Derrière chaque prénom se cache une histoire. Dans Ce que révèlent vos prénoms, la medium, conférencière et autrice Anne Tuffigo nous invite à relire nos identités comme des chemins intérieurs, où mémoire familiale, intuition et quête de sens se répondent.
On vous connaît surtout pour vos capacités médiumniques et vos conférences sur le monde de l’invisible. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette analyse poussée des prénoms ?
Je suis avant tout une lectrice : de textes, de par mon premier métier [Anne Tuffigo était professeure de lettres modernes, ndlr], mais aussi de l’invisible. Quand on vient me voir en consultation, j’ai un rituel : je note le prénom et la date de naissance de la personne sur mon petit bloc de feuilles. C’est ma manière de me connecter à elle. Au fil des années, je me suis rendu compte qu’il y avait des récurrences dans les schémas de vie et dans les épreuves des personnes qui portent le même prénom. J’ai beaucoup de mal à croire au hasard, et je me suis dit que ces similitudes seraient intéressantes à creuser.
J’ai donc mêlé mon goût de la recherche littéraire et de l’étymologie avec cette lecture de l’invisible, et je me suis posé cette question : et si notre prénom, au-delà d’une simple signature, était porteur d’informations précieuses sur nous-mêmes ? J’ai fini par me dire qu’on se trompait peut-être complètement dans la manière d’interpréter ces patronymes. On en a souvent une vision un peu cucul, édulcorée et romantico-ésotérique à quatre balles, alors que l’étymologie, la vraie, est bien plus riche. J’ai mis le nez dedans comme on plonge dans un chaudron, et je n’en suis plus ressortie.
Ces recherches m’ont permis de réaliser que l’analyse des prénoms et des noms de famille nous offre une quantité folle d’indices sur nos missions de vie. J’ai donc mené cette enquête, afin de donner aux lecteurs des outils pour décoder le sens caché de leurs patronymes. Et comme je sais qu’on arrive sur Terre pour une raison bien particulière, j’ai voulu pousser le curseur plus loin. J’ai classifié plus de 900 prénoms et je me suis rendu compte qu’ils répondaient à 23 grandes missions de vie. J’ai mis autant de prénoms que possible dans cet ouvrage, car tout le monde est en quête de sens. Je voulais leur dire : “Regardez, vous réclamez quotidiennement des signes – des heures miroirs, des plumes –, mais tous les jours, vous écrivez votre prénom et votre nom de famille qui contiennent des tas d’informations sur vous !”. Dans mes ateliers, 85 % des personnes ignorent leur signification alors que ça les définit sur Terre ! C’est une vibration de nous-mêmes.
Comment avez-vous mené cette enquête ? Quelles étaient vos méthodes de travail ?
Je fais ce métier depuis 16 ans et je reçois des consultants tous les jours, donc j’avais déjà mon petit laboratoire humain. J’ai commencé par compiler les grands prénoms. Ce qui est passionnant, c’est que l’analyse est bonne, quelle que soit notre langue. Chaque nom a une racine propre et des déclinaisons : Jean, Juan, José… Peu importent les confessions et les cultures, on en revient toujours à une même souche, à une étymologie commune, car notre mission est universelle. Quand j’ai eu ma première base de données de 400 patronymes, j’ai réalisé que je revenais souvent aux mêmes significations, aux mêmes demandes thématiques et aux mêmes indications de missions de vie. J’ai donc compilé toutes ces informations, puis j’ai questionné ces personnes pour corroborer ce que j’avais découvert.
Avez-vous découvert des révélations surprenantes ou émouvantes en analysant certains prénoms ?
Absolument. Parfois, le prénom et le nom de famille peuvent être antinomiques – c’est mon cas. “Anne” signifie “la grâce” en hébreu. Mais attention : un prénom ne nous caractérise pas comme un objet figé ! Nous sommes des êtres humains qui évoluent. Un prénom, c’est un projet, ce n’est pas un état d’être, sinon on est foutus et on reste les mêmes, de nos 2 ans à nos 99 ans ! [Rires] “Anne” ne veut pas dire “celle qui a la grâce”, mais “celle qui se servira peut-être de la spiritualité pour avancer dans sa vie”. A priori, j’ai bien entendu ma mission. [Rires]
Mais ce qui est intéressant, c’est que mon nom de famille, “Tuffigo”, est breton, et il vient des laboureurs. Il représente ces hommes et ces femmes qui restent ancrés dans la terre et qui ne serviront pas la spiritualité. Donc, qu’est-ce que je fais de ces projets de vie ? Est-ce que je dois rester du côté de ces gens très cartésiens ou prendre une envolée lyrique ? Je suis restée loyale et fidèle à cette histoire transgénérationnelle durant la première partie de ma vie, puis j’ai pris la poudre d’escampette en surfant sur ce que mon prénom sous-entendait. C’est en ça que nos histoires résonnent et sont émouvantes.
Nous sommes donc conditionnés dès la naissance et le choix de notre prénom ?
On a toujours notre libre arbitre. On choisit de répondre, ou non, à ces missions. Dans mon cas, la grâce pouvait être un cadeau ou un fardeau, et j’ai choisi de privilégier la première option. On a toujours le choix de ce que l’on donnera, ou fera de notre vie – et heureusement. On décide toujours de répondre, ou non aux injonctions tacites de notre lignée.
La seule chose qui nous conditionne, c’est l’amour des nôtres. On veut toujours être loyal envers les siens. La question qui se pose est donc la suivante : vais-je plaire à ma lignée et rester dans le clan ? Ou vais-je me poser en “rebelle” pour couper les schémas de répétition ?
Prenez “Sylvie”, par exemple. C’est sylvestre, la forêt, les racines. Les Sylvie sont les garantes des racines familiales, ce sont celles qui restent près du clan, qui rabibochent ceux qui s’engueulent, qui rachètent les vieilles pierres de la maison familiale. Et si les Sylvie ont envie de partir vivre en Australie ? Peut-être qu’un jour, elles diront ne plus vouloir de ces histoires de garante des racines et s’envoleront à l’autre bout du monde pour s’y opposer.
Est-ce pour cette raison que certaines personnes ressentent un décalage entre leur prénom et leur identité profonde ?
Ce décalage peut effectivement venir de cette envie de ne pas répondre aux injonctions ou de trouver son histoire familiale trop lourde à porter. Mais si c’est écrit, c’est que, au départ, c’est notre mission de vie. Ce n’est pas parce qu’on change de prénom qu’on efface cette mission. Comme dit Lavoisier, “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Si on change de prénom, on s’ajoute simplement une mission de vie. On n’en enlève pas une. C’est du travail en plus.
Le fait de changer de prénom n’implique donc pas de remise à zéro ?
Non, c’est une continuité. Une mission supplémentaire. Il est d’ailleurs intéressant d’analyser tous ses prénoms de naissance, car ils correspondent à tous nos jobs sur Terre. Ce n’est pas juste pour faire joli sur notre carte d’identité. Certains s’aperçoivent même qu’ils ont d’abord “réglé” leur deuxième prénom avant le premier. Tout est un ensemble de signes et de compréhension pour soi-même. C’est pour cette raison que je dis aux gens : arrêtez de vouloir faire tourner les tables ou jouer avec le spiritisme, et commencez par analyser ce qui est visible ! Il y a plein de signes disséminés sous nos yeux et, à force de trop les voir, on ne parvient plus à les voir.
On peut donc en apprendre beaucoup sur soi-même, rien qu’en analysant son prénom…
On en apprend énormément ! Sur nous, mais aussi sur l’histoire de nos ancêtres. Prenons l’exemple d’“Agathe”. Les prénoms liés aux pierres – Agathe, Ambre, Ruby… – portent cette notion de préciosité ; on leur demande de briller. Si elles viennent d’une famille humble et modeste, on peut se demander si les parents ne cherchent pas inconsciemment une revanche sociale. Demandez-leur si vos ancêtres ont eu des relations avec des personnes de meilleures situations sociales qu’eux. Ils ont peut-être gardé ce souvenir, et cette volonté de s’élever à nouveau dans la société. L’analyse de son prénom nous encourage aussi à mener des enquêtes au sein de notre propre famille pour comprendre les douleurs inconscientes qui ont été léguées à travers le choix de ce prénom. Loin des descriptions très gnangnans sur certains sites, l’étymologie des patronymes est immensément riche et profonde. J’encourage tout le monde à pousser cette curiosité.
C’est aussi une grosse responsabilité pour les parents ! Le prénom qu’ils choisissent pour leur enfant va conditionner toute sa vie…
Mais tout est déjà écrit. L’âme choisit son prénom avant d’arriver sur Terre. On ne fait que le souffler aux parents, par le biais d’une musique qu’ils pensent aimer ou d’un vieux souvenir d’enfance. Ce n’est pas une “grosse responsabilité”. On ne fait que s’en souvenir, parce que tout est juste et tout est écrit. En revanche, si on étudie la signification du prénom de notre enfant, on pourra mieux le comprendre, mieux comprendre ses forces, ses faiblesses, ou encore les épreuves auxquelles il sera confronté. C’est un outil pour l’accompagner au mieux.
Comment avez-vous intégré vos expériences de médium dans la rédaction de cet ouvrage ?
Mon approche de médium se retrouve dans cette notion de “contrat d’âme”. Mes canalisations médiumniques m’ont permis de comprendre que tout est déjà écrit, même si on a notre libre arbitre. Je souhaite que mes lecteurs retiennent cette notion de sens, pour qu’ils vivent en pleine conscience et non en subissant les choses. Si on est à même de comprendre ce qu’on vient vivre sur Terre, on pourra mieux appréhender et dépasser nos épreuves.
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes croient aux parasciences. Sur TikTok, il y a toute une communauté de “sorcières” – le WitchTok – qui se forme et s’entraide… Je vous vois grimacer. Vous n’adhérez pas à ce mouvement ?
Je suis très attachée à la déontologie, et j’ai un problème avec le mot “sorcière”. Aujourd’hui, faire des rituels et des potions est devenu une espèce de jeu. Or, je suis absolument contre toute intervention, positive ou négative, contre quelqu’un. On est dans l’ordre de la magie, de l’occultisme.
Rien que le fait de mettre une bougie et de dire trois incantations pour “faire revenir l’être aimé” me pose un problème. Tout romantico-bucolique que ça puisse paraître, on est déjà en train d’altérer et d’aliéner le libre arbitre de l’autre pour ses propres intérêts. Parfois, ça reste gentillet, mais, très vite, c’est l’escalade. Et je m’oppose à toute forme de magie.
J’ai aussi l’impression que beaucoup de ces “sorcières” sont dans la caricature. On n’est pas obligé de s’habiller comme au Moyen-Âge pour être witchy. On vit en 2025 ! On peut être des femmes modernes et spirituelles – et je pense l’être. Je médite tout autant que je peux aller faire une heure de shopping chez Sephora. La spiritualité est un art de vivre qui se conjugue au quotidien. C’est une façon d’appréhender les autres et son intuition. J’ai l’impression que certaines d’entre elles cherchent quelque chose d’archaïque, comme si elles voulaient s’extraire à nouveau de la société pour prétendre être différentes. Ça me dérange, car je rappelle qu’au Moyen-Âge, c’est comme ça qu’elles ont fini sur le bûcher : parce qu’on les mettait en marge. Pourquoi refaire cette ségrégation ?
Donc, vous n’êtes pas favorable à toutes ces pratiques de manifestation, qui consistent à attirer à notre “vie rêvée” par le biais de la pensée ?
Je prône plutôt le travail sur soi-même. Poser ses propres intentions, savoir qui nous sommes et ce que nous voulons vraiment. Est-ce qu’on se pose une seule fois la question : “Est-ce que faire revenir l’être aimé est une bonne chose ?” Si je suis confrontée à une rupture, qu’est-ce que je dois comprendre ? Cette perte était-elle nécessaire ? Ai-je reproduit un même schéma ?
Avec ce genre de rituels, on est toujours dans un contournement d’obstacles. Les hindouistes et les bouddhistes ont cet adage de l’impermanence totale. La vie n’est qu’impermanence. On ne peut retenir ni le temps, ni les gens, ni les moments de bonheur. Avec ces formules et ces arts de vivre, c’est comme si on voulait faire de l’impermanence quelque chose de permanent. Mais ce n’est pas possible. Il faut accepter les départs, les deuils, les joies et les peines. Vouloir tout figer peut être contreproductif. Il faut faire un travail sur soi-même et se demander ce que ces événements nous ont permis de vivre, en quoi ils nous ont aidés à avancer et quelles portes ils vont nous ouvrir. Pour moi, de l’ombre naît toujours la lumière.
Avez-vous néanmoins le sentiment que de plus en plus de personnes sont attirées par le monde de l’invisible ?
Je ne pense pas qu’ils le sont de plus en plus. Ces personnes ont toujours été attirées par ce monde, car ce sont des arts sacrés et ancestraux qui existent depuis l’Antiquité. Mais aujourd’hui, le digital a permis une prolifération plus libre. N’oublions pas, non plus, que la génération des années 2000 a vécu un confinement, des crises familiales – un couple sur deux divorce –, des crises sociales… Dès qu’on est en crise et qu’on perd ses repères, on en cherche d’autres. Je pense que ces jeunes ont simplement cherché à trouver d’autres clés, ailleurs et de façon décomplexée, car ils n’en trouvaient pas chez eux, ni à l’école. En soi, c’est bien. Je suis heureuse de voir que la spiritualité n’est plus une pratique honteuse. Mais les réseaux sociaux amènent parfois des dérives. Et il faut faire attention à ça.
Vous avez parlé de l’intuition au cours de cette interview : quelles sont les clés pour la développer ?
On n’a pas cinq sens, on en a six. L’intuition est ce fameux sixième sens, que les animaux et les jeunes enfants possèdent encore. Mais dès qu’on rentre à l’école, elle s’étouffe au profit des propos éducatifs, des croyances qu’on reçoit, et surtout à cause de nos sentiments et de nos émotions.
Il faut différencier le “Je sens que ça ne va pas aller” et le “Oui, mais c’est important que je réussisse cet examen pour faire plaisir à mes parents, donc j’y vais quand même”. Parfois, on se dit aussi qu’on veut absolument suivre ce garçon parce qu’il correspond à nos attentes, alors qu’au fond de nous, on a déjà des petites alertes qu’on n’écoute plus. Nous sommes tous dotés d’intuition, que nous avons plus ou moins réfrénée. Après, tout le monde n’est pas médium. La médiumnité est une faculté extrasensorielle un peu plus poussée, mais vous pouvez néanmoins travailler votre intuition, notamment à travers la méditation. En général, on redéveloppe ces capacités dans les moments de changement. Après une rupture, un deuil ou un licenciement, on se sent complètement perdu. On n’a plus de repère, donc on se permet de réactiver d’autres choses, comme l’intuition.
Ce qui distingue une véritable intuition d’une construction mentale, c’est la vitesse à laquelle elle se manifeste : le cœur va plus vite que le cerveau. Une intuition, c’est d’abord une sensation. Avant même que la pensée ne se forme, une émotion arrive – agréable ou non. On peut avoir mal au ventre, ressentir une joie spontanée, une vibration immédiate. L’intuition est toujours accompagnée d’une émotion. S’il n’y a pas cette réaction viscérale, alors c’est le mental qui prend le relais et commence à fabriquer un scénario.
L’autre signe, c’est la mémoire. Une intuition laisse une trace : on se rappelle très précisément du moment où elle est apparue, presque comme une petite scène que l’on pourrait rejouer. Cette mémoire sensorielle est la preuve qu’il s’agissait bien d’une intuition et qu’elle mérite d’être suivie.