Critique

La Suture : Sophie Daull voyage dans le passé de sa mère

23 juin 2016
Par Frédérique
La Suture : Sophie Daull voyage dans le passé de sa mère
©dr

En 2015, Sophie Daull publiait un premier roman très remarqué, Camille mon envolée, récit d’une perte, coupure entre sa vie avant et après la mort soudaine de sa fille de 16 ans. Avec La Suture, l’auteure tente de reconstituer le passé que sa mère Nicole, morte à 45 ans, lui a toujours caché.

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Vivre avec ses morts

Camille mon envolée était l’histoire d’un deuil, d’une séparation, de l’apprentissage d’une nouvelle existence, d’une nouvelle façon de vivre avec sa fille, et une ode à la mémoire de cette adolescente de 16 ans disparue brutalement. Comme Sophie Daull le disait dans ses interviews, elle n’a pas appris à « faire son deuil », mais plutôt à vivre avec ses morts, qui continuent d’exister en elle. Et l’autre grande disparue dans sa vie, c’est sa mère, Nicole, une drôle de bonne femme, morte à 45 ans, qui cachait soigneusement son passé, même à ses proches.

Recoller des bribes d’existence

Sophie Daull se plonge donc de nouveau dans ce passé familial douloureux, pour tenter de reconstituer la vie de sa mère, assassinée à 45 ans. Elle se livre pour cela à une véritable enquête de terrain. Nous la suivons sur le lieu de naissance de Nicole, celui de sa petite enfance et dans les différentes villes où elle a vécu avant de se fixer à Belfort où Sophie Daull est née, où Nicole est morte.

Ce que l’auteure sait de sa mère ? Peu de choses, elle va glaner quelques indices dans les services d’état civil, s’imprègne de l’atmosphère des lieux, interroge ceux qui l’on côtoyée et qui sont toujours en vie. La réponse varie peu : ta mère était très secrète… Le seul point d’ancrage : quelques vieilles photos rassemblées dans une boite à chaussures, tranches de vie auxquelles Sophie Daull va donner une certaine consistance avec des scénarios plausibles de scénettes, d’anecdotes tirées de son enquête et de son imagination.

Camille, Nicole et Sophie

La vie continue, l’humour persiste, toujours présent chez l’auteure, quelque soit la gravité des événements. Tout au long de sa quête, Sophie Daull revient sur ce deuil qui a suscité son premier roman mais aussi le deuxième, faisant des rapprochements, des comparaisons entre les parcours, les relations qu’elle a eues avec l’une et l’autre et finalement, boucle la boucle par cette constatation :

« J’écris ça :  » Je suis devenue la mère de ma mère ». Dans l’autre livre, celui en bleu pour Camille, j’écrivais : « Je suis devenue la fille de ma fille. »»

Plus que l’histoire d’une vie (que saura-t-on sur Nicole ?), c’est plutôt l’histoire d’un mystère que Sophie Daull nous conte, et surtout celle d’une quête. La quête d’une fille pour vivre avec le secret de sa mère, recoller des morceaux pour mieux la faire vivre dans son souvenir, tout comme Camille, sa fille qui vit maintenant en elle. 

Parution le 25 août 2016 – 208 pages

La Suture, Sophie Daull (Philippe Rey) sur Fnac.com

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