents, par exemple : des arbres humanisés, ou des esprits incarnés en arbres (à vous de décider), qui parlent et se déplacent comme vous et moi. Mais qui donnent des conseils beaucoup plus avisés.
Dans la littérature, l’entité naturelle se fait ainsi le transmetteur d’une sagesse auxquels les humains ne peuvent accéder seuls. C’est le cas du Sahara chez Saint Exupéry. À l’approche de la mort, seul auprès de la carcasse de son avion, le pilote voit les esprits du désert s’incarner en un charmant Petit Prince. Et apprend, par le biais des belles histoires que cet enfant raconte, à accueillir ce qui vient.
De même, dans Le Lion de Kessel, la petite Patricia découvre grâce à son gros félin préféré qu’il ne faut pas présumer de ses forces, sous peine de provoquer l’irréparable.
Et dans Un barrage contre le Pacifique, de Duras, c’est l’océan lui-même qui donne une dure leçon d’humilité à une mère de famille un peu folle.
Le romancier ne murmure donc pas à l’oreille des chevaux ?
Au contraire : il écoute ce qu’ils ont à lui dire. Mais alors, qu’en est-il des écrivains urbains, ceux qui arpentent le béton à la recherche de l’humanité ?
Ellroy et ses polars qui font couler le sang dans tout Los Angeles ? Dickens et ses bas-fonds londoniens couverts de suie ? Peut-être nous disent-ils, justement, la même chose : sans nature, l’histoire est horrifiante. L’écrivain et sa plume de roseau, assis au milieu du carrefour, ne trouvent que des accidents et des alarmes à raconter.
Se le dire enfin : disponible en poche !
Découvrez le beau roman d’Agnès Ledig sur la quête de soi, disponible en poche depuis mars 2021 ! Plongez au plein coeur de la forêt de Brocéliande avec Edouard, Gaëlle, Gauvain, Adèle, Raymond, et Platon.
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Parution le 10 mars 2021 – 512 pages