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L’empire : c’est quoi cette enquête journalistique qui fait trembler le monde du rap ?

04 novembre 2025
Par Sarah Dupont
“L'empire”, chez Flammarion, en librairie depuis le 29 octobre.
“L'empire”, chez Flammarion, en librairie depuis le 29 octobre. ©Flammarion

Un livre publié le 29 octobre plonge dans les coulisses du rap français, aujourd’hui force dominante de l’industrie musicale. Fortunes, stratégies d’influence, liens sulfureux avec le banditisme : L’empire révèle l’envers d’un milieu qui façonne la culture populaire.

N’en déplaise aux fans, l’ascension du rap français a déjà fait couler beaucoup d’encre. Ce 29 octobre, une nouvelle publication est venue provoquer de nouveaux remous dans le segment le plus puissant de l’industrie musicale de l’Hexagone.

Publié chez Flammarion, L’empire, enquête au cœur du rap français, signé par Joan Tilouine, Simon Piel et Paul Deutschmann, résume en 350 pages deux ans d’investigation et plus de 200 entretiens. Les auteurs y cartographient un business qui règne désormais sur la musique française. Leur ambition : « Raconter la puissance et le pouvoir de ce système. »

Quand le rap devient industrie

Ce livre journalistique tente d’expliquer comment ce genre, longtemps marginalisé, est devenu en quelques années un pilier économique et comment il a basculé dans une logique industrielle structurée autour des labels, du streaming et d’avances désormais chiffrées en millions. « Aujourd’hui, le rapport de force est contraire. Le rap est leader et les gros rappeurs empochent des millions en tordant sans pitié le bras de l’industrie », résume un producteur cité par Libération.

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Cette puissance attire aussi les convoitises. Selon Joan Tilouine sur France Inter, « il y a des liens sulfureux entre certains entourages de rappeurs et des figures du grand banditisme », facilités par « le laissez-faire des majors […] qui versent des millions d’euros à des sociétés liées à des grandes figures de la grande criminalité ». Les auteurs décrivent des montages financiers sophistiqués et des coproducteurs imposés dans les contrats.

Quand le crime s’invite dans le business

Plusieurs exemples sont cités explicitement. À Marseille, l’équipe de SCH a été ciblée en 2024 par un commando lourdement armé, causant la mort d’un proche du rappeur. À Sevran, Maes est soupçonné d’avoir commandité des assassinats par des tueurs à gages, comme le révèlent le livre et les informations confirmées par France Inter ; il est aujourd’hui détenu au Maroc.

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L’ouvrage évoque aussi l’activisme de groupes criminels, comme la DZ Mafia ou la Black Manjak Family, qui cherchent à capter une partie des avances et des revenus ou à s’imposer dans les deals. Dans ce contexte, le livre décrit un univers où « tu acceptes, tu payes. Tu n’acceptes pas, tu le payes » (selon le témoignage rapporté par Libération).

Dubaï, nouvelle capitale officieuse

L’enquête ne se limite pas à l’Hexagone. Dubaï apparaît comme un carrefour où rappeurs, intermédiaires financiers et figures du narcotrafic se croisent. Le Monde évoque ainsi une « filiale offshore » du rap français dans l’émirat. Des artistes comme Werenoi, Gims, Lacrim, Booba ou Maes y séjournent régulièrement.

Le livre souligne enfin que ces trajectoires ne concernent pas toute la scène, mais elles révèlent les zones grises d’un univers où l’argent circule vite, où la sécurité se négocie et où le succès s’accompagne parfois d’une « boule au ventre ».

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