Au cœur de l’affaire Dreyfus, entre les lignes d’Alfred

Les amoureux de la littérature – et de l’Histoire ! – les plus transis le savent : l’accès à l’écriture manuscrite des auteurs et des personnages historiques est aussi précieux qu’émouvant. Les éditions Les Saints Pères, spécialisées dans la reproduction de manuscrits, viennent justement de faire paraître, le 11 mars dernier, le Journal d’Alfred Dreyfus – témoignage poignant de celui qui a été au cœur du feuilleton judiciaire le plus célèbre de l’Histoire française.

Accusé d’espionnage pour le compte de l’Allemagne, le capitaine Alfred Dreyfus est d’abord interrogé par sa hiérarchie dix-sept jours consécutifs. Il se défend fermement, mais est tout de même dégradé dans la cour de l’École militaire, le 5 janvier 1894. Il est ensuite enfermé à la prison de la Santé, à la Rochelle et à l’Île de Ré, puis acheminé vers la Guyane ; c’est là qu’il rédigera, du 14 avril 1895 au 10 septembre 1896, son Journal.

La célébrissime « affaire Dreyfus », qui a divisé la France plusieurs années durant, est avant tout le nom d’un drame intime : Alfred Dreyfus voit en effet, en l’espace de quelques mois, son existence s’effrondrer – lui qui avait dédié sa vie à sa carrière militaire et à sa patrie. C’est précisément ce qui rend bouleversante la lecture de ce manuscrit.

L’écriture fine et soignée de Dreyfus rend compte, jour après jour, des terribles conditions de sa détention et de son accablement grandissant. Malgré sa souffrance, l’auteur laisse transparaître l’obsession de la réhabilitation – cet espoir qui ne l’a jamais quitté.

Si cette parution exceptionnelle permet de découvrir un texte rare dans sa forme initiale, les éditions Les Saints Pères reproduisent aussi les manuscrits de grands ouvrages de la littérature française et étrangère ; leur catalogue comprend ainsi les manuscrits du Voyage au bout de la nuit de Céline, de La Peste de Camus ou encore du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir.