Critique

L’odeur de la forêt : un soldat au cœur de la guerre de 14

25 novembre 2016
Par France
L'odeur de la forêt : un soldat au cœur de la guerre de 14
©dr

Depuis son premier roman publié en 2011, Hélène Gestern construit une œuvre iconoclaste et singulière. Si son thème fétiche est la photographie et son traitement par l’Histoire, elle s’emploie pour chaque récit à en étudier une thématique précise. Dans son nouvel opus, le leg fait par une vieille femme à l’Institut pour lequel travaille la narratrice est le point de départ d’une véritable chasse au trésor, qui nous mènera de la Bourgogne au Portugal et nous fera traverser le XXe siècle.

Un jeu de piste

Helene-Gestern-L-odeur-de-la-foretLe jour où Elisabeth Bathori, historienne de la photographie, reçoit des mains d’une très vieille dame la correspondance incomplète que son oncle, Alban de Willecot, a entretenu pendant la 1ere guerre mondiale avec un célèbre poète, elle est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer. Peinant à se remettre de la disparition de son amoureux, elle se jette corps et âme dans la recherche des lettres que le poète surréaliste Anatole Massis a adressé au soldat. Bouleversée par la lecture de cette correspondance amputée, l’historienne se lance dans une véritable enquête avec le but avoué de retracer la vie de cet homme mort au combat.

Au fil de ses découvertes, elle comprend cependant que le lieutenant, avec la complicité du poète, a entrepris un véritable travail de dénonciation des conditions de vie dans les tranchées.

Les photographies

La photographie, thème récurrent et central de l’œuvre d’Hélène Gestern, concerne ici la propagande militaire au cours de la guerre de 14. Les photos et cartes postales que contient l’album du Lieutenant Willecot illustrent la vie des poilus dans les tranchées. Si, au tout début de la guerre, les photos réalisées sont plutôt bon enfant, elles se muent au fil du temps en une arme de dénonciation des conditions de vie des soldats. Appartenant à la Section Photographique des armées, le jeune Willecot, armé de son appareil, profite de son statut particulier pour photographier ses contemporains, et dénoncer la survie dans les tranchées, les tribunaux arbitraires et les fusillés pour l’exemple, au risque de finir lui-même devant l’un de ces tribunaux qu’il entend dénoncer.

Dans ce roman poignant, point de salut. La petite et la grande histoire s’entremêlent, marquant au fer rouge des destinées, et imposant aux survivants un important et salutaire devoir de mémoire.  

Paru le 25 août 2016 -706 pages

L’Odeur de la forêtHélène Gestern (Arléa) sur Fnac.com

Photographie de l’auteure © Arléa, PJ Dufresne – Studio Carpediem.fr


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