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Marie-Flore : on a écouté (et aimé) son nouvel album « Ex aequo »

25 avril 2025
Par Manue
Marie-Flore : on a écouté (et aimé) son nouvel album "Ex aequo"
©DR

Après les albums « Braquage » (2019) et « Je sais pas si ça va » (2022), Marie-Flore revient avec un nouvel album, « Ex aequo » ce 25 avril 2025. Un opus ciselé qui confirme que la jeune autrice-compositrice fait désormais partie des valeurs sûres de la chanson française.

« L’amour, l’amour, l’amour, dont on parle toujours« , chantait Mouloudji. C’est justement ce thème qui inonde ce nouvel opus de Marie-Flore. Il est vrai qu’il y a mille manières de le chanter, d’en effeuiller chaque aspect. Encore une fois, celle qui tient son prénom d’une chanson de Joan Baez, nous conte l’amour avec cette mélancolie et cette nonchalance lui vont toujours si bien. Comme dans l’album de 2019, Braquage, qui évoquait déjà la rupture, cet Ex aequo aborde la notion de séparation. Là où elle était douloureuse ou tout du moins chaotique dans Braquage, dans Ex aequo, elle est presque magnifiée. Là où les punchlines fusaient comme des coups de poings bien assénés, aujourd’hui, le verbe est moins cru mais tout aussi soigné. 

Le décor est planté avec la chanson Je pars. Dès lors, on plonge dans ces histoires où l’union de deux corps, deux coeurs, deux âmes, volent en éclat. Ce point qui finit une histoire, qui est un point de rupture, est aussi un point qui annonce une autre phrase donc possiblement une autre histoire. « Dans d’autres bras, je t’aimerais aussi« , chante Marie-Flore, concluant que « Nos ratés sont réussis« .

Tout dit aborde, lui, cette absence de communication de l’être aimé, absence perçue comme un sentiment d’abandon pour l’autre et donc déjà comme une relation à deux vitesses qui ne peut mener qu’à sa fin. Cette lettre ouverte, cette mise à nu, ouvre aussi la notion de vulnérabilité. Il y a une certaine ironie dans ce passage où elle chante : « pourquoi je supporte qu’un je t’aime reste lettre morte« . 

Ce lâcher-prise présent sur Tout dit se transforme en renoncement dans Que veux-tu. « Que veux-tu que ça me fasse puisqu’une, à ma place, t’embrasse, que veux-tu que ça me fasse puisqu’une, à ma place, t’enlace« , répète-t-elle inlassablement avec une certaine mélancolie tapie derrières ces mots que les pleurs de la guitare finale laissent totalement éclater.

Bien entendu aborde de manière très « gainsbourienne », ces doutes que l’on met sous le tapis, ces prémices d’une possible fin qu’on étouffe. Comment ne pas s’interroger sur le combat que peut être l’amour quand elle chante « nos lèvres se pressent comme dans un bras de fer qui bat tous les scores« . 

Dans Promis juré, on change un peu de ton. Pas de colère non, mais une certaine irritation, voire exaspération. « Sera-t-on un feu de forêt ou un feu de paille ? Sera-t-on grandiose ou minable ? », interroge Marie-Flore avec un léger désappointement.

Alors que dans Tout est dit, l’artiste s’ouvrait à travers une lettre qu’elle aurait pu écrire, Quelques centimes relève, lui, plus de la prière. Ces voeux pieux dessinent pour une fois des possibles. Contrairement aux autres titres, il se dégage une profonde nostalgie, une forme de romantisme. « J’ai fait du mieux que j’ai pu pour ne plus croire en ce que j’ai cru« . 

De nous deux conclut assez bien cet opus et cette thématique : « De nous deux je retiens, le médiocre comme le moyen, comme ce fut nul, comme ce fut bien, comme nous fûmes proches, comme nous fûmes loin, avant le vide, y avait le plein. On y croit plus qu’on y tient. Dans ses mains, je ne suis personne à peine quelqu’un ». Un brin désabusée, Marie-Flore clôt cet album fait d’ambivalences, de paradoxes. Et si c’était ça, l’amour ? Le chaud, le froid ? Le feu, la glace ? La fusion, la séparation ?

Une pop pleine de superbe

Qu’en est-il musicalement, si les mots tranchants se sont quelque peu éclipsés ? Sa pop, presque rock dans Braquage, qui s’alliait à la puissance du hip-hop est-elle toujours racée ?

Si la culture rock anglo-saxonne est moins présente, la pop de Marie-Flore n’en est pas pour autant devenue pastel. 

Ne vous laissez pas surprendre par cette intro de cordes, au début du disque : le groove est là et bien là. Il n’y a qu’à entendre quelques secondes et se laisser porter par cette basse, même le flow de ce piano dont le rythme pourrait très bien sortir des mains d’un Berger d’aujourd’hui. Ca claque. Même les cordes s’y mettent comme sur Tout dit

On applaudit ces effervescences gainsbouriennes. Ecoutez cette intro de Bien entendu et ce qui suit. Pareil sur Tutto passa. Cette basse, ce piano, cette batterie… Ce n’est pas un titre de Gainsbourg mais ça en a toutes les saveurs musicales. Peut-être est-ce dû à cette similarité entre le son de l’homme à tête de chou, son parler et celui du mouvement hip-hop dont Marie-Flore prend quelques volubilités.

Bien sûr, il y a des ballades. Même dans ce genre plus lent qui pourrait rendre fade son ton et la tonalité de ses mélodies, Marie-Flore nous saisit, pas seulement par l’élégance qui enlace chaque note. Ce ne sont pas seulement ces arrangements de cordes qui donnent cet éclat à cette pop. C’est aussi et surtout le talent de composition de la demoiselle. Certain.e.s ne s’en apercevaient peut-être pas mais Marie-Flore, avec son passage au Conservatoire, a non seulement la connaissance mais aussi une vraie habileté musicale qui n’a absolument rien à envier à ses aîné.e.s. Comme avec sa plume, Marie-Flore a un vrai don pour transformer une émotion, un sentiment en une mélodie, un langage musical. 

La plume, peut-être moins subversive, n’en reste pas moins mordante, vive, incisive comme cette balle d’une arme qui fuse dans un centre de tir. Peut-être pas aussi personnel que ses précédents albums, Ex aequo souligne avec évidence que Marie-Flore a décidément tout d’une grande. Et on ira l’applaudir en concert ce joli mois de mai.

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Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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