Critique

Hellboy de Neil Marshall : reboot d’enfer

03 mai 2019
Par Lucie
Hellboy de Neil Marshall : reboot d’enfer

Après deux premiers opus cultes signés Guillermo Del Toro, cela faisait dix ans qu’on attendait des nouvelles de Hellboy au cinéma… Il revient enfin ce 8 mai, avec cette fois Neil Marshall aux commandes dans une version reboot qui éclaire sous une nouvelle lumière le démon rouge. Alors, verdict de ce Hellboy revisité ?

Démon émerveille

hellboy Les-germes-de-la-destructionNé sous la plume de Mike Mignola en 1994, Hellboy est un super-héros de comics pas comme les autres : démon ayant passé sa jeunesse aux enfers, recueilli en 1944 par l’armée américaine alors que les nazis l’invoquaient dans l’espoir de gagner la guerre, il grandit détesté de tous mais résolu à utiliser ses incommensurables pouvoirs pour faire le bien et sauver – à maintes reprises – l’humanité.

Longtemps présumé inadaptable au cinéma, Guillermo Del Toro porte le projet à bout de bras au début du XXIe siècle et décide de donner à Anung Un Rama – son nom démoniaque – les traits de Ron Perlman devant la caméra en 2004. Hellboy devient immédiatement culte, la faute d’abord à son héros singulier, franc-tireur qui ne demande qu’à être aimé mais dont le destin sera autrement plus compliqué. Ensuite à la maestria du cinéaste mexicain, qui tire de l’œuvre de Mignola une noirceur poétique, une inventivité et un humour jusqu’alors inexistants dans les films de super-héros, par trop formatés. Le succès de Hellboy donnera une suite en 2008, Hellboy II : les légions d’or maudites. Ce qui devait constituer une trilogie s’arrêtera pourtant là pour le duo Del Toro-Perlman, terrassé par trop de difficultés pour conclure la saga.

hellboy guillermo del toro

Retour aux sources

En 2017, le studio Millennium Films annonce qu’un nouveau Hellboy est mis en branle… mais qu’au lieu d’une suite, il s’agira d’un reboot. Sans l’équipe originelle aux commandes, mais avec l’implication de l’auteur de la bande dessinée au scénario. De fait, ce Hellboy 2019 se base principalement sur l’un des épisodes du comics, La Grande Battue, qui voit le démon rouge croiser la mythologie arthurienne et affronter Nimue (la fée Viviane). Aux commandes, Neil Marshall (The Descent, Doomsday), réalisateur de productions horrifiques efficaces et calibrées. Autant dire que comparer son travail avec celui, insaisissable, du réalisateur de La Forme de l’eau sur les deux premiers épisodes de Hellboy relève de la quadrature du cercle, tant les deux hommes conçoivent différemment le septième art.

hellboy 2019

À l’opposé de la poésie fantastique de Del Toro, affranchie de son modèle et des codes du genre, Neil Marshall embrasse au contraire l’univers de Mignola et convoque Lovecraft, les légendes celtes, la mythologie slave… faisant ressembler Hellboy à un agglomérat du bestiaire imaginé par Mike Mignola. Malgré cette confusion générale, Hellboy 2019 réussit à divertir, notamment grâce au choix de David Harbour (le shérif Hopper de Stranger Things), parfaitement convaincant en héros violent et au langage peu châtié – une voie ouverte avec succès en 2016 par Deadpool. Et s’il partage avec cet autre héros au costume rouge la même impertinence pragmatique, Hellboy se démarque néanmoins par quelques séquences anguleuses et oniriques du plus bel effet, en particulier une confrontation avec Baba Yaga, vilaine sorcière récurrente de la BD. De quoi se montrer indulgent avec Neil Marshall et laisser une (petite) place à son film dans l’édifice totémique consacré à Anung Un Rama depuis 25 ans.

Photo : © Universum Film

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Lucie
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rédactrice cinéma sur Fnac.com
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